jeudi 24 novembre 2016

De retour au Québec, à Québec

Près de trois mois se sont écoulés depuis mon retour de Berlin.

Je pense écrire un blog de retour depuis quelques temps et c'est aujourd'hui que ça se passe.
[mise-à-jour : J'ai pris plusieurs jours à l'écrire.]

Hier soir et au courant de la semaine dernière, j'ai ressenti mes plus grands moments de nostalgie de Berlin depuis mon retour. Je ne suis pas certain de bien comprendre pourquoi, pourquoi maintenant, mais suite à l'écriture de ceci, j'ai ma petite idée.
[mise-à-jour : Je le savais déjà avant d'écrire, c'était de la rhétorique.]

Promo pour les concerts tôt dans la vitrine
pour les 10 ans de la Librairie Laforce le 16 novembre 2016.
Les concerts solo ont eu lieu de 11 h à 13 h puis de 15 h à 16 h.
Fashion style, on a pris cette photo et la précédente le 7 novembre 2016.
J'ai joué à Stoneham avec des Rimouskois le 1er octobre 2016


La journée du retour


Le 2 septembre 2016 vers 2 h du matin, heure de Berlin, je suis parti de l'appartement de Wouter où je logeais depuis un mois. Alex a été vraiment gentil de m'accompagner à l'aéroport et subir avec moi une partie de l'attente interminable avant mon vol tout aussi interminable Berlin-Istanbul-Montréal.

Il n'y a eu aucune anicroche, mes bagages ont été enregistrés et j'ai fini par m'envoler.
Je ne me rappelle plus si j'avais le coeur gros.

Maintenant, en pensant à ce moment à l'aéroport, j'ai le coeur gros.

La texture des coussins des chaises de la salle d'attente, les gens autour, les écritures en allemand partout pour une dernière fois, l'homme qui écoutait sa musique trop fort dans ses écouteurs rouges, le jour gris qui se levait au loin. Il y a des moments comme ça, précis.

J'ai fait escale quelques heures en Turquie comme prévu, puis je suis reparti pour 10 h de vol vers Montréal. Tout s'est bien passé. C'est un bon test de patience, 10 h de vol. On se sait plus trop quoi faire, les films sont mauvais, impossible de lire, on trouve les gens désagréables. J'ai trouvé mon salut quand je me suis rendu compte que je pouvais me tenir debout près de la cuisine pendant un moment.

On m'a accueilli à l'aéroport de Montréal, après l'attente interminable aux douanes, après les 10 h de vol, et c'était le moment de refaire un bon vieux Montréal-Québec en auto. On a fait ça dans un petit camion loué, avec à peu près tout ce que je possède dedans en plus du piano électronique que j'emprunte à une amie.

J'ai ouvert la porte de mon appartement pour la première fois ce soir là. C'était le 2 septembre 2016 à 23 h, heure de Québec. Des amis m'attendaient, on a rentré mes quelques boîtes et j'ai pris connaissance des lieux quand tous sont partis. J'ai défait mes boîtes sur le champ jusqu'à tard dans la nuit.

Vue de mon toit, le 4 septembre 2016 en pleine gay pride de Québec
Devant l'Ostradamus, le 13 septembre 2016

Préparation mentale


Je me rappelle avoir prévu le moment où j'emménagerais dans cet appartement que je n'avais jamais vu à Québec. J'avais décrit ce moment à des amis. Je m'imaginais seul au milieu de la pièce vide, assis par terre en train de pleurer et de me dire « qu'est-ce que je fais ici? » Ce n'est pas exactement ce qui s'est passé, mais c'est drôle que cette image à laquelle j'ai tant pensé subsiste, dans toute la précision des lieux que j'imaginais, non altérée par la connaissance que j'ai maintenant de mon appartement.

Je m'étais également préparé au choc du retour. Le retour au travail. Le retour aux paysages connus. Le froid. Les gens. La culture-qui-manque-tellement en comparaison à Berlin. Je n'avais pas tort de me préparer, ça aide, mais il reste quand même une différence entre la visualisation et la réalité.

La première neige sur Québec, le 26 octobre 2016
Enfin, une partie de ma préparation avait été de me donner plusieurs projets. J'en parle plus bas pour l'album et la tournée.

Le mois suivant le retour


Habiter seul, ça veut dire qu'il faut magasiner pour meubler.

80$ - J'ai dormi sur un petit matelas d'à peine quelques centimètre d'épaisseur pendant un bon deux semaines, le temps de me trouver quelque chose de décent sur kijiji. Pendant que je réalisais à quel point un matelas neuf coûte cher (je n'aurais jamais pensé que c'était autant), je me rappelais des trois matelas que j'ai donnés en quittant Rimouski, dont un matelas double exactement comme celui que je cherchais maintenant. J'ai finalement trouvé un matelas usagé presque neuf en banlieue de Québec, 80$ pour le matelas, le sommier, la base en métal et même une couette. J'ai été chercher ça avec un service de petit déménagement trouvé sur kijiji un dimanche soir, le 11 septembre 2016, lendemain du lancement à Montréal de mon flexi disque Angenehmer Duft sur Kohlenstoff Records.

125$ - J'ai failli me mettre à la crusine alors que j'ai cherché une cuisinière usagée avec livraison incluse pendant plusieurs jours. J'ai fini par trouver la chose idéale, livrée par un énorme monsieur qui l'a montée seul dans les escaliers et l'a installée, testant les ronds avec ses énormes mains, suant à grosses goûtes sur la surface blanc cassé.

Ma cuisinière et moi, le jeudi 8 septembre à 10:09
40$ - J'ai cherché des draps pendant beaucoup trop longtemps. J'ai fait le Simons', les Escomptes Lecompte, un paquet de magasins sur la rue Saint-Jean, le Village des valeurs de Beauport, le Village des valeurs de Sainte-Foy, le Dormez-vous?, le Hart, l'Aubainerie, etc. Difficile de s'imaginer dormir dans les motifs proposés en magasin. Des draps verts? Noirs? Petit carotté moutarde? Bof. Et puis je m'étais mis dans la tête que ça me prenait du 100% coton bio. J'ai fini par m'arrêter sur un set de draps blancs 100% coton bio du... Winners, le 11 octobre 2016.

Cadeau - J'avais spotté, au Ikea de Berlin, un grand tapis. Je l'ai eu en cadeau ici, j'en suis très très content. Il est beaucoup plus grand que je pensais (6 pieds par 9 pieds, c'est du tapis), mais je lui ai trouvé la place parfaite dans ma chambre. Je paye le prix d'avoir voulu un tapis blanc et noir, aussitôt qu'on marche dessus il ramasse tout. Il faut le brosser, en attendant de me procurer le « sweeper » du Walmart. Une chose à la fois.

125$ - Une de mes priorités ici, c'est de pouvoir accueillir mes amis de passage, et donc d'avoir un bon « divan-lit ». Après à peu près un mois de recherches quotidiennes, je suis tombé sur un beau futon avec une base en bois qui se déplie (de façon assez surprenante d'ailleurs) pour devenir un lit double. Le gars qui le vendait est venu me chercher un mercredi soir à la chorale, le 5 octobre 2016, le futon en arrière de sa mini-van, et on a monté ça ensemble dans mon salon. Je trouve le matelas un peu laid alors je l'ai recouvert d'un sac de couchage en attendant la prochaine solution.

50$ - La lumière principale de mon appartement était vraiment laide. La meilleure description que je pourrais en donner c'est « bistro de Paris du Walmart ». Pour la remplacer, je me suis trouvé un superbe lustre de contrefaçon imitation cristal et or sur kijiji. Plus beau que tout ce que j'avais vu avant. Il est par terre depuis maintenant plusieurs semaines, depuis le 1er novembre 2016. Demain, mon oncle vient me le poser, enfin!
[mise-à-jour : « Demain » est aujourd'hui « Il y a 4 jours ».]

Le fameux lustre, photographié ici avec flash,
le plafond est supposé être blanc.

200$ - Je marche beaucoup à Québec et j'aime beaucoup ça, plus que je pensais. L'École de danse est située à 1,2 km de chez-moi, alors c'est minimum 2,4 km de marche tous les jours, quand ce n'est pas le double. J'ai besoin de bonnes chaussures qui supportent la cheville et qui ne glisseront pas trop quand le sol sera glacé dans quelques jours pour les prochains mois. Je ne suis plus trop où j'en sais dans mon magasinage de bottes. Je ne pourrai pas passer l'hiver avec mes espadrilles ici, il me reste à me convaincre de mettre 200$ sur quelque chose que dont je n'aime pas le look mais qui sera bon pour moi.
[mise-à-jour : J'ai eu un cadeau de Noël en avance, je marche en Columbia.]

Ces jours-ci (et flashbacks)

Il y a eu d'autres dépenses à faire au cours du premier mois à Québec, mais tout ça me semble soudainement bien futile. J'abhorre le mode de vie dans lequel les gens se réalisent par ce qu'ils dépensent, justifient leurs existences par les possessions et le magasinage. Ça sonne prétentieux dit comme ça. Je ne suis pas mieux qu'un autre, mes premières semaines à Québec ont été guidées principalement par la recherche -- nécessaire, ok -- de biens matériels. Ç'a occupé mon esprit et c'est par cette méthode que j'ai aplani, sans trop y penser, la charge émotive de la transition Berlin-Québec. Je pense qu'il y a des gens qui aplanissent tout, tout le temps, comme ça. Maintenant que l'étape de l'installation est passée pour moi, retour en soi-même, fin du magasinage anodin.

Flashback Montréal 2003-2011 : les études en à temps plein, les journées de 7 h à 23 h plongé dans les travaux et les livres, le bacc. en math au travers de ça, les étés passés à travailler (concierge, téléphoniste, sondeur d'opinion, coordonnateur marketing, moniteur de camp rock).
Flashback Rimouski 2011-2015 : la recherche de travail puis le travail à temps plus-que-plein, la correction les fins de semaines et pendant les congés des Fêtes, l'implication bénévole jusqu'à se perdre soi-même, 500$ par mois de prêts étudiants à rembourser, quatre colocs, voisin du bar de danseuses avec vue 360° sur des espaces de parking.
Flashback Berlin 2015-2016 : rien à l'agenda, je ne connais personne et personne ne me connaît, se laisser porter par la spontanéité de chaque jour, les concerts à profusion, les arbres, les rencontres enrichissantes chaque semaine, les projets, les amitiés véritables qui naissent, le départ après 12 mois.

À Québec, j'ai l'impression de commencer, à nouveau, à apprivoiser la vie que je me suis offerte l'an passé à Berlin. J'ai rêvé pendant des années, il me semble -- pendant mes études, après mes études -- de la journée où j'aurais une heure de libre, à moi, pour ne rien faire. À Berlin, j'ai soudainement, finalement, eu toutes les heures de toutes les journées libres pour moi. J'ai décrit dans ces pages comment je les ai remplies, comment je me suis laissé porter par l'improvisation, autant comme pratique artistique que comme mode de vie. On dirait que ça ne fonctionne pas aussi bien à Québec, pourquoi?

C'est comme si, à Berlin, mon seul objectif était d'être à Berlin, et je le remplissais chaque jour en me réveillant. Ou, parfois, en ne me réveillant pas. À Québec, on dirait qu'être à Québec ne me suffit pas, comme si ça ne pouvait pas être un objectif puisque je viens d'ici. Pourquoi avoir autant besoin d'un objectif du quotidien?

Je travaille environ 13 heures par semaine de puis mon arrivée, et ça va en diminuant jusqu'à cesser complètement à la mi-décembre. Je recommence ensuite à la mi-janvier. J'ai commencé à donner du tutorat en math, c'est super, je ne pensais pas aimer ça autant que ça. Mon loyer n'est pas très cher et je ne dépense pas beaucoup, alors ça va, ça fonctionne. Je voulais du temps, je voulais de l'espace mental et, avec l'aide que quelques personnes, j'ai réussi à me donner ça. Quand on a du temps, on pense.

