samedi 16 juin 2018

été 2018, jours 16-17-18-19-20-21-22-23-24-25/79

Oups je n'ai pas écrit depuis quelques jours et je n'ai rien noté.

Quelque part, dans un univers parallèle, il me semble, mon comptable (à Rimouski!) a fini ma déclaration d'impôts et il me reste à signer les documents. C'est moi qui donne au gouvernement cette année, j'espère que ce sera bien utilisé.

Au cours des derniers jours j'ai eu la visite de mes amis Wouter de Belgique et Louis-Frédéric de Montréal, anciennement Rimouski. J'ai fait un gros programme de tourisme alternatif pour Louis-Frédéric (et moi!). J'écris ceci au lieu d'aller au musée Pergamon, y'a toujours bien des limites.


07.05 spectacle de Manuel Roque


Cette fois mon blog devient un véritable article à lire sur le site neomemoire. J'ai travaillé pas mal fort sur ce texte et je suis assez content du résultat. Au cours des derniers jours, j'ai complété la lecture de Surfacing de Margaret Atwood et j'ai poursuivi ma énième lecture de Naked Lunch de William S. Burroughs. Je crois les reconnaître un peu dans ma traduction anglaise.


08.05 Critique biaisée #3 : Teufelssee 7.5/10


Description de l'idée des critiques biaisées : évaluer les 11 lieux où j'irai me baigner cet été selon des critères ouvertement absurdes tels la musique que j'écoutais en m'y rendant, les rencontres que j'y ai faites, la facilité d'accès du lieu, la beauté du paysage ou quelque chose du genre, la température ce jour là, la qualité de la baignade et de la plage, etc.

Je prends le S-Bahn et je n'ai aucun transfert à faire avant l'arrêt Heerstraße. J'écoute Stockhausen, la version pour trompette et orgue de Tierkreis. Pour la marche, Google indique 20 minutes mais je me doute que ce sera plus long. À partir de Heerstraße, c'est les applaudissements du début de Nirvana, Unplugged in New York qui me mettent en route. About A Girl, Come as You Are, Jesus Doesn't Want Me for a Sunbeam, The Man Who Sold the World, Pennyroyal Tea, Dumb – il y a des petits groupes de gens devant moi, des gens qui passent en vélo et en auto sur cette route qui ne mène qu'au lac, rassurant  Polly, On a Plain, Something in the Way, Plateau, Oh, Me. Enfin rendu.

Le lac n'est pas très grand, il y a un petit quai flottant en plein milieu, des gens rassemblés dessus. L'eau est un peu froide mais bonne pareil. Il y a beaucoup de monde mais ça ne se sent pas. Il n'y a pas vraiment de plage, plutôt plusieurs ouvertures sur le lac. Les gens de tous âges sont installés un peu partout sur un grand terrain découpé de morceaux de forêt. La madame à côté de moi surveille mes affaires pendant que je vais nager. Je lis pas mal.

Je quitte vers 20 h alors qu'il fait encore très clair. La marche du retour est encore plus longue, une quarantaine de minutes, je pense à la petite boulangerie dans l'entrée du S-Bahn et son deal sur les sandwiches. Je finis d'écouter Unplugged et me concentre sur Let Me Hang You, l'excellent album de lectures de William S. Burroughs avec Bill Frisell (guitare), Eyvind Kang (violon), Wayne Horvitz (piano), King Khan (co-prod?), M. Lamar (voix), The Frowning Clowns (garage punk).

En conclusion, Teufelssee est le meilleur lac visité à date. Il y a beaucoup de gens et on s'y sent bien, il fait beau. Sa note serait pas mal plus élevée avec un lift entre l'arrêt de métro et l'entrée du site, surtout après avoir chillé au soleil et nagé pas mal.


08.05 soirée : TheOTHERLab au Café Futuro


En revenant, serviette humide dans mon sac, je m'arrête au Café Futuro pour y découvrir TheOTHERLab, un spectacle de trash drag comme il ne s'en fait qu'ici. Je revois des amis, Vincent et Musty Stache, par hasard, mais je n'irai pas veiller avec eux jusqu'aux petites heures. Le Café Futuro est situé juste à côté de l'appartement où j'ai habité pour la majeure partie de l'année 2015-2016. Je revois sa devanture, je mange une sandwich soudanaise à mon spot préféré au coin de la rue. Des choses changent, d'autre restent pareilles.


