dimanche 3 avril 2016

Dijon, Bordeaux, Poitiers, Saillans (Drôme), Cabasse, Milan, Paris, Aisey-sur-Seine

À ces noms de villes jusqu'alors tout à fait abstraits s'ajoutent aujourd'hui des souvenirs un peu pêle-mêle de la tournée du GGRIL et de mon arrêt en campagne française avant le retour à Berlin. Quelques images et impressions avant de tout oublier.

18 mars 2016 : Paris, Église St-Merri


Photo : Marc-Antoine Mackin-Guay



Test de son à Paris.
Vidéo et montage : Gabriel Rochette-Bériau

On attend, on attend toujours après quelqu'un!
Faut bien faire des niaiseries. Photo : Élisabeth Lima

19 mars 2016 : St-Germain-d'Ectot, Le DOC


Photo : ?
Photo : Thierry Giard

Extrait du bout chaotique du concert. Vidéo : Le DOC

Le lendemain du concert de St-Germain-d'Ectot, nous sommes le 20 mars et certains vont à la rencontre de musiciens locaux pour un atelier. D'autres se rendent sur le bord de l'eau au site du débarquement en Normandie. Quant à moi, je reste dans la petite maison où on est hébergés tous les 16. J'écoute des enregistrements des pratiques de Thuya, mon trio à cordes de Berlin, voir ce que je peux en tirer pour ma pratique personnelle.

21 mars 2016 : Lille, La Malterie



Vidéo de 30 minutes : Martin Granger

Le lendemain du concert à La Malterie de Lille, nous sommes le 22 mars et certains vont se promener au centre-ville de Lille. Je reste à notre hébergement, un petit appartement dans un quartier un peu moche, et je fais la lessive. Plus tard, alors que d'autres vont à un concert, je préfère essayer le métro et aller prendre une bière en solo à Le Privilège, voir le Vice Versa et le Les Bains. Je rentre à pied en passant par le centre-ville. Nous sommes vraiment logés dans le Val-Bélair de Lille!
On garde la forme au truck stop!

24 mars 2016 : Dijon, Le Consortium


Nous arrivons à Dijon le 23 mars après une bonne route. Nous y sommes hébergés dans des résidences universitaires.  Enfin, deux nuits tout seul dans ma chambre! J'aime beaucoup l'ambiance des résidences universitaires, de ces murs qui ont vécu l'anxiété de générations d'étudiants concentrés. Je mange à la cafétéria de l'université et profite de la tranquillité de ma chambre tandis que d'autres vont au restaurant au centre-ville. Le concert du lendemain est celui dont je ramène le moins bon souvenir. L'orchestre était amplifié, l'acoustique de la salle plutôt ordinaire et, surtout, la chimie n'y était pas. Du moins, c'est mon point de vue.

N'est-ce pas là, à quelque part, le risque et la « beauté » de la musique improvisée? Ça se peut que la colle ne pogne pas. C'est un miracle que ça marche, et c'est là dessus qu'on travaille.

Photo : Elisabeth Lima

26 mars 2016 : Bordeaux, Halle des Chartrons


La route est longue entre Dijon et Bordeaux et je nous admire, nous 16 personnes entassées dans deux camions, de rester agréables entre nous. Belle équipe! Sur la route, je joue souvent le rôle de copilote et j'aime bien ça.

L'arrivée à Bordeaux le 25 mars est éprouvante. Nous sommes fatigués, le camion ne passe pas dans les petites routes du centre-ville et nous arrivons pendant la projection d'un film expérimental plutôt indigeste pour notre état d'esprit : un rectangle de couleur sur lequel est projeté un autre rectangle de couleur, le tout changeant à la vitesse du stroboscope pendant un peu plus de 30 minutes. On a faim, très faim, et il faut attendre encore la fin d'un concert d'une heure et plus pour avoir de quoi se sustenter. C'est alors qu'arrive la paella dont on me dit beaucoup de bien, tandis que j'ai droit à une copieuse assiette de fromages succulents, salade et bouts de pain. Pas moyen d'aller se reposer pour l'instant, nous sommes hébergés « chez l'habitant » et nos hôtes jouent dans le concert.

Vue de la fenêtre du grand salon-cuisine chez le musicien où je suis hébergé.
La Place St-Pierre, son église et la faune locale et touristique
nous réservent au réveil un véritable matin d'été ensoleillé.
Nous avons très bien joué le 26 mars à Bordeaux, finissant le concert avec l'excellent Ensemble UN  (prononcer « Ensemble EN », à la française, bien sûr). J'ai discuté un tout petit peu avec la violoncelliste du UN, elle est très cool.

Photo : Einstein on the Beach
Photo : Einstein on the Beach

27 mars 2016 : Poitiers, Salle Galilée de l'Espace Mendès


Chaque membre du GGRIL a eu son moment d'impatience, a montré un aspect de soi un peu moins agréable au cours de la tournée. Le 27 mars, c'était à mon tour. C'est la journée que j'ai trouvée la plus éprouvante. Après nous être couchés relativement tard après le concert la veille à Bordeaux, nous voilà sur la route vers la petite ville de Poitiers. Encore une fois, on arrive exténués et affamés, mais il n'y a rien à manger, tout est fermé en ce dimanche de Pâques.