L'autre fois, je marchais sur la rue Saint-Jean et je me disais que mon mode de vie était une « posture radicale ». J'ai trouvé ça bien drôle d'y penser en ces termes, mais ç'a ceci de vrai que peu de gens choisissent de se donner un horaire comme ça. Peu de gens savent qu'il faut apprivoiser son dialogue intérieur quand on a le temps de l'écouter autant, quand on a plus de temps hors du bureau ou des études que l'inverse. Plusieurs pensent peut-être à tout lâcher, peu sont en position de le faire, par choix (les « responsabilités ») ou par condition sociale aussi. Et quand on le fait, on se rend compte qu'il y a là un autre défi, inattendu peut-être, mais qui vaut certainement la peine d'être vécu.

Aujourd'hui : dérive #1


J'ai essayé aujourd'hui de mettre en pratique la Théorie de la dérive de Guy Debord.
Je tente de décrire mon expérience dans les termes souhaités.

Je suis parti vers 14 h 30 de L'École de danse à la Bibliothèque Gabrielle-Roy, où j'avais donné un rendez-vous incertain, pour me rendre au Parc de la Côte Sauvageau où j'avais donné un autre rendez-vous incertain. Les rendez-vous ne se sont pas concrétisés.
J'écoutais les concertos brandebourgeois de Bach, je ne sais pas si c'est permis par Debord.
Vers 15 h 20, je pense, j'ai suivi mon regard qui cherchait le soleil et suis descendu rue de Mazenod.
Rendu au coin Arago Ouest, j'ai été attiré par des façades comme dorées, de vieux blocs appartements dont l'étage était frappé par le soleil descendant. J'ai tourné vers cet appel à gauche.
À mesure que j'avançais, la lueur semblait s'éloigner, courir sur les fils électriques et soudainement l'atmosphère m'a semblé oppressante, comme ça arrive parfois dans Saint-Sauveur.
J'ai quand même poursuivi mon chemin sur Arago Ouest, la falaise à ma gauche et le bourdonnement de Charest Ouest (que je ressentais plus que je ne le voyais) plus loin à ma droite.
J'ai vu un clocher d'église au niveau du sol au coin de la rue Saint-Sauveur et la rue Franklin. J'ai longé, sur Franklin, le site où, pendant des générations peut-être, une église avait réuni ses paroissiens au coeur du quartier ouvrier. Aujourd'hui, quelques vieilles pierres ayant soutenu l'église restaient, non loin du petit clocher debout par terre, anachronique, triste et ridicule devant les réclames CONDO et les matériaux de construction neufs prêt à effacer tout le passé. J'ai pensé aux personnes âgées autour, qui ont grandi autour de l'église et qui jouxtent maintenant un chantier de condo moderne. J'ai senti leur attachement brisé.
Poursuivant sur Franklin, j'ai eu envie de monter la Pente-Douce au loin. J'y ai longé une exposition d'art sur le muret protégeant de la falaise.
À plusieurs reprises j'ai eu envie de traverser la Pente-Douce pour avoir une vision d'ensemble des oeuvres de l'exposition, mais il y avait trop d'autos, pas de feux de circulation. Peut-être qu'ayant traversé la rue à ce moment, j'aurais eu envie de continuer à descendre vers les derniers rayons de soleil sur le secteur industriel du quartier Saint-Sacrement.
Après plusieurs minutes de Pente-Douce, alors que le Poulet Benny approchait dangereusement, un escalier s'est ouvert sur ma gauche. J'étais content de la sortie offerte, l'ambiance sur la Pente-Douce n'était pas la meilleure.
En haut de l'escalier je me suis retrouvé au Parc des Braves. Je ne m'y attendais pas du tout et je me suis concentré sur l'impression que le Parc me donnait.
En remontant le Parc des Braves, je me suis rappelé y avoir été souvent avec le camp de jour quand j'avais 10-11 ans. La torture de devoir jouer une partie de « drapeau » au Parc des Braves. Le terrain me paraît beaucoup plus petit maintenant. Je me suis rappelé les courses qu'il fallait faire sur le terrain pour voler le foutu drapeau sans se faire prendre son foulard ou je ne sais plus quoi. Je me suis senti bien au Parc des Braves malgré tout, revivant un peu de tout ça, content que ça soit fini.
J'ai ensuite continué à monter : avenue des Braves. J'ai regardé mon téléphone pour la première fois : 16 h.
J'ai été vraiment surpris de passer l'église où j'ai mes pratiques de chorale. J'en avais une le soir même, je ne pensais pas être si loin de chez-moi. À partir de ce moment, j'ai su que j'en avais au moins pour une demie-heure avant de rentrer.
J'ai tout de même poursuivi ma marche, toujours attiré par le vide en haut de la côte, pas mal certain que c'était les Plaines d'Abraham (j'avais tord d'à peu près un km).
Un peu plus haut, je me suis rendu compte que j'avais froid et que je voulais rentrer. J'ai rebroussé chemin pour prendre René-Levesque.
J'ai vu une grosse plante d'intérieur sur le trottoir.
Je me suis arrêté là pour la regarder. Il y avait un papier À DONNER.
Je suis resté un bon moment à observer la situation, à observer mes idées se placer.
La plante était trop grosse pour être transportée en marchant, je suis allé au centre communautaire à côté et j'ai appelé un taxi.
Ma dérive s'est terminée chez moi vers 17 h 30.

Ce n'est pas ce qu'il y a de plus important,
mais en terme de « tangible » versus « intangible »,
celle là est dure à battre
J'ai une nouvelle plante, mais ce n'est pas ce que je retiens de positif de cette expérience (« Puis, la dérive? Ah! Je me suis fait une plante. » Non non). J'ai apprécié porter mon attention sur ce que les environnements que je passe me font ressentir. C'est la première fois que je faisais ça de façon aussi délibérée. J'imagine -- et je peux me rappeler avoir pensé à ça, en d'autres termes, dans des environnements particuliers -- que ce qui nous entoure a toujours un impact sur nous.
Pour l'instant, c'est tout, ça ne va pas plus loin. J'avais une humeur vraiment neutre au retour. Je crois que c'est bon. J'ai l'impression que je vais repenser à ma dérive #1 souvent au cours des prochains jours. C'est une impression.

Lectures


J'ai remis la lecture dans mes activités depuis Berlin.

Quelques livres lus depuis mon retour à Québec, pas tous bons pas tous mauvais, des romans, des essais, des niaiseries. J'avoue que Marguerite Duras, dans le roman et le recueil d'articles de journaux, c'est pas si mal. J'ai bien fait de lui redonner une chance.

Richard Ford, Let me be Frank with you
Marguerite Duras, Moderato Cantabile
Marguerite Duras, Outside
Desroches, Stévance, Lacasse, Quand la musique prend corps

Extraits :
Aldwell, Schachter, Harmony & Voice Leading
Bartle, Scherbert, Introduction to Real Analysis
Gill Halle, Le grand livre du feng shui

En cours : 
Antoine Pétard, L'improvisation musicale : enjeux et contrainte sociale
Frankfurter Verlagsanstalt, Von Katzen und Menschen


Je lis parfois au café.

Tournée solo entre la mi-décembre 2016 et la mi-janvier 2017


Déçu de ne pas avoir obtenu le financement pour une tournée solo pan-canadienne -- demande sur laquelle j'avais travaillé tellement fort -- j'ai laissé pas mal d'eau couler sous les ponts avant de me remettre à la planification. Je fais donc une tournée plus modeste, à mes frais, et ça augure très bien au niveau de la musique, des lieux et des gens.

J'ai reçu ce soir les copies de mon CD D'éclisses sur Ambiances Magnétiques. J'ai très hâte de le montrer, j'espère évidemment que plusieurs l'écouteront, attentivement, et « pogneront dequoi ». C'est ce que je souhaite le plus, que les gens se laissent toucher par la musique qu'il y a là dessus, qu'ils prennent le temps de l'écouter vraiment.

18 déc --- OTTAWA --- House of Common
Improvising Musicians of Ottawa/Outaouais presents : Rémy Bélanger de Beauport solo + …

21 déc --- TORONTO --- Tranzac
Sextet Rémy Bélanger de Beauport / Allison Cameron / Germaine Liu / Stephen Parkinson / Nicole Rampersaud / Mark Zurawinski + …

22 déc --- TORONTO --- Array Music Studios
Rémy Bélanger de Beauport solo + Quintet Normand Babin (piano) / Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) / Germaine Liu (Perc) / Mickel Lynn (bass) / Nilan Perera (guit)

26 déc --- QUÉBEC --- Librairie Saint-Jean-Baptiste
Rémy Bélanger de Beauport solo + Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) / Alex Pelchat (guit)

27 déc --- QUÉBEC --- Le Knock-Out
Rémy Bélanger de Beauport « in-store » solo

29 déc --- MONTRÉAL --- Casa del Popolo
Suoni Per Il Popolo présente : Rémy Bélanger de Beauport solo + Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) / Alain Lefebvre (électroniques) / Elisabeth Lima (clarinette)

03 jan --- HALIFAX --- 1313 Hollis Street
SuddenlyLISTEN presents : Rémy Bélanger de Beauport solo + Quartet Norm Adams (violoncelle) / Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) / Nick Dourado / Lukas Pearse (bass)

04 jan --- MONCTON --- Le Plan b Lounge
Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle) / Robin Servant (accordéon)

10 jan --- RIMOUSKI --- Bibliothèque Lisette Morin
Rémy Bélanger de Beauport soliste + Le GGRIL concerto













Et puis, je fréquente quelqu'un, une « fréquentation sérieuse ».


mardi 23 août 2016

Le décompte est plus que parti


Ces jours-ci, j'accumule les « dernières fois » et je boucle la boucle sur mon album solo et ce qui me reste de temps à Berlin.

Quelques dernières fois


Je complète ma dernière semaine de travail au « DarkZone », le cinéma porno où je travaille depuis le mois de janvier. Je travaille cette semaine lundi 22 août, mercredi 24 août, vendredi 26 août, puis c'est fini.

L'autre fois j'ai cassé une bouteille de Coca Cola au travail!

Le beau temps revient à Berlin après une semaine ou deux de temps plus froid et je crois bien aller une dernière fois à la plage Wannsee ce jeudi 25 août. Si tout va bien, mon ami le pianiste A. viendra avec moi. Voici un de mes regrets de l'année, ne pas avoir pris/eu le temps d'enregistrer quelque chose avec A.; nos parcours musicaux et ce que ça donne lorsqu'on joue en duo est, en toute humilité, vraiment malade.

J'ai été une dernière fois au party « Hot Topic » à SchwuZ. Cette soirée revient une fois par mois et est politique : tous les profits sont versés à un organisme communautaire LGBTQ, qui change à chaque fois. À Hot Topic, on peut danser sur la musique de Nine Inch Nails, Type O Negative, Marilyn Manson, Muse, etc. autrement dit, du rock de grosse guitare électrique, chose extrêmement rare dans le milieu gai.

J'ai été une dernière fois à la soirée du mercredi bimensuelle au Boiler, une soirée où je me suis fait plusieurs amis et amies revus souvent par la suite : Michael Werkmeister, Flatter Lenzia, Brigitte Oytoy, Maximilian Zwingel, Marco Bartsch.

J'ai été au IKEA pour le fun avec mon ami Michael.
Il nous a conduit là dans une grosse BMW louée spontanément
avec l'app DriveNow. C'est ça le progrès!
J'ai été une dernière fois au « Schlagernackt-Party » à SchwuZ, une soirée qui revient à tous les deux mois et où tout le monde est à poil et danse sur de la musique rétro. C'est une sacrée leçon d'anatomie humaine que de voir tous ces corps, majoritairement des hommes un peu plus vieux, majoritairement des corps très imparfaits qu'on ne voit jamais nulle part mais qui, finalement, sont partout, sous les vêtements, bien plus que les corps de modèles. Au « Schlagernackt-Party », personne ne juge et personne ne se sent jugé. C'est drôle d'y rencontrer des gens et de découvrir, à la fin de la soirée, de quoi ils ont l'air... habillés. C'est là que j'ai connu certains amis : Achim Ackerson, Manuel Anglet et l'hilarante Peach. Note au passage, même à poil, avec tout ce qu'on voit du corps de l'autre, même en allemand ou en anglais, on s'habitue très rapidement à se rappeler des pronoms utilisés par les gens qu'on rencontre.