09.05 soirée : aller rejoindre Wouter + clubbing au Schwuz


Mon ami Wouter, de la Belgique, rencontré ici en 2015-2016 est en ville! Après avoir eu un peu de difficulté à se joindre, je vais le rejoindre chez les amis où il est hébergé. On bois un peu de vin blanc cheap, il faut vraiment chaud, puis on sort à Pop Kicker, une soirée au Schwuz. Je n'aime pas tellement la musique et l'ambiance de Pop Kicker mais je suis super content de revoir Wouter après 2 ans. Un vrai ami, comme si on s'était vu hier.


10.05 Euhhh


J'écris ceci une semaine plus tard et bien honnêtement, aucune idée de ce que j'ai fait dimanche le 10 juin. Je relis des conversations facebook et il semble que j'ai passé entre autres pas mal de temps sur mon texte pour neomemoire. J'étais supposé revoir Wouter mais ça n'a pas adonné.


11.05 soirée : arrivée de Louis-Frédéric, karaoké au Monster Ronson's


Louis-Frédéric a chanté je ne sais plus quelle toune qui a fait quitter tout le monde hahah bien joué. J'ai fini la soirée très tard, peut-être vers 4:00 AM, avec Champagne Supernova de Oasis en compagnie de Louis-Frédéric et trois personnes de Londres, il me semble, rencontrés au hasard.


12.05 après-midi : Session avec Céline


J'ai rencontré Céline lors de la série de concerts à Kühlspot à laquelle j'ai assisté. On rencontre parfois quelqu'un comme ça, dans un évènement, on discute, on se dit qu'on devrait jouer ensemble un de ces quatre, et finalement rien ne se passe. Mais cette fois, oui. Et c'est une bonne session, la rencontre violoncelle et piano pose plusieurs défis qu'on explore de plusieurs façons. À refaire!


12.05 soirée : visite au Klunkerkranish et Weeeirdos au Loophole


Il y avait un show au Klunkerkranish mais nous avons préféré nous rendre au Loophole après avoir profité de la vue sur le skyline bien particulier de Berlin qu'offre Klunkerkranish, un bar situé sur le toit du stationnement intérieur à étage du gros centre d'achats de Neukölln.

À l'évènement de Weeeirdos au Loophole, nous arrivons à temps pour Sorrelle et Adore Adore, deux présentations solo qui reposent sur la danse en intégrant projection vidéo et poésie. J'aime voir la danse contemporaine placée et appréciée telle un show de musique expérimentale : les looks des gens dans l'assistance, les murs, l'espace, l'éclairage, tous les signes extérieurs d'un show de musique, et soudainement c'est de la danse. La soirée se termine avec Godmother, un duo voix, synthé avec une drag queen au saxophone. Très lo-fi, très bon. Mention spéciale à la personne qui faisait du traitement vidéo live tout au long de la soirée, vraiment hot. 


13.05 : pratique solo et lecture de Louise


Une journée à pas faire grand chose sauf une bonne pratique de violoncelle. Ensuite, je vais voir mon amie Louise Marquise qui lit son projet « Lettres d'une fille à son père » à Ludwig. Vraiment vraiment étrange d'être sur une rue de Berlin et soudainement comprendre tout ce qui se dit autour de moi. Et pendant. Louise lit ce qui semblent être des pages de journal intime qui parlent de son père, qui a passé beaucoup de temps à l'hôpital avant de décéder. Une des meilleures lectures auxquelles j'ai assisté. Louise est vraiment une bonne lectrice, elle tient son auditoire comme ça, sans micro, avec des changements dans la voix et l'expression sans que ce ne soit théâtral ni pathos.


14.06 après-midi : Session avec Gerhard


Gerhard est venu me rejoindre chez moi. Au lieu d'apporter son violon, il avait apporté un mélodica. Nous nous sommes rendus à son local de pratique et nous avons fait un duo de feu!