Aussitôt arrivés dans la salle, il faut se secouer, s'installer, faire le test de son. Attendre encore une fois que tout le monde soit enfin prêt à jouer est pour moi un irritant que j'ai de la misère à laisser passer ce jour-là. Après le test de son, plusieurs dorment par terre dans la salle voisine, nous avons quelques madeleines à manger et du café, moi je pars marcher en ville. Respirons, eau pétillante et air frais.

Contre toute attente, ce soir là nous jouons l'un de nos meilleurs concerts de la tournée.

Il faudra attendre très tard après le concert pour enfin manger. On nous amène dans un sous-sol humide et froid, où je tente plus ou moins en vain de m'endormir sur le divan au milieu du brouhaha. Je suis logé avec quelques autres chez l'organisatrice et nous devons attendre que tout le monde quitte avant d'aller se coucher. Ma patience est mise à rude épreuve, après cette journée de disette et d'attentes de toutes sortes.

28 mars 2016 : Saillans, Salle des fêtes


Je repars avec une drôle d'impression de Saillans. En arrivant au village, j'ai vu des gens dans la rue qui m'ont rappelé ce que je n'aimais pas de Rimouski, des hipsters de région, des « urbains » déménagés en campagne pour être graphistes dans leur sous-sol ou fermiers bios pour la photo. À mesure que les preuves que j'ai tort s'accumulent, mon impression initiale, elle, ne part pas.

Moi qui fait une photo niaiseuse à Saillans
Nous avons eu droit à une soupe des plus délicieuses en attendant que le concert soit terminé et qu'un bon souper remplace la bouffe de dépanneur glanée en chemin. Le duo GAR[2]BOU DONT 1 S'ASSIED (Sébastien Bouhana : percussions, Lionel Garcin : saxophones) a joué au début de la soirée et m'a particulièrement impressionné.

On se les gèle pendant le test de son! Photo : BZA
Tout le monde du village et des alentours y était, semble-t-il. Photo : BZA
Je n'ai pas très bien joué à Saillans. J'ai eu un bon moment d'auto-critique, c'est sain. Le public était difficile à lire aussi, quelques bons commentaires honnêtes mais beaucoup de silence.


29 mars 2016 : Cabasse, CeCCN


C'est à Cabasse que je me rends compte que je suis plutôt rat des villes que rat des champs. Nous sommes dans un endroit magnifique, au sommet d'une petite montagne, entourés d'oliviers... mais j'ai besoin d'aller au dépanneur. Pas de chance! Nous mangeons un taboulé délicieux au soleil.

Nous assistons plus tard à un duo magnifique du danseur Michel Abdeslam Raji et du saxophoniste Michel Doneda. À couper le souffle.

Photo : ?
Ça prenait bien le décor enchanteur de Cabasse
pour nous rassembler tous les 16 ailleurs que sur scène. Photo : ?
Avec le seul et unique Barre Phillips, avec qui j'ai discuté un moment après le concert. Photo : ?

30 mars 2016 : Milan, MACAO


On attend, on attend encore. On gèle!
La place est super mais on n'est pas sûr. Photo : Élisabeth Lima
Le dernier concert de la tournée est à Milan. On fait plusieurs heures de route, on manque de sommeil, mon unique chandail chaud commence à puer pas mal. Ça fume en dedans et il y a des asthmatiques dans le groupe pour qui il sera impossible de jouer si ça continue. Il y a un imbroglio pour l'hébergement. On apprend que le concert est annoncé à 22 h et qu'on jouera en deuxième partie, on perd donc notre plus fatigué du groupe qui va se coucher. On nous promet de la pizza pour 20 h 30 mais elle n'arrive qu'à 22 h 30. Enfin, nous sommes dans un lieu occupé par un groupe d'artistes et de bénévoles et, après avoir eu bien des doutes sur l'organisation de la chose, tout finit par rentrer dans l'ordre. Ah, ces anarchistes!

Le concert est l'un de nos meilleurs. Du feu! La foule nous demande même un rappel. On se couche très tard, bien malgré nous.

Au final, je n'aurai vu de Milan que le backstage de la salle où on jouait. Exit les cathédrales et magasins de bijoux, je leur préfère la paix du calorifère.

31 mars 2016 : la route Milan-Paris

Je fais la montagne à une station service dans les Alpes.
Photo : Robin Servant
En arrivant à Paris, on se perd un peu, on vironne dans le traffic, on arrive tard à l'hôtel et on doit tout de suite courir au dernier restaurant ouvert. La soirée se termine avec presque tout le monde réunis dans une chambre d'hôtel, s'échangeant les souvenirs frais d'une expérience commune inoubliable.

1er avril 2016 : visite à Paris


Je passe la journée à arpenter Paris avec Dorothée. On va, entre autres, au Musée Carnavalais où je vois avec émotion la reconstitution de la chambre de Proust.

La chambre de Proust au Musée Carnavalais.
Photo trouvée ici.
Je trouve deux vinyles de Autechre usagés chez un disquaire! J'ai hâte de les ajouter à ma collection à mon retour au Québec. Je mange un Paris Brest.

2 au 5 avril : Aisey-sur-Seine


Me voici donc à la campagne française, à Aisey-sur-Seine (population : 185 habitants en 2013 selon wikipédia). Les lumières de la ville se ferment à 22 h 30, les bâtiments sont faits de pierres centenaires, nous sommes allés nager à la piscine municipale du village voisin aujourd'hui et on écoute mes nouveaux vinyles.

Bonjour cheval!
Une caille!
La maison à côté
Un coq traverse la rue
La poule qui pose
Ça cogne à la porte!
Ils auraient bien pu entrer.
Quel paysage!