J'ai hésité un peu à partager cette photo, sachant que le niveau d'ouverture
n'est pas pareil partout, même dans mes amis... mais finalement
c'est trop un bon souvenir pour ne pas le mettre ici.
De gauche à droite : le Rémy, le Manuel, la Peach, le Achim, la Brigitte,
nous étions les derniers et dernières à quitter le « Schlagernackt-Party ».
Hier j'ai revu une dernière fois mon ami Rainer Mühlhof. Rainer a vraiment été une rencontre marquante pour moi, on s'est vu à peine quelques fois, mais je sais (enfin, c'est ce que je pense maintenant) que je garderai contact avec lui longtemps. Il a le même âge que moi, vient de compléter un PhD en philosophie après avoir fait sa maîtrise en mathématiques. Il a aussi une formation en musique et est chef de chorale depuis plusieurs années, en plus de s'impliquer dans plusieurs affaires. Il partait ce matin pour ses vacances, il s'en va marcher, with his partner (dont je n'en saurai pas plus), sur le bord de l'eau en Croatie pendant 3 semaines.

J'ai été une dernière fois à la bibliothèque municipale et j'ai retourné les quelques livres que j'y avais emprunté : Stockhausen, Stockhausen, Bach, Reger, Brahms et Exercices pour le violoncelle. J'ai aussi été vendre mes livres à moi. En fait, je devrais dire « donner », puisque la collection valait pas mal plus que les 10€ que j'ai obtenus. Mais bon, je suis content d'avoir encouragé la librairie où j'ai été déposer ça, Pequod Books. Parmi les livres que j'ai abandonnés ce jour là, il y a mon fameux livre de math « Algebra », de Serge Lang, que je traîne depuis Rimouski. J'ai fini par me rendre à l'évidence : c'est trop avancé, je n'y arrive pas, bye, 2-3 kg de moins dans mes bagages. Je me suis aussi départi, non sans un petit pincement, de livres autobiographiques qui m'ont inspiré : Claude Debussy, Patti Smith, Kim Gordon. C'était une belle pile de livres en français, en allemand, en anglais et en bilingue allemand-français. Toujours difficile pour moi de me départir de livres.

J'ai été une dernière fois à la WAVE Akademie für Digitale Medien pour l'enregistrement de mon album solo.

Le cadavre de mon violoncelle après la dernière session d'enregistrement.

J'ai aussi été une avant-dernière fois à ma soirée du vendredi organisée par Olympia Bukkakis (j'y vais presque tous les vendredis depuis octobre 2015!). Cette fois, j'étais sur scène! J'en ai profité pour déterrer un nom d'artiste -- Elissa Methridge -- pensé en 2006 pour mon CD de KL6 39E. Ce vendredi 26 août, après ma dernière journée de travail, j'irai à cette soirée du vendredi pour la dernière fois.

De gauche à droite :
Brittney Smears (Brittany Ween Newell), Elissa Methridge (Rémy Bélanger de Beauport), Silk Worm (Eric Eich)

Mon party d'adieu aura lieu le 27 août (samedi prochain!) à the CLUB. J'ai organisé ça, fidèle à mon style, en mariant mes différents intérêts. C'est donc aussi le party d'adieu de mon amie Justine, c'est la soirée mensuelle du Québec-Stammtisch (table ronde à Berlin de Québecoises, Québecois et autres amoureux du Québec), c'est le lancement de mon album sur Kohlenstoff Records (je vais jouer en solo), c'est le lancement de mon vidéoclip pour mon projet au drums ElvAr X (réalisé par Justine), c'est un concert du Montréalais « Così e Così » et c'est le lendemain du lancement du nouvel album de Céline Dion. On nage entre expérimental, petit public et pop, grand public. Le bar où ça se passe, the CLUB, est tout petit. Espérons que ça sera plein.

Je suis assez fier de mon graphisme pour la soirée d'adieu de Justine et moi.
Description de l'évènement sur facebook : 
Dear friends and aquointances, lovers of Québec, lovers of good music and queers of all types,
Justine (Montréal) and Rémy (Québec) are leaving Berlin and this is our official going-away party.
It's also :
▶ the Berlin concert-release event for Rémy Bélanger de Beauport's flexidisc ANGENEHMER DUFT on Kohlenstoff Records
▶ the première of ElvAr X's music vidéo for "chanson du draveur" (director Justine Durand)
▶ this month's official "Québec-Stammtish à Berlin" event
▶ Montreal-based musician Così e Così's exciting unique concert stop in Berlin
▶▶▶ PROGRAM ☆☆☆
19:00 - Doors open, gather around the one and only "Québec-Stammtisch à Berlin" https://www.facebook.com/groups/400001206728364/
▶ hang out all night
☆ DE : Der Stammtisch richtet sich an alle Quebecer und Quebec-Interessierten. Ein Treffen findet ein Mal im Monat statt.
☆ FR : Une table ronde mensuelle pour tous les Québécois à Berlin et bien-sûr pour tous les autres qui s’intéressent au Québec.
20:30 - Rémy Bélanger de Beauport
▶ solo cello performance
☆ Rémy recorded a short cello solo piece this year in Berlin, Félix-Antoine Morin made a fantastic remix back in Montréal, this got printed on a limited edition flexidisc, available from now!
☆ Album : ANGENEHMER DUFT // Label : Kohlenstoff Records, 2016 // Recording : Nick Schröder // Mastering : Félix-Antoine Morin // Flexidisc design : Louis-Pierre Lennis Charbonneau
21:00 - Première of ElvAr X, chanson du draveur
▶ music video screening
☆ Embark on an 8:31 hypnotizing train wreck of drums, guitars, vocals, archival video, water explosions, dizziness and desire.
☆ ElvAr X : Rémy Bélanger de Beauport (drums/guit/voc/ddelay) // Video Director : Justine Durand (Berlin, 2016) // Recording & Mixing : Robin Servant (Rimouski, 2015-2016)
21:30 - Così e Così "Beyond The Tree Rings" Tour 2016
▶ live performance (experimental, hip hop, atmospheric, faux pas, swag, no life, noise pop)
☆ What a treat it is for Rémy & Justine to offer you this Montréal-based, self-defined multi-disciplinary/musical coup d’état artist. Così e Così is currently on tour in Europe and this is your only chance to see him live in Berlin.
http://cosiecosi.tumblr.com/
http://cosiecosi.bandcamp.com/
http://soundcloud.com/cosiecosi
23:00
▶ stick around to hang out, we will DJ some kitsch and not-so-kitsch Québecois music. Hint : Céline's new release comes out the day before our event.
Thanks to the CLUB for being our host tonight, we had great times in this neighbourhood queer bar, ce n'est qu'un au revoir.

Le 31 août, ce sera mon dernier concert en sol berlinois (pour cette année). Ce sera aussi à the CLUB, cette fois avec mon trio THUYA. C'est le concert-lancement de notre album  « THUYA {Québec-Berlin String Trio} Live @ the CLUB », enregistré bien sûr à the CLUB en mai 2015 et novembre 2016.

Ça n'a pas été facile d'organiser ces deux derniers évènements à the CLUB,
je suis très content que ça marche finalement!
Description de l'évènement sur facebook :
Their previous two concerts at the CLUB were so good that THUYA decided to make a CD out of them. Come hear the string trio play one last time together just a few hours before Rémy has to go back to Québec, Canada. Come get your hands and ears on the album directly from the artists, fresh off the press.
THUYA
Rémy Bélanger de Beauport (cello)
Klaus Kürvers (bass)
Gerhard Uebele (violin)
http://klausk.berlin/music/projects/thuya/
Album : THUYA live @ the CLUB
Label : Créative Sources recordings, 2016
Mastering : Dietrich Petzold, tonus arcus
Photos : Viola Förster-v.d.Lühe
Desing : Klaus Kürvers, Carlos Santos
This CD documents two concerts given 6 months apart by Berlin-based string trio THUYA, at a small venue in Neukölln called "the CLUB". The music was played without planning ahead and recorded with simple means (one digital recorder). The recordings presented here render the music as it was heard, without further studio manipulations at the mixing stage, complete with risk taking and inner cinema. 
Special thanks to Taylor Di Pasquale and Bina Carmel for being such great hosts to the concerts at the CLUB that ended up on this album. It's now time to close the loop on those great times, sharing the goods with the world.


Le 1er septembre sera ma dernière journée avec le violoncelle sur lequel j'ai joué cette année. Ouf, ça va être particulier de le retourner à l'atelier de Julia Dimitroff, mais je suis tout à fait content de ma décision de ne pas investir 10 000$ là dessus, avec tout le stress que ça implique : le transport en avion et l'énorme dette à rembourser. Je renouerai donc avec mon petit violoncelle Kay qui ne vaut même pas 700$, et en tirerai ce que je peux avant le prochain.

La nuit du 1er septembre, je ramasse mes affaires et je quitte. Mon vol décolle de Berlin le 2 septembre à 7:05 du matin, heure locale, fait une escale de 11:00 à 14:05 à Istanbul, puis arrive à 17:40 à Montréal, heure locale, toujours le vendredi 2 septembre. Je me rendrai à Québec directement, où je découvrirai mon appart pour la première fois (je paye depuis juillet, quand même!). J'ai hâte de m'asseoir par terre tout seul dans mon premier appart à moi tout seul, barrer la porte, et me demander ce que je fais là.

Des nouvelles de mes enregistrements


Titre : Angenehmer Duft
Étiquette : Kohlenstoff Records (Montréal) [KOHL 34]
Formats : flexidisque et digital
Sorties officielles : concert-lancement à Berlin le 27 août 2016, concert-lancement à Montréal le 10 septembre 2016

J'ai improvisé une pièce le 16 mars 2016 à la WAVE Akademie für Digitale Medien, Berlin, juste avant de partir en tournée en France avec le GGRIL. Au cours de la tournée, j'ai écouté les prises et fait ma sélection. La pièce choisie a été masterisée par Félix-Antoine Morin à Montréal, qui en a composé un « remix ». C'est donc ce qu'on retrouve sur ce court album : ma pièce et sa pièce.

Entre le 16 mars, la tournée du GGRIL et tout ça, Louis-Pierre Charbonneau m'a proposé quelques graphismes, on a finalisé et j'ai passé ma commande à Pirate Press en République Tchèque, un des seuls fabricants de flexidisques au monde.

J'ai payé, j'ai reçu les test pressings le 2 juin 2016, j'ai été écouter ça chez le gars vraiment sympathique de Karlrecords à Berlin le 3 juin 2016, j'ai donné mon ok et j'ai reçu les flexidisques le 20 juin 2016.

Mon flexidisque qui pose à côté de ma violette africaine

Titre : THUYA {Québec-Berlin String Trio} Live @ the CLUB
Étiquette : Creative Sources Recording (Portugal)
Formats : CD et digital
Sortie officielle : concert-lancement le 31 août à Berlin

J'ai rencontré le violoniste Gerhard Uebele lors de mon premier passage à Berlin, plus précisément le 8 juin 2008 lors d'une scène ouverte (offene Bühne) à l'Exploratorium. On avait aussi fait un concert en duo cet été là et on s'était promis de se revoir. Je l'ai revu en concert avec son quintette quelques jours après mon arrivée à Berlin cette année en 2015 et j'ai vraiment aimé le jeu du contrebassiste qui était là, Klaus Kürvers. Les semaines ont passé, on a joué ensemble en trio chez Klaus plusieurs fois et je nous ai booké deux concerts à the CLUB.