14.06 soirée : Essaie pas au Berghain


Marie et Pierre de Essaie pas ont donné un show vraiment bon à Säule, la nouvelle petite salle du Berghain. Ça cognait! Ensuite il y avait un show de noise avec un.e chanteur.euse qui disait « fuck you » et se jetait dans le monde. Ensuite une DJ Française incroyable. On est sorti de là vers 5:30 AM je crois bien.

15.06 début d'après-midi : Rencontre avec une future coloc


Je dois me trouver un appart. pour le mois de juillet. Aujourd'hui j'ai rencontré Andrea et son fils de 10 ans, je pense, chez qui je vais probablement habiter du 1er juillet jusqu'à mon départ. J'ai vu son annonce sur un site de recherche de colocation et je me suis dit que ça serait vraiment bien d'essayer un autre Berlin.

Je continue avec cette théorie selon laquelle il y a autant de points de vue sur une ville que de personnes qui y habitent. Par exemple, mon expérience de Québec est complètement différente de celle de quelqu'un qui habite à deux rues de chez moi et qui a un emploi du temps différent. C'est ma théorie, plus marquée peut-être à Montréal, que j'ai ressentie de façon tellement différente quand j'y ai habité le quartier Villeray à l'été 2015 que pendant les 8 ans de mon petit appartement de Centre-Sud. Sortir, voir la rue. Choisir le café le plus proche, la ligne de métro ou de bus, les gens qu'on y voit.

J'habiterai donc fort probablement le quartier Charlottenburg à Berlin pour la deuxième partie de ce séjour. Le quartier se trouve du côté nord-ouest de la carte de Berlin et j'ai toujours habité les quartiers du sud-est : Kreuzberg, Neukölln et maintenant Treptow. À première vue, c'est effectivement complètement autre chose. Très propre, très beau au sens conventionnel du terme, je suis près de la rivière, près de Tiergarten, près d'une ou plusieurs universités majeures. Il n'y a cependant pas de dépanneurs, de fast-foods, de boulangeries et de cafés à tous les coins de rue.

Andrea et son fils ont l'air très cool (elle portait un t-shirt de Sisters of Mercy). L'appart est grand et ils sous-louent cette chambre à court-terme depuis plusieurs années. Andrea aime exposer son fils à d'autres cultures, etc. Je me donne la journée pour y penser. 

15.06 fin d'après-midi : Au hasard à Schöneberg


En partant de Charlottenburg, j'ai pris le métro un peu au hasard et j'étais sur la ligne vers le café Romeo und Romeo (quel nom...) dans Schöneberg. J'y ai passé quelques heures avant de prendre l'autobus vers un magasin de skate. J'ai besoin d'une nouvelle paire de jeans noires. Dans l'autobus, j'ai eu la surprise de passer devant plusieurs des éléments emblématiques de Berlin : Tiergarten, la Siegessäule, le zoo, la porte de Brandebourg, la cathédrale, etc. Comme mon magasinage de jeans a été infructueux, ce sera pour une autre fois, une autre occasion de me rendre dans un autre lieu.

15.06 soirée : TheOTHERLab à Café Futuro + clubbing au Schwuz


Le show de trash drag queen TheOTHERLab au Café Futuro était particulièrement random! Une queen fait une narration queer d'un extrait de film du National Geographic sur je ne sais plus quelle espèce de poisson. Une queen fait un stand-up complètement déconnecté, qui commence par son expérience de harcèlement de rue pendant un trip de LSD et qui finit par la morale suivante : même si c'est tentant, il faut se retenir de péter sur ceux qui nous oppressent, et quand on retient nos pets comme ça ils prennent l'odeur du parfum Chanel. L'autre queen fait un numéro incompréhensible avec support vidéo, elle rencontre un génie à qui elle fait le souhait d'être populaire. Et pour conclure, ma préférée, Olympia Bukkakis, qui est maintenant une légende à Berlin – j'était un régulier de sa soirée hebdomadaire à The CLUB avant que les choses ne changent : The CLUB est devenu poche et a fermé peut-être, Olympia pendant ce temps fait une maîtrise en danse et fait moins de scène. Elle nous livre un texte assez théorique, de dos avec un voile de mariée sur lequel est projeté un film de fumée, puis un lip synch duquel on ne peut pas détourner les yeux.