Klaus enregistre tous les concerts qu'il fait avec sa petite enregistreuse portative, question d'archiver. Cette fois par contre, à réécouter ces deux concerts, on a eu l'envie de partager les enregistrements. Le son n'est pas parfait, et c'est bien ce qu'on aime. On sent l'ambiance, les bruits de la foule, la porte du frigidaire du bar qui claque dans le lointain, etc. Je suis très très fier de la musique qui est sur ce CD.

La pochette a été pensée par Klaus, à partir des photos prises par sa compagne de vie, Viola. J'ai contribué à la traduction du court texte (allemand, français, anglais, c'était très important pour moi d'avoir les trois langues), dont une discussion intéressante sur l'utilisation des guillemets dans les différentes langues (allemand : „the CLUB“, anglais : “the CLUB”, français : « the CLUB »). Je suis aussi très satisfait de mon idée sur la façon de présenter les pistes, un peu à la manière d'un CD de musique classique, sans titres.

Mon CD de THUYA. Je crois bien que c'est l'endos de la pochette,
mais c'est peut-être aussi le rabat intérieur. Espérons qu'on reçoive les copies à temps!

Titre : D'éclisses
Étiquette : Ambiances Magnétiques (Montréal) [AM 233]
Formats : CD et digital
Sortie officielle : concert-lancement le le 10 novembre à Montréal dans le cadre d'une grande fête 25e anniversaire de DAME

Voici mon projet le plus ambitieux de l'année. Un CD complet en solo sur une étiquette que j'aime beaucoup, Ambiances Magnétiques, sur lequel j'ai déjà un CD (Fenaison, Plat, AM 169).

Voici où j'en suis : j'ai complété les sessions d'enregistrement (16 mars 2016, 7 juillet 2016, 17 août 2016) avec Nick Schröder à la WAVE Akademie für Digitale Medien, Berlin, et effectué un premier tri dans les 4-5 heures de musique que j'ai sous la main. Aujourd'hui même, je vais chez Nick et on envoie ce premier tri (38 pièces) à Robin Servant qui fera le mix à Rimouski. De ces 38 pièces, je me donne une semaine ou deux pour choisir les 13 pièces qui iront sur le CD.

La pochette sera réalisée par Louis-Pierre Charbonneau à partir d'une session photo réalisée le 10 mai 2016 par la photographe Uta Neumann dans une fabrique de sculptures quelque part à Berlin. Il y aura aussi peut-être une photo tirée du travail d'artiste personnel de Uta Neumann dans la pochette. Tout ça va se décider très rapidement au cours des prochaines semaines.

Mon nouvel appart


Je suis tellement chanceux d'être ici! Mon ami Wouter Van Itterbeeck m'a prêté sa chambre pendant qu'il passe le mois chez lui en Belgique. J'ai emménagé le 6 août et j'y resterai jusqu'à mon départ. En arrivant, j'ai fait et grand ménage et rencontré mes colocs vraiment sympathiques Lise et Mia. C'est un appart sur 3 demi-étages avec deux salles de bains complètes. Le tout est dans une condition un peu punk, disons, rien à voir avec mon appart plutôt hipster-chic chez Sarah et Clara. Ça fait du bien, en vrai! Après le ménage, je m'y suis tout de suite senti chez moi. L'appart est super bien situé : à 2 minutes de marche de l'épicerie, à 3 minutes de SchwuZ, à 5 minutes de mon amie Flatter Lenzia, à 5 minute de Sowieso (musique improvisée), à 5 minutes de Engels (ma soirée du vendredi est rendue là, après 3 ans à the CLUB), etc.

La cuisine chez Wouter, avec ma violette africaine.

Ma chambre chez Wouter, avec mon oiseau en plastique.

Wouter m'a laissé ce petit message et je ne pense pas qu'il se doutait
que ça serait si important pour moi. Je le vois à chaque fois
que j'entre dans ma chambre et ça me rappelle de profiter de chaque instant!

lundi 4 juillet 2016

Il me reste 2 mois

Je prends l'avion le 2 septembre prochain, il me reste donc 60 jours ici. Ces jours-ci, j'ai parfois un serrement au coeur, pensant à mon année à Berlin qui s'achève.


Un peu de vie sociale


J'écrivais récemment que si j'étais tout à fait satisfait de ma vie musicale ici, des concerts que je vois, des gens que je rencontre et de la musique que je crée, j'étais un peu déçu de ma vie sociale. Voilà que tout ça a changé au cours des derniers jours.

Je me suis surpris à aller rejoindre mes amis Magnus et Louise pour une journée au lac avec Greg, Andrew et je ne sais plus qui. Je me suis surpris à aller à ma soirée du vendredi préférée -- le Bump Day de Olympia Bukkakis à the CLUB -- non pas seul comme à l'habitude depuis octobre 2015, mais avec Justine, Flatter, Wouter, Brigitte et Achim. J'ai des plans de passer plus de temps avec Alex, Michael, Loïc et Shasta avant de partir, puis je ressens que mon amitié avec mes colocs Sarah et Clara est de plus en plus réelle à mesure que nous passons nos épreuves de vie côte à côte.


Déménagement en août


Mes colocs ont choisi de faire un changement de vie important : elles se départissent de tout et se lancent sur les routes. J'admire leur courage et leurs convictions, malgré les doutes que j'entretiens sur la faisabilité de leur projet.

Pour ma part, je vois les choses se vendre autour de moi, les petites annonces de mes colocs passer et je me prépare à ne pas être mal pris si elles réussissent vraiment à tout boucler pour le mois d'août. Je dois avoir une bonne étoile, j'ai trois options : Wouter m'offre de prendre son appart près d'ici (probablement sans frais) pour le mois d'août, puisqu'il doit aller chez lui en Belgique ; Louise sous-loue son appart pour le mois d'août et je suis pas mal premier sur la liste pour une sous-location en bas de 300€, l'appart à moi tout seul ; le gars qui va reprendre l'appart où je suis en ce moment serait intéressé à peut-être me garder comme coloc pour le mois d'août le temps de s'installer et se trouver un coloc à long terme pour l'année à venir.

Des compositions


Je compose très rarement de la musique, je préfère de loin l'improviser. Mais, dans mes plans pour mon album solo à sortir en novembre prochain, je compose un petit triptyque que j'interpréterai au violoncelle. Le titre, pour l'instant, « Trois fois rien », représente ma réflexion sur les proportions, la place des silences et des sons, l'équilibre de tout ça.

Alors j'écris de la musique ces jours-ci quand j'ai des shifts de travail. Les clients arrivent et me voient concentré sur mes plans, parfois devant des portées et des notes, drôle de contraste.

J'utilise la suite de Fibonacci et le nombre d'or pour m'aider à découper les sections, placer les moments importants : 987, 610, 377, 233, 144, 89, 55. 34, 21, 13, 8, 5, 3, 2, 1, 1. Tout est calculé et recalculé, l'objectif est de créer une musique statique où on prend conscience des silences qui agissent sur la perception. Ça fera un bon contraste avec les autres pièces de mon album solo, improvisées et beaucoup plus chaleureuses, disons.

Québec


Je loue mon appartement à Québec depuis le 1er juillet. Je suis inscrit à Hydro Québec et je commence à organiser le rapatriement de mes affaires, à me procurer quelques éléments importants. C'est étrange et rassurant de savoir que j'ai un appartement qui m'attend. Je m'imagine souvent ma première nuit, ma première semaine sur la rue Saint-Jean. Je m'y vois assis au milieu de la place, me disant, voilà, voici où je vivrai pour la prochaine année. Je sais que c'est la meilleure chose à faire, mais je sais que revenir de Berlin ne sera pas facile.

On me demande souvent pourquoi je ne veux pas prolonger mon visa. Je réponds que je suis débarqué ici en me disant que j'avais 365 jours à tirer le meilleur de cette expérience. L'idée de prolonger mon visa, de trouver une façon de rester, n'a jamais fait partie de l'équation et j'ai organisé ma vie en conséquence. J'ai évacué de ma vie le stress d'avoir un emploi payant dans mon domaine, faisant le calcul qu'avec mon petit peu d'économies j'étais correct jusqu'à la fin du voyage. Rendu à Québec, j'ai un emploi à temps partiel (13 h par semaine pour l'instant) intéressant qui m'attend, le reste viendra.


Aujourd'hui : ballet et violoncelle


Je pars dans une heure rencontrer les gens avec qui je travaillerai pour un contrat d'accompagnement au piano de classes de ballet à la fin juillet. J'ai bien hâte de voir à quel genre d'équipe j'aurai affaire, leurs exigences spécifiques. Je ne pense pas regretter d'avoir saisi cette opportunité (pour laquelle j'avais fait les premiers pas il y a plusieurs plusieurs mois).

Ensuite, une connaissance de Montréal, violoncelliste professionnelle avec de l'expérience chez un luthier, vient me visiter. Elle va essayer le violoncelle que je loue et me donner son avis. Il s'agirait d'une dépense de 10 000$ si je l'achète (c'est-à-dire un gros prêt encore à rembourser). Est-ce que j'ai entre les mains un instrument qui n'a pas d'équivalent pour le prix? Est-ce que je m'embarque là dedans, avec tout le stress de l'avion? J'ai bien hâte d'avoir son avis, ça m'aidera à répondre à ces questions difficiles.

dimanche 12 juin 2016

Mes projets

Je n'ai pas écrit depuis un bout car je travaille sur plusieurs projets et qu'il ne faut pas « vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ». J'ai maintenant plusieurs confirmations mais je ne sais pas trop ce que j'ai le droit de dire. Je note quand même les grandes lignes, sans trop donner de détails.
Vision typique d'une petite rue à Mitte, Berlin.

Mon année à Berlin 2015-2016 (jusqu'à date)


Tout n'était pas si clair avant de partir, mais je me rends compte que je suis parti un an à Berlin afin de répondre, entre autres, à la question : « Qu'est-ce qui arriverait si je mettais la musique en haut de la liste? » Je pense qu'au cours des lignes qui suivent, la réponse deviendra assez claire.

J'en ai mis de l'énergie à gérer La Vide à Rimouski, à organiser toutes sortes d'activités communautaires LGBT, à être prof de math et représentant syndical. À propos, je viens justement de lire le rapport annuel de ma successeure en poste au syndicat. Elle décrit son expérience et c'est exactement ce que j'ai vécu : « J’ai peine à croire que l’année scolaire puisse tirer à sa fin. J’ai l’impression que mon année ne fut qu’un grand tourbillon syndical [...]. Si je me doutais bien que mon poste serait exigeant, je dois bien avouer que j’ignorais qu’il serait aussi prenant, dévorant parfois soirs et fins de semaine, mais aussi passionnant, parce qu’il m’a donné l’occasion de rencontrer de nombreux collègues inspirants et de régler quelques problèmes. »

Les gens passionnées s'investissent corps et âme dans ce qu'ils entreprennent. J'en suis. Le danger qui nous guette, c'est de ne pas se garder assez de place pour des projets personnels. On vit au jour le jour, d'une date de tombée à l'autre. On réussit bien souvent à tout boucler et cette chaîne de petits succès, attribuables à soi, est stimulante et permet de s'accrocher. Les projets que l'on mène deviennent des simulacres de projets personnels et c'est bien là que tout peut foirer.

La pente glissante, c'est de se dépenser sans compter et de finir par oublier que qu'on voulait vraiment faire au départ. S'éteindre, consumé par le feu d'une course sans escale. J'ai parti La Vide pour avoir un endroit où pratiquer la musique mais j'ai passé plus de temps à en faire la promotion, la gestion, l'entretient et la défense qu'à y pratiquer. Je voulais être prof de Cégep car ça me semblait une bonne façon de travailler peu et avoir plus de temps pour faire de la musique mais je me suis fait attraper par la lourdeur de la tâche et mon incapacité à tourner les coins ronds.

Cette année berlinoise, je l'ai passée en égoïste, dans le bon sens du terme. Je me suis servi de mes capacités pour avancer de véritables projets personnels.

Mon projet Piolet-Traction, en duo avec la danseuse Stefania Petracca,
pour la première fois devant public le 10 juin 2016 à Artistania, un grand sous-sol
partagé et géré par des artistes en musique, danse et arts visuels.
Tiens donc, ça me dit quelque chose cette idée là!

Demande de bourse au Conseil des arts du Canada


Je suis violoncelliste improvisateur depuis maintenant près de 10 ans. J'ai fait au delà de 150 prestations publiques de ma musique, j'ai joué dans des festivals importants, avec des personnes remarquables et j'ai même reçu quelques honneurs mais je n'avais jamais fait une demande de bourse avant le 1er juin passé.

Je suis allergique aux formulaires. Ça me désespère, ça me stresse, ça prend du temps à compléter et ça ne donne aucune garantie de résultat. Par contre, les fonds sont là et à peu près tous les artistes professionnels que je connais ont déjà obtenu un soutien financier pour un projet. C'est à mon tour d'essayer.

J'ai donc déposé une demande de bourse de tournée canadienne au Conseil des arts du Canada. Le formulaire faisait 40 pages et j'ai pris, malgré mon efficacité légendaire (ha ha) plusieurs mois pour le compléter. Parmi les défis accomplis, je retiens que j'ai :

  • mis à jour ma biographie;
  • mis à jour la liste de tous mes concerts (on me demandait les dix-huit derniers mois, mais j'en ai profité pour faire le tour, c'est à dire aller consulter des vieux messages sur mes anciennes adresses email, consulter les sites internet de musiciennes et musiciens avec qui j'ai fait des concerts, etc. en plus de revérifier la liste que j'avais maintenu plus ou moins à jour de 2009 à 2013);
  • trouvé tout ce qui a été dit sur moi, en tant que musicien, dans les médias et j'ai fait la transcription verbatim d'une critique de concert à la radio ;
  • créé un dossier d'archive pour cette première demande de bourse, contenant plus de 80 fichiers, tout ce que j'ai dû créer pour remplir le formulaire.


Au cours de mes recherches pour la demande de bourse, j'ai revécu en pensée plusieurs projets réalisés dans le passé. Je suis tombé sur cette composition poétique-musicale-audio-visuelle réalisée tout seul à La Vide en septembre 2013, utilisant des procédés de musique sérielle et de combinatoire. Je l'avais présenté dans une soirée Kino à Rimouski. J'ai maintenant mis ça sur YouTube. J'archive, je diffuse, j'organise.

Circuit 2016-2017 : Projet de tournée canadienne en solo


Je ne sais pas si je devrais en parler, mais voici quand même les grandes lignes du projet que j'ai déposé au Conseil des arts du Canada. J'ai un excellent dossier, mais rien n'est certain. Je ne suis pas seul à vouloir du financement pour une tournée cette année et les fonds sont limités, d'autant plus que la légende dit qu'on n'obtient pas sa première bourse et qu'il faut recommencer. Enfin, je me retiens d'éprouver quelque sentiment que ce soit face à l'issue de cette demande de bourse, je suis confiant mais tomberais de beaucoup trop haut si je me mettais à penser que c'est acquis pour me rendre compte que ce ne l'est pas.

Je planifie donc une tournée de 18 concerts en 33 jours, en collaboration avec le réseau de diffuseurs canadiens « circuit » (la première étape était de monter un dossier et d'appliquer auprès d'eux : succès!) entre le 10 décembre 2016 et le 10 janvier 2017. Je jouerais à Vancouver, Calgary, Edmonton, Toronto, Ottawa avant de m'arrêter pour Noël à Québec, pour le Jour de l'an à Montréal, puis de repartir vers Halifax, Fredericton, Moncton, Carleton-sur-Mer et Rimouski.

Je prévoyais au début 21 concerts mais tout ne peut pas fonctionner. Chacun de ces 21 concerts représente une série de emails avec un diffuseur, des questions, des délais. Tout le monde est tellement occupé! Enfin, mon unique certitude pour l'instant c'est d'avoir réussi mené tout ça de front, d'avoir plein de contrats signés qui dépendent de la réponse du Conseil. J'attends donc avec impatience, ça peut prendre jusqu' à 4 mois.

Angenehmer Duft : flexi disque et album digital


Je magasine les usines de fabrication de disques vinyles depuis longtemps. L'idée d'avoir ma musique gravée sur un support physique comme ça, plus que sur cassette ou en CD, m'interpelle mais c'est très cher et les délais sont longs. Je suis tombé sur une compagnie qui fabrique des flexi disques et ça m'a semblé un compris intéressant. Ce n'est pas donné et le produit fini ne peut pas se vendre bien cher non plus, alors mon objectif sera d'écouler les 250 copies produites et d'arriver kif-kif. C'est un bel objet!

Je suis passé dans un café et j'ai regardé de quoi ça avait l'air
(sans le graphisme encore) sur une table tournante
avant de partir écouter ça chez Karl Records
Un flexi disque se joue sur une table tournante comme un disque vinyle ordinaire mais le support est mou. L'histoire du flexi disque est assez intéressante : dans les années 1960, on avait développé une technique pour graver de la musique sur des radiographies et ainsi propager la musique des Beatles, par exemple, en Russie où elle était interdite. Aujourd'hui, la compagnie Pirate Press en République Tchèque utilise cette technique, plus ou moins, pour imprimer des albums promotionnels insérés dans des revues spécialisées, pour imprimer de la musique sur des cartes postales ou réaliser toutes sortes de projets uniques comme le mien. Chaque côté d'un flexi disque contient un maximum de 6 minutes de musique et on conseille aux artistes de faire moins pour améliorer la qualité sonore. Enfin, on dit que la qualité audio est moindre et que le support se dégrade beaucoup plus vite que le disque vinyle ordinaire. Ce côté éphémère (ça reste à tester!) m'interpelle. Quant à la qualité audio, les pièces sur mon flexi disque ont été pensées en conséquence -- j'ai envie de dire en harmonie -- avec le format.

C'est donc dans la poche, signé, payé, les formulaires remplis, les confirmations reçues (ne me reste plus qu'à recevoir la livraison) mais la nouvelle n'est pas sortie trop officiellement encore alors je me contente des détails un peu flous qui suivent.

Mon flexi disque est blanc opaque et tient sur un support carré de 7" x 7". Il vient dans une pochette de plastique transparent et toutes les informations sont réunies en un superbe graphisme, réalisé par Louis-Pierre, dans le rond au centre du disque.

Les test pressings de mon flexi disque ont été livrés
à ma porte en à peine deux semaines. Il faudra attendre
les disques finis pour voir le graphisme.

Il s'agit d'un album de 2 pièces qui sortira en format digital sur une étiquette fort inspirante à Montréal. Le titre, Angenehmer Duft, veut dire « odeur/parfum agréable » et c'est l'inspiration derrière la première pièce, une improvisation de moi au violoncelle solo. Pour la deuxième pièce, j'ai approché un compositeur d'électro-acoustique montréalais qui a fait, en quelque sorte, un « remix » de ma pièce. C'est très bon, j'ai hâte de partager cette musique.

Après la session d'enregistrement de ma pièce, le mix, l'envoi de tout ça à Montréal, le mastering, la composition du « remix », l'élaboration du graphisme, le retour de tout ça à Berlin et le paiement sur ma carte de crédit en République Tchèque, j'ai reçu les test pressings. Il s'agit de 5 copies du flexi disque sans graphisme, dont j'ai dû évaluer la qualité sonore afin de donner mon approbation pour la fabrication des 250 copies.

Comment allais-je faire mon évaluation sonore, sans table tournante et ne sachant pas trop à quels détails m'attarder? J'ai contacté le gars de Karl Records, une étiquette de disques à Berlin dont l'impressionnant catalogue est tout à fait dans mes cordes. Il a accepté, je me suis rendu chez lui avec mes test pressings et nous avons écouté ça ensemble. J'en ai profité pour repartir avec quelques vinyles de son étiquette : Aus den sieben Tagen de Karlheinz Stockhausen interprété par Zeitkratzer et Keiji Haino, Four Organs, Phase Patterns, et deux versions de Pendulum Music de Steve Reich interprétés par l'Avantgarde Ensemble et un album de Zeitkratzer en collaboration avec le pionnier William Bennett, Whitehouse. J'ai très hâte de déballer tout ça en septembre prochain dans mon appartement à Québec.

En partant de Karl Records, j'ai lui ai donné une copie autographiée
du test pressing en guise de remerciement!

D'éclisses : album solo en CD


Je suis en train de préparer un album solo qui sortira en CD en novembre 2016 sur une autre étiquette à Montréal. Je suis vraiment content d'être sur cette étiquette! C'est un gros projet. Louis-Pierre fera le graphisme à partir d'une série de photos prises par Uta Neumann à Berlin. Robin fera la mix à Rimouski. Le mastering est à confirmer mais j'espère annoncer une belle surprise à Montréal. Je réalise l'enregistrement à la WAVE Akademie für Digitale Medien à Berlin.

Que dire de plus? Je jasais de ça avec Tristan Honsinger hier, il semble que l'album solo est un passage obligé pour les musiciennes et musiciens improvisateurs. Plusieurs sortent ces jours-ci et c'est peut-être le signe d'une cohorte, de la relève active depuis les 10 dernières années. Pour ma part, un album solo est peut-être l'occasion de montrer ce dont je suis capable, mon style, mais c'est surtout un risque stimulant, une façon d'organiser mes affaires, de diffuser ma vision. Je ne me suis jamais senti aussi prêt que maintenant à enregistrer un disque solo ; j'ai un bon violoncelle entre les mains et des expériences de jeu et d'écoute enrichissantes au quotidien, au contact de tout ce que je vis depuis les derniers mois à Berlin.

Un album solo, c'est un peu s'exposer à nu,
ce que j'ai fait, littéralement, dans le cadre
d'un atelier de dessin à Berlin.
On répète l'expérience une dernière fois jeudi prochain.

THUYA (Québec-Berlin String Trio) live at the CLUB : album live en CD


Je joue avec les vétérans de la scène de musique improvisée berlinoise Klaus Kürvers (contrebasse) et Gerhard Uebele (violon) depuis le mois de novembre passé. On se rencontre environ une fois par deux semaines, on joue pendant quelques heures, on discute. Notre trio s'appelle THUYA et on a même notre page sur le site web de Klaus.

Nous avons donné un premier concert à the CLUB le 17 novembre 2015 et l'enregistrement est disponible ici. Nous avons donné un deuxième concert à the CLUB le 21 mai 2016 et l'enregistrement est disponible ici.

Je crois que la musique qu'on fait est exceptionnelle et les enregistrements en concert en témoignent. Il s'agit d'enregistrements réalisés avec une seule petite machine mais ils captent bien de la musique qui a existé à ce moment, les bruits du public et l'ambiance à the CLUB. L'atmosphère est bien particulière, tant et si bien qu'on a eu envie de mettre ça sur CD.

On est donc en train de s'organiser. On a écouté les concerts ensemble et choisi ce qu'il faudrait enlever pour que ça rentrer sur un CD d'une cinquantaine de minutes. On a l'approbation d'une superbe étiquette de disques pour la musique improvisée. Il ne reste plus qu'à avoir les confirmations... et payer!

Klaus et moi à the CLUB, le 17 novembre 2015 à the CLUB, photographiés par
la compagne de vie de Klaus, Viola. J'aime beaucoup cette photo,
sur scène avec un de mes musiciens préférés dans un de mes endroits préférés à Berlin.

Acheter das Meistercello : en grosse réflexion


Dès la minute où j'ai essayé le violoncelle trouvé chez la luthière Julia Dimitroff, le 12 octobre 2015, j'ai su que cette réflexion arriverait. Je racontais mon premier essai ici, la connection que j'avais ressentie avec l'instrument, avec celle qui l'a restauré et qui s'en occupe, puis je décrivais un peu mieux le tout ici.

J'ai écris un message à une amie violoncelliste récemment :

D'un violoncelliste à une autre. Depuis près de 9 mois, je joue sur un "Meistercello" allemand (Berger, 1968) que je loue chez une luthière fantastique, Julia Dimitroff. C'est fou ce que ça m'a apporté de jouer sur un bon instrument, tant au niveau technique que créatif, autant seul que dans un ensemble. La différence avec mon Kay industriel est épeurante. 
Je songe à l'acheter. Le prix, incluant une réduction de six mois de location déjà payé : 7500€. Je reviens avec Turkish Airlines donc il me faudrait ajouter l'achat d'un flight case avec ça. 
Je t'écris pour te demander toi comment ça s'est passé quand tu as acheté ton violoncelle. Je suppose que tu as un instrument pas mal, qui te convient, je pourrais me tromper aussi. As-tu trouvé une banque spéciale qui fait un prêt sachant que le violoncelle ne perdra pas de valeur? As-tu plutôt sollicité la famille 
Enfin, ce serait une dépense follle, plus de la moitié de mes revenus pour l'année 2015, par exemple. J'ai besoin d'avoir un son de cloche de quelqu'un qui a fait ce move là un jour. Tu me dis "go!" ou "du calme!"?

Je suis donc en réflexion. L'amie à qui j'écrivais plus haut est de passage à Berlin bientôt et on va jaser. Des gens partout s'achètent des voitures considérées comme modestes, entre 10 000$ à 30 000$ neuves, disons. Au bout d'un an, la valeur de leur voiture a diminué de moitié et au bout de 20 ans, c'est certain qu'elle ne vaut plus rien. Dans mon cas, au bout de 5 ans, 10 ans, 20 ans, un violoncelle de ce calibre prend de la valeur.

Le prix, parlons-en! 7500€ + un flight case de violoncelle (prévoir 1000€), ça accote le 10 000$ dollars canadiens et plus. Comment faire pour savoir si le prix est raisonnable? Aucune idée, c'est basé sur la confiance et la réputation de la personne qui le vend. Julia Dimitroff n'a pas intérêt à vendre trop cher ni pas assez cher. Tout ça fonctionne comme la spéculation en art -- le violoncelle est effectivement une oeuvre d'art et son prix actuel est déterminé en fonction des ventes d'autres instruments du même luthier --  je n'y comprends rien et je ne veux rien savoir. Ce que je sais, c'est qu'après 10 ans de jouer professionnellement sur un violoncelle qui ne vaut pas 800$, c'est le temps de faire un move.

Le violoncelle fabriqué par Theodor Berger (1887-1974) et moi, une histoire à poursuivre?
Il me reste 3 mois pour décider et m'organiser.

Pianiste de ballet


Eh bien, j'ai scoré un contrat de pianiste de ballet au mois de juillet! Je donnerai également un atelier (en anglais) sur la musique et la théorie musicale à des profs de ballet.

Concerts à venir


J'ai toujours une légère insatisfaction de ne pas jouer autant en concert que je voudrais. Puis je regarde la liste et je me dis de me calmer!

16 juin 2016, je refais un solo avec les modèles nus pour un atelier de dessin.
Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Louise Markise (modèle), Magnus (modèle)

25 juin 2016, je fais une prestation avec mon duo Piolet-Traction dans le cadre d'un genre de festival de quartier (gros quartier!) à Neukölln. On jouera devant une boutique de vélos italienne qui sert du café et de la bière, évidemment.
Piolet-Traction [Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Stefania Petracca (danse)]

02 juillet 2016, j'ai organisé un autre concert à the CLUB. Me reste à recevoir la confirmation finale que ça marche.
Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Gudrun Doberenz (voix), Justine Durand (live analog video), Stefania Petracca (danse)

09 juillet 2016, je me joins au WhatHappensNext Ensemble pour dans le cadre du « Festival d'été » de l'Exploratorium Berlin.
WhatHappensNext Ensemble [Hartmut Ahrweiler (guitare), Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Gudrun Doberenz (voix), Rosemarie Jäger (piano), Esther von der Osten (Violine), Max Stehle (sax), Babette Werth (violoncelle)]

12 juillet 2016, je suis en train de réserver une petite église pour présenter mon duo avec le fantastique pianiste A. J'ai composé une structure d'improvisation impliquant un autre duo piano-corde dont je suis un « fan ». Me reste à voir si je prend le risque de louer la salle et tout, il ne faudrait pas que je sorte de là avec une dette, quoique, ça vaut peut-être la peine.
Antonis Anissegos (piano), Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Shasta Ellenbogen (alto), A. (piano)

Au courant du mois d'août, j'aimerais faire un concert-lancement de mon flexi disque Angenehmer Duft, que je devrais avoir entre les mains à ce moment là.

Enfin, mes deux derniers concerts avant le retour au Québec sont déjà prévus.

27 août 2016 serait le concert-lancement de mon album THUYA (Québec-Berlin String Trio) live at the CLUB. À confirmer!

28 août 2016, un concert à Miss Hecker, j'adore cet endroit.
Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Ulf Mengersen (contrebasse), Thomas Rehnert (percussions), Gerhard Uebele (violon)

Prochain projet : Site web


Je n'arrête pas. Le prochain projet en lice, c'est mon site web. Je possède le www.remybelangerdebeauport.com depuis un bon moment mais je ne suis jamais venu à bout d'en faire quoi que ce soit, avec tous mes projets parallèles, personnels ou moins personnels, pour revenir au début de ce texte.

Si bien qu'aujourd'hui, j'ai deux blogs Blogspot, un blog Tumblr, deux chaînes YouTube, un blog Instagram, trois pages de musique sur Bandcamp et d'autres présences sur le web que j'oublie. J'ai aussi une pile de fichiers dans mon ordi : « bio », « démarche artistique », « CV », « liste de concerts », « images », etc. Et tout ça ne demande que d'être réuni sur un beau site web.

La raison pour laquelle je n'ai pas de site web est peut-être aussi parce que je ne me contenterai pas de n'importe quoi. Jusqu'à ce qu'on me prouve que c'est impossible à réaliser, j'ai un design en tête depuis des années, il ne me reste plus qu'à trouver comment le réaliser, ou qui peut me le réaliser sans que ça me coûte un bras.

Un plan de mon site web qui date de 2011. Je l'ai mis à jour le mois passé.
Ne reste plus qu'à passer du stylo au code, du cahier de notes à la publication web.


Ah oui, il faut aussi que je m'achète des jeans noires, les miennes s'en viennent défaites pas mal. Ce sera le premier morceau de vêtement que j'achète depuis l'été 2015. À côté des gros projets, il faut bien avoir de petits projets comme ça!

samedi 14 mai 2016

Menschen

Mon dernier message date de presque un mois et demi! J'étais au travail hier et je faisais un brouillon de ce que j'allais écrire aujourd'hui quand je me suis rendu compte que j'en avais peut-être trop long à dire. Je commençais à élaborer sur un sujet dans mon cahier, puis je m'arrêtais pour prendre une note en marge concernant un autre sujet à aborder, puis finalement la marge était bien pleine et je n'avais rien écrit de substantiel.

Je suis maintenant dans un café appelé Roméo & Roméo (méchant nom!) et je suis agréablement surpris d'y voir femmes et enfants au milieu de la clientèle majoritairement masculine et hyper-masculine. Berlin!


Je continue à vivre la plus belle année de ma vie, sans farce. Je trouve parfois par contre que ma vie sociale pourrait être plus riche, je constate que je ne me suis pas fait tant d'amis. Il faut dire qu'avec l'horaire que je me fais, le temps pour cultiver des amitiés profondes manque. Enfin, c'est un choix et je suis loin de m'ennuyer, bien au contraire.

Au lieu de faire le bilan que je voulais faire aujourd'hui, j'ai plutôt choisi de présenter quelques personnes qui font partie de ma vie, après avoir bien sûr donné une idée de ce que j'ai fait depuis la dernière fois et des concerts qui s'en viennent. Je termine avec quelques mots sur la vie à l'appart ces temps-ci et une réflexion sur la nudité, en ce début d'été berlinois.

Dans l'ordre depuis la dernière fois


Le 6 avril j'ai écrit un long blog sur la tournée du GGRIL.
Le 7 avril j'avais une pratique avec la chorale.
Le 8 avril j'ai été voir Tristan Honsinger (violoncelle) jouer en duo avec Joel Grip (contrebasse). C'était un duo fantastique, très théâtral et absurde ; à un moment donné Honsinger, était rendu sur le dos couché par terre et Grip était par dessus lui avec la contrebassse et une chaise. Difficile à décrire, mais le tout donnait vraiment l'impression de couler de source, pas question d'impressionner la galerie, ces deux là font la paire. C'était à Miss Hecker, un endroit que j'aime beaucoup, un peu difficile à trouver, pas trop affiché nulle part.
Le 9 avril je travaillais au cinéma.
Le 10 avril je travaillais au cinéma.
Le 11 avril j'avais une pratique avec mon trio à cordes THUYA.
Le 12 avril je suis resté chez moi pour envoyer des emails, régler mes impôts 2015, etc.
Le 13 avril je travaillais au cinéma.
Le 14 avril j'avais rendez-vous chez ma super coiffeuse et une pratique avec la chorale.
Le 15 avril je travaillais au cinéma.
Le 16 avril j'avais une pratique avec la chorale, puis je suis allé voir Ken Aldcroft (guitare), Klaus Kürvers (contrebasse), Karen Ng (saxophone alto) et Scott Thomson (trombone) à Miss Hecker. Une soirée avec des gens que je connais! Klaus est membre de mon trio THUYA à Berlin, Karen vient de Toronto et on a joué ensemble l'été passé en concert à Montréal et Scott est un musicien dont le parcours a croisé le mien plusieurs fois depuis 2007. Leur concert était vraiment bien envoyé. Le jeu de Ken, un guitariste de Toronto que je découvrais à ce moment, est tout en nuances : ça tricote, ça accompagne ou ça prend le lead, ça fait des bruits ou des mélodies, le tout de façon très organique avec les souffleurs et Klaus à la contrebasse, dont le jeu inventif m'impressionne toujours autant. 
Le 17 avril je travaillais au cinéma.
Le 18 avril j'avais une entrevue avec la Royal Academy of Dance (peut-être un contrat de quelques jours en juillet), puis je reprenais mon rendez-vous chez la coiffeuse, manqué parce que j'était trop concentré par mes paperasses à la maison.
Le 19 avril j'avais une session avec Ken Aldcroft (guitare), Yorgos Dimitriadis (drums), Brad Henkel (trompette), Karen Ng (saxophone alto) et Scott Thomson (trombone). On était dans un local de pratique de rock, genre. C'était vraiment bien mais je crois que tout le monde était un peu fatigué! J'avais une pratique de chorale également ce soir là.
Le 20 avril j'avais encore une pratique de chorale.
Le 21 avril j'ai été voir le légendaire Peter Brötzmann (saxophones), qui jouait en trio à Sowieso avec Steve Swell (trombone) et Paal Nilssen-Love (drums). Ils ont envoyé la sauce dès la première note, c'était un méchant beau pain de son qui se déroulait dans notre face, comme un gilet de laine qu'on détricote en tirant sur un fil. Ou l'inverse! C'est drôle, Brötzmann était en concert il y a quelques jours à Montréal, le 11 mai 2016 dans le cadre de Suoni Per Il Popolo.
Le 22 avril je faisais un concert avec la chorale.
Le 23 avril je faisais un concert avec la chorale.
Le 24 avril je faisais un concert matinal à 11 h à Kulturraum Mainzer7. La salle sonnait super bien, notre petit public a dû se sentir vraiment à l'intérieur du son. « Like a string quartet with the violins replaced by high saxophones » : Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Shasta Ellenbogen (alto), Andreas Krennerich (saxophones sopranino & soprano), Frank Paul Schubert (saxophone soprano).
Le 25 avril j'ai envoyé des emails et je me suis occupé de mes affaires.
Le 26 avril j'avais une session à Exploratorium avec des membres de l'ensemble What Happens Next de Berlin : Hartmut Arweiler (guitare), Gudrun Doberenz (voix), Rosmarie Jäger (piano), Babette Werth (violoncelle) et une violoniste dont je ne trouve plus le nom. C'était une bonne session, le guitariste et moi se sommes promis de rejouer ensemble.
Le 27 avril je suis allé nager à Stadtbad Neukölln.
Le 28 avril je travaillais au cinéma.
Le 29 avril je travaillais au cinéma.
Le 30 avril j'avais une session avec le pianiste A. Véritable coup de coeur musical, ça pourrait devenir un projet cette histoire là. A. et moi partageons plusieurs références du monde classique (Bach, Messiaen, ...) et ça s'entend dans nos longues improvisations contrastées. À suivre, il ne faut pas que je l'échappe celui là. Le soir du 30 avril, j'ai été voir le concert de The Liz à Quiet Cue : Liz Allbee (Oedipus / Kathy Acker, amplified trumpet, voice, text, video), Liz Kosack (Anubis, synthesizer, voice, masks, puppets, light design), Korhan Liz Erel (Sphinx, computer, electronics, sound design, voice, light design). C'était vraiment bon, ça m'a rappelé Les Momies de Palerme. Malheureusement, un espèce de dandy hipster filmait le tout et il était debout drette en face de moi. Pas de classe le connard, je n'ai pas pu voir grand chose du concert et, à cause de lui, j'ai eu de la misère à entrer dans la musique. Je me suis demandé pourquoi on prenait des vidéos de concerts. Car si c'est pour rendre compte de ce que les gens présents ont vu, c'est raté! Je n'ai vu que le dos d'un gars avec une caméra, ou presque.
Le 1er mai j'ai été voir la légendaire Audrey Chen (violoncelle, voix), qui jouait en trio avec Conny Bauer (trombone) et Antonis Anissegos (piano). J'ai été un peu déçu que Chen n'ait pas apporté son violoncelle, j'étais bien curieux de l'entendre. Sa technique vocale vaut toutefois le détour! Elle chantait dans un micro assez sensible pour bien faire ressortir les basses qui se mêlaient aux sons des autres musiciens. On sentait tout le long que Chen serait capable de pousser une note d'opéra à n'importe quel instant, mais elle ne le faisait pas, ou si peu (peut-être une note sur deux sets de 45 minutes). Anissegos, le pianiste d'origine grecque, ne cesse de m'impressionner. Ça fait quelques fois que je le vois et cette fois il était sur un bon piano à queue, enfin! Il tire des sons incroyables de cet instrument, tout en ayant une maîtrise de l'harmonie et du contrepoint qui s'entend. Il a le don d'introduire des moments de suspension dans la structure des pièces, d'aller chercher la bonne note par-ci par-là... Le tout se déroulait à No Villa, une espèce de villa au milieu d'un parc un peu perdu dans la presque-banlieue de Berlin. Décor enchanteur s'il en est un.
Le 2 mai je travaillais au cinéma.
Le 3 mai je faisais un tournage avec la danseuse avec qui j'ai un duo. Nous nous appelons, jusqu'à nouvel ordre, Piolet-Traction. Avec ce vidéo, s'il peut finir par être monté, on pourra appliquer pour se produire dans différents endroits. J'avais une pratique de chorale ce soir là, puis je suis allé rejoindre mon amie Xarah, de Montréal, pour la deuxième fois en tournée en Europe depuis que je suis arrivé!
Le 4 mai j'ai peut-être pris une pause, je ne sais plus, mais le soir je suis sorti à SchwuZ pour la Tanz den Jesus. L'ambiance était super bonne, les gens super beaux et de tous les styles, comme toujours à SchwuZ. J'ai pris le temps de lire le papier qui est affiché dans les toilettes cette fois, et je n'ai pas été déçu. Ça explique que le SchwuZ existe depuis les années 1970 et fait depuis toujours la promotion des vies non-hétéronormatives. Le tout est en langage très bien choisi à mon avis, 40 ans de lutte contre l'homophobie et la transphobie qui ne met pas l'accent sur les hommes blancs gais, c'est beau à voir. Le texte complet ici.
Le 5 mai je travaillais au cinéma, puis j'ai été voir mon amie Xarah en concert à Loophole. Cet endroit est vraiment trash, mais pas dans le bon sens du terme. C'est une petite pièce sans fenêtre dont l'unique porte est fermée par un épais rideau de plastique et de gros tissus. Avec la tendance de tout le monde ici de fumer clope sur clope, c'est pas long qu'on étouffe. Xarah était sensationnelle comme toujours, même dans la fumée et le kit de son très très moche de l'endroit. J'ai hâte d'entendre son nouvel album, dont elle a joué plusieurs pièces ce soir là.
Le 6 mai j'ai été voir Antonis Anissegos (piano) et Shasta Ellenbogen (alto) en concert à Miss Hecker. Il y avait aussi des gâteaux vegan crudivores de Juliana Tar sur place, on s'est régalé.
Le 7 mai j'avais une pratique avec Stefania la danseuse mais on a annulé ça, j'avais besoin de n'avoir rien au menu et me balader. J'ai été au marché turc extérieur près du canal à côté de chez moi, puis j'ai été faire un tour en soirée à Gelegenheiten (le show qui m'intéressait avait été annulé, on est parti), puis à Maze (la soirée était vraiment platte, mais j'ai quand même vu une performance de monde qui mangent des oeufs et se font vomir avant de se faire attacher symboliquement par des chaînes aux mains et dans le coup). Malgré tout, j'ai passé une excellente soirée avec mon amie Justine.
Le 8 mai je travaillais au cinéma.
Le 9 mai je travaillais au cinéma.
Le 10 mai je faisais une séance de photo avec Uta Neumann. Bien hâte de voir le résultat, on a été dans une fabrique de sculptures, on a trouvé là un décor superbe et j'ai pris le temps de bien profiter du moment, jouant du violoncelle toute la journée dans la grosse poussière.
Le 11 mai j'ai été au parc prendre du soleil, puis j'ai fait un concert en solo. J'accompagnais mes nouveaux amis Magnus et Louise, qui posaient pour des dessinateurs de modèles vivants.
Le 12 mai j'avais une pratique avec Stefania la danseuse, puis une pratique avec la chorale.
Le 13 mai je travaillais au cinéma.
Le 14 mai, eh bien c'est aujourd'hui ça! Stefania et moi avons annulé la pratique que nous avions à l'horaire et je visite pour la première fois le quartier Schöneberg. Ma journée de touriste se transforme finalement en journée de blog.

Prochains concerts


Le 21 mai, samedi prochain, ça fera exactement 8 mois que je suis ici.  C'est également la journée où je joue en concert pour la deuxième fois à the CLUB avec mon trio à cordes THUYA.

Notre concert sur facebook
La description sur facebook

L'invitation transmise par le directeur de chorale aux autres membres de la Ölbergchor,  à la fin d'un email à tous













Notre concert annoncé sur echtzeitmusik

Le 22 mai, le lendemain, je chanterai Carmina Burana avec la chorale sur un bateau stationné dans l'écluse la plus profonde de l'Allemagne.

L'évènement sur facebook

Ensuite, je n'ai rien de prévu. Gageons que des dates s'ajouteront bientôt, notamment avec Stefania et notre projet Piolet-Traction.

Menschen, les personnes qui m'entourent


Alex : J'ai connu Alex lors de mon passage à Berlin en 2008. Cette année, c'est lui qui est venu me chercher à l'aéroport et depuis, on se parle régulièrement et on se voit de temps en temps. Je ne me rappelle jamais en quoi il étudie exactement, mais c'est à l'université et ça contient l'étude du grec et du latin, en plus de bien d'autres sujets dont je suis bien content que d'autres que moi s'occupent! Alex est passionné d'histoire et m'en apprend souvent sur l'histoire du Québec, en plus de m'aider à me démêler dans l'histoire de Berlin, l'Allemagne, l'Europe et le monde entier.

Gerhard et Klaus : J'ai connu Gerhard le violoniste lors de mon passage à Berlin en 2008. On avait fait un concert en duo, son jeu et sa personnalité se marient trop bien avec moi. Cette année, je l'ai retrouvé lors d'un concert où Klaus le contrebassiste jouait également. J'ai rejoué avec Gerhard un matin chez-moi, puis on a fait une session chez Klaus et notre trio à cordes THUYA est né. On pratique assez régulièrement, parfois toutes les semaines, parfois à toutes les deux ou trois semaines.

Hyoung-min : J'ai connu Hyoung-min lors de mon passage à Berlin en 2008. Je sous-louais sa chambre en son absence, puis j'ai sous-loué la chambre de sa coloc quand elle est revenue, ou quelque chose comme ça. Elle est danseuse et, si j'étais resté à Berlin en 2008, on aurait probablement eu une bourse de création pour 6 mois en duo. Je suis parti poursuivre mes affaires à Montréal et elle a poursuivi ses affaires ici. On s'est retrouvé cette année mais on n'a toujours pas eu le temps de jouer ensemble encore. Ça viendra bientôt! J'ai été voir une de ses prestations en solo et c'était génial, on était très content de se revoir.

Felix : J'ai connu Felix lors de mon passage à Berlin en 2008. On a repris contact cette année et on se croise à l'occasion. Il est toujours de bon conseil.

Taylor et Vincent : Taylor est un ami de Felix et il se transforme en Olympia Bukkakis tous les vendredis à the CLUB. Je suis un fan de son humour féministe, authentique et décapant. Au fil de mes multiples présences à the CLUB, j'ai fini par être un habitué et être accueilli chaleureusement par Taylor/Olympia et son boyfriend husband Vincent.

Justine : J'ai connu Justine cette année lors d'une date un peu ratée avec un gars à Das Gift. Elle vient de Montréal et fait le même trip que moi, le même visa compliqué, presque les mêmes dates. J'ai découvert récemment qu'en plus de sa passion pour la restauration, la cuisine, elle était aussi artiste vidéo et nous allons collaborer ensemble pour un vidéoclip de mon projet ElvAr X, enregistré l'été passé à Rimouski. Sinon, Justine et moi nous retrouvons souvent le dimanche soir à la soirée Icky chez Ficken 3000 et on en profite pour pratiquer notre parlure québecoise.

Ingo, Gerrit et al. : Je fais partie de la chorale Ölbergchor depuis le 29 octobre 2015. Depuis cette date, j'ai passé presque tous mes jeudis en compagnie des quelque 80 SängerInnen des Ölberg-Chores. Je fais un peu partie des meubles maintenant à la chorale et c'est vraiment bien de revoir ces belles personnes toutes les semaines, de sentir que je fais partie du groupe. Ingo est le directeur de chorale, il parle très vite mais je finis toujours par comprendre ce qu'il dit. Gerrit est souvent mon voisin dans la section des barytons, toujours prêt à faire une bonne blague, ou une blague que je ne comprends pas. À la chorale, c'est 100% immersion allemande.

Sarah, Sarah, Sarah et Clara : La première Sarah c'est la première coloc que j'ai eu sur Framstraße, où j'habite encore aujourd'hui. Elle est travailleuse autonome dans le domaine du cinéma, en gros elle aide à mettre des films « sur la map ». Elle complète également sa certification de prof d'allemand du Goethe, méchante affaire. Enfin, elle a une copine (ou un copain, on ne sait plus trop et c'est bin correct) en Israël où elle a habité elle-même quelques années. On tente de garder contact depuis qu'on n'est plus colocs mais c'est pas évident. La Sarah du milieu, c'est pour faire drôle car c'est une bonne amie des deux autres Sarah. Enfin, Sarah et Clara sont mes colocs actuelles. Sarah est celle qui a le bail de l'appart sur Framstraße. On s'est connu quand elle a répondu à mon message facebook sur le groupe Queers in Berlin où je demandais où je pouvais trouver un piano pour pratiquer. Elle m'avait invité spontanément à jouer sur son piano (à queue, électronique) chez elle et le courant a tout de suite bien passé entre nous. Elle m'a ensuite offert de sous-louer son appart (avec la première Sarah) pendant qu'elle serait en voyage au Brésil. Là-bas, Sarah a rencontrer son amour brésilienne Clara et elles sont revenues ensemble à Berlin depuis avril 2016. Elles sont vraiment super toutes les deux, très différentes. On se parle de la vie souvent, je m'entends vraiment bien avec les gens qui, comme elles, comme moi, sont passionnés sans savoir trop ce qu'ils vont faire de leur vie.

Wouter : J'ai connu Wouter sur Grindr. Ç'a été bien spontané, on s'entend super bien et on se voit à l'occasion. Il est flammand de la Belgique et est à Berlin dans le cadre de son parcours scolaire, si j'ai bien compris. Il est volontaire dans un cirque où il accompagne des groupes de jeunes différents chaque semaine. Ça fitte bien avec son énergie toujours positive.

Stefania : J'ai connu Stefania lorsque Die DeutSCHule, l'école où j'ai pris mes cours d'allemand en arrivant, a publié sur leur facebook une annonce pour un de ses cours de danse. Je lui ai écrit un email, on a joué ensemble et depuis ce temps on travaille sur notre projet en duo Piolet-Traction.

Michael : J'ai connu Michael à Der Boiler, et on s'est rendu compte bien plus tard qu'on connaissait tous les deux Alex. Michael a étudié en direction d'orchestre avant d'avoir un gros problème aux oreilles. Depuis ce temps, il travaille à temps plein et compte retourner aux études en médecine. Michael et moi avons des horaires de vie à peu près complètement incompatibles, mais on réussit à se voir de temps en temps. La prochaine fois, on va essayer de jouer de la musique classique ensemble, lui au piano et moi au violoncelle. Je n'ai jamais fait ça!

Uta : J'ai connu Uta à son atelier de photographie où elle était hôte d'un concert une fois. J'y suis retourné une autre fois, puis une autre fois avant de finalement lui proposer de collaborer professionnellement avec moi pour ma photo d'artiste. C'est une photographe établie dont le travail est difficile à définir. Ses sujets sont souvent centrés et d'apparence anodine (une roche, un fauteuil, une piscine, etc.), mais on se rend compte qu'on est encore en train de penser à sa photo des semaines après l'avoir vue pour la première fois. Ça ce n'est pas anodin. En plus, c'est une personne vraiment sympathique avec qui je m'entends très bien.

Magnus et Louise : J'ai connu Magnus en octobre 2015, il travaille au café voisin de l'appartement que je sous-louais à ce moment sur Fontanestraße. J'allais au café à l'occasion et j'étais toujours content quand c'est lui qui m'accueillais. Je restais parfois pendant la fermeture pour jouer du piano pendant qu'il n'y avait plus de clients. Un jour, on a finit par se parler et de fil en aiguille une amitié se tisse. On s'est perdu de vue pendant un mois ou deux mais voilà que la semaine passée j'ai joué en solo lors d'une séance de dessin modèle vivant où il est modèle avec son amie Louise. Ensemble, ils forment le duo de modèles Rosi, ich bin nackt.

Martin, Klaus, Harald, Manne, Sebastian et Herr Jung : Bien que je ne les vois pratiquement jamais, je connais les noms de mes collègues de travail au cinéma. C'est drôle, j'ai vu Herr Jung (le boss des ressources humaines, si j'ai bien compris) juste deux ou trois fois. J'ai vu Martin (mon supérieur immédiat) un peu plus, c'est à dire trois ou quatre fois. J'ai rencontré Sebastian (mon collègue préféré) deux fois, j'ai vu Harald une fois et je n'ai jamais vu Manne ou Klaus. C'est toutefois mes collègues de travail au quotidien, on s'échange des messages concernant la job sur WhatsApp et tout le monde est vraiment sympathique et attentionné.

Shasta : J'ai vu Shasta, altiste, en concert une première fois et j'avais trippé sur sa tignasse à la Kurt Cobain mais je n'avais pas osé lui parler. Je l'ai ensuite vue une deuxième fois et je l'ai saluée. On s'est rendu compte que nous étions tous deux canadiens-français. Elle vient d'Ottawa, je pense, et aime beaucoup parler notre langue avec moi. On a joué ensemble et on fait un bon duo d'amis ou de musiciens.

A. : Je viens tout juste de rencontrer A. il y a moins d'un mois. C'est drôle, quelqu'un avait essayé de nous mettre en lien sur Planet Romeo en octobre ou en novembre passé. Ça nous avait agacé tous les deux, puis ç'en était resté là, jusqu'à ce qu'A. me voit sur scène avec le Berlin Improvisors' Orchestra. On s'est ensuite mis à discuter, pour finalement se planifier une session ensemble. La musique qu'on a créée cette fois là était extraordinaire. À suivre.

Evan : J'ai rencontré Evan par okcupid. Il est originaire de Salt Lake City et vient de compléter ses études en économie ou je ne sais plus trop dans une grosse université Ivy League américaine. Il fait un stage ici et m'accompagne parfois aux concerts. Il fait de la musique électronique et on essaiera peut-être de collaborer ensemble bientôt. On s'entend super bien, c'est facile de discuter même si on se connaît à peine.

Julia : C'est dans l'atelier de Julia que j'ai trouvé le violoncelle sur lequel je joue depuis mon arrivée ici. Les instruments qu'elle fabrique sont magnifiques et c'est une personne très inspirante. On ne s'est pas vu souvent, mais à chaque fois on a pris le temps de boire un thé ensemble et parler d'une foule de choses. La lutherie est un mystère pour moi ; pour elle c'est son quotidien, sa passion.

Markues : J'ai connu Markues par Tinder. On est allé manger une sandwich ensemble un soir et on s'est tout de suite bien entendus. Il est artiste et fait surtout de l'installation. Il travaille également pour d'autres artistes et dans des galleries d'art. On se croise à l'occasion à SchwuZ ou Icky et c'est toujours un plaisir de le voir, avec ses cheveux très longs et son visage expressif.

Nick : J'ai répondu l'annonce facebook de Nick qui se cherchait des musiciens à enregistrer et depuis ce temps, c'est mon preneur de son officiel. Il étudie à WAVE, une école pour le son, les enregistrements, les consoles, etc. Il est bien agréable à côtoyer et découvre, à travers les enregistrements qu'il fait de moi, une musique totalement nouvelle pour lui.

WG-Leben : la vie à l'appart


Depuis le mois d'avril, nous partageons à trois personnes le 3½ de Sarah sur Framstraße. J'avais hâte de voir ce qui allait se passer, et ça se passe très bien. J'habitais sur le divan dans le salon depuis un mois ou deux et maintenant je suis retourné dans la chambre. Le salon est devenu la chambre de Sarah et Clara. Elles ont gardé le matelas et on est est allé me chercher un matelas gratuit. J'ai donc maintenant un lit double. Plus le temps passe, plus je me rends compte à quel point je fais une bonne affaire à 300€ par mois tout inclus. Je regarde parfois les sites de recherche de colocs -- on sait jamais! -- et même dans les banlieues les plus reculées on ne voit pas aussi peu cher. Sur facebook, aussitôt que quelqu'un met une annonce de chambre disponible, son intervention est assaillie par une horde de colocataires potentiels désespérés. Décidément, la recherche d'appartement à Berlin n'est pas choses facile ces temps-ci.

FKK, nudisme, naturisme : peu importe, il fait beau!


La FKK (Freikörperkultur, « culture du corps libre ») fait partie des moeurs en Allemagne et Berlin n'y fait pas exception. Pour beaucoup d'Allemands -- et d'Européens --, être nu en public n'a rien de bien spécial et le terme FKK ne fait pas sourciller grand monde. Si on compare à la culture québecoise, ou nord-américaine j'imagine, on prend une méchante drop.

La piscine municipale près de chez-moi offre une période FKK le mercredi soir et les sauveteuses ou sauveteurs présents s'occupent de faire respecter la nudité. À quelques reprises, j'ai vu des gens arriver avec leur maillot de bain à la piscine, se faire accoster par un employé, et tout simplement enlever tout sans hésitation. J'ai fait mes recherches, et j'ai vu que la Fédération québecoise de naturisme louait parfois une piscine à Montréal ou Québec. Il faut cependant communiquer avec eux pour savoir dans quelle piscine ça se passe, et avec mon regard d'immersion allemande, je ne comprends pas trop ce qu'ils ont à cacher. « Rien à cacher », bonne métaphore!

Des sections de plusieurs grands parcs du centre-ville de Berlin sont occupées par celles et ceux qui pratiquent le bronzage intégral et ça ne dérange personne. Je trouve ça génial de voir se côtoyer, de part et d'autre du sentier, des gens tous nus et des femmes musulmanes portant le voile intégral. En Allemagne, contrairement au Québec, être nu n'est pas illégal. En y pensant bien, il y a quelque chose de profondément ridicule dans le fait d'interdire la nudité. À cause d'une poignée de pervers? Il me semble que ce sont les interdictions qui cultivent les pervers et les dépravés, au lieu de les prévenir.

Au Québec, quand on parle de nudité on voit toujours le mot « naturisme » et je suis allé voir ce que ça voulait dire vraiment : « Le naturisme est une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en commun... » (tiré de la Fédération québecoise de naturisme, mais c'est pas mal la même définition partout). J'ai réfléchi à ça un peu. Je me suis demandé si, quand j'allais nager à poil à la piscine municipale, je me sentais « en harmonie avec la nature », si, quand j'allais dans un parc aménagé profiter du soleil c'était « en harmonie avec la nature ». Évidemment que non, si je voulais de l'harmonie avec la nature, je serais plutôt en train de courir dans le bois loin de la civilisation. Du moins, je chercherais des endroits plus « naturels » qu'une piscine intérieure ou un parc toujours propre au gazon bien taillé.

Et comme j'ai bien du temps pour réfléchir à toutes sortes d'affaires cette année, j'ai eu la réflexion suivante : j'ai l'impression que les « naturistes » sont des gens comme moi qui aiment juste ça être à poil de temps en temps et qui, face à l'incompréhension de leurs proches et de la culture nord-américaine en général, ont jeté leur dévolu sur l'argument de « l'harmonie avec la nature ». Ils justifient leur envie d'être nu par un appel à la nature, un exemple classique de raisonnement logique qui ne tient pas trop la route. Enfin, plusieurs sont sûrement sincères en disant ça. Quant à moi, ici en Allemagne, je ne sens pas que j'aie à me justifier à personne. L'autre partie de la définition de naturisme, « pratiquer la nudité en commun », ne m'interpelle pas trop non plus. Le fait qu'il y ait plusieurs personnes toutes nues au même endroit fournit un espace sécuritaire mais je ne sens pas l'envie d'interagir avec eux pour autant, et vice-versa, puisqu'on ne m'a jamais abordé dans un tel contexte.

Une fois débarrassé, pour moi personnellement, du mot « naturisme», il reste le mot « nudisme », dont je n'arrive pas à trouver une définition satisfaisante. Il semble que ce soit associé aux pervers, lointain héritage de la religion, pour qui la nuditié va de pair avec l'érotisme, la porno, etc. « Nudisme » aurait une connotation péjorative. À ce sujet, j'ai aussi la réflexion suivante : pourquoi est-ce si problématique la porno dans un contexte d'adultes consentants?

Enfin, tout ça est peut-être le signe que mon immersion berlinoise fait son chemin. Je me sens bien avec moi-même et je m'en fais de moins en moins avec les haters, réels ou imaginaires.