Ensuite, on croise mon ami René devant la place de sandwich soudanais. Puis on va à Hot Topic à Schwuz. Trois pistes de danse, d'un côté Justin Bieber, Rhiana, Jennifer Lopez. De l'autre, Nirvana, Elastica, System of a Down, As I Lay Dying. J'ai mal dans le cou. Si j'ai bien compris, tous les profits de la soirée de ce gros club vont à une cause qui change à chaque édition de Hot Topic. On est sorti de là vers 4:30 AM je crois bien.


16.06 J'écris un blog avant de tout oublier


Louis-Frédéric repart demain très tôt alors il n'y aura pas de gros party ce soir. Pour ma part, il faudrait bien que j'aille à l'épicerie (voeu pieux) car demain, dimanche, tout sera fermé.

jeudi 7 juin 2018

été 2018, jours 14-15-16/79

Ce soir, je suis l'invité de l'attachée culturelle du Québec à Berlin. Voici comment c'est arrivé, mais avant, les péripéties du quotidien et un début de réflexion sur la culture du temps.

Culture du temps, temps de culture

Je suis arrivé ici en famine culturelle. Les évènements ne manquent pas à Québec, et j'assiste régulièrement à toutes sortes de spectacles, soirées, lectures, en plus d'en organiser, mais en débarquant de l'avion à Berlin je savais déjà que mes prochaines soirées allaient toutes se passer dans des concerts. Il faut dire que l'offre ici est plus que décuplée, avec de la haute voltige tous les soirs, particulièrement du côté de la musique improvisée. C'est motivant. Il faut dire aussi que je n'ai que ça à faire; j'ai du temps.

Mais tout le monde a du temps ici on dirait. Je vois tant de personnes déambuler dans la rue, pas plus pressés que ça. Les cafés, les petits restos, les boulangeries avec quelques tables, les bars grands comme ma main comme les clubs géants, les parcs, les viaducs au dessus des rails de S-Bahn, les petits ponts qui traversent la rivière Spree, tous ces endroits recouvrent littéralement la ville; les commerces occupent tous les rez-de-chaussée de tous les immeubles de part et d'autre des rues, les rambardes et les bancs s'accumulent, usés de tant de temps humain investi à ne « rien faire ». J'exagère à peine. Les laptops et leurs humanoïdes connectés sont très rares dans les cafés, où l'on va plutôt entre ami.e.s pour jaser. Et tous ces endroits de l'espace commun, commerciaux ou non, sont bien remplis, à toute heure du jour et de la nuit.

Flashback Québec. Je vois le café Nektar rempli de gens qui travaillent à l'ordinateur, les artères principales traversées rapidement pour se rendre du point A au point B. Il semble qu'on doit avoir une raison, possiblement reliée au travail, une commission à faire, un but précis, pour occuper l'espace public au Québec. Peut-être que le climat, le gel la moitié de l'année, nous conditionne. Peut-être que la disposition des commerces, tous concentrés aux même endroits, détermine la vitesse de notre pas. Peut-être que l'architecture urbaine, carrée et lisse, nous oriente et nous indispose sans le savoir. Question de culture? Et si tout le monde fucking ralentissait.

Retour à Berlin. Dans le cercle de la musique improvisée, il est assez commun de s'inviter à des sessions, c'est-à-dire de réunir 2-3 musicien.ne.s et créer ensemble, sans qu'il y ait un projet de concert ou d'enregistrement à venir. J'ai moi-même fait une session avec Klaus Kürvers (contrebasse) et Philippe Lemoine (sax tenor) l'autre jour, je fais une session avec Céline Voccia (piano) la semaine prochaine, je planifie une session avec Ulf Mergensen (contrebasse) et peut-être Eric Bauer (électroniques) très bientôt. Note à moi-même, qui trouve toujours que je n'en fais pas assez : ça fait à peine deux semaines que je suis à Berlin.

Flashback Québec. Je n'ai jamais vu ça ici, une session. Ah oui peut-être une fois en 2007-2008 avec Charity Chan (piano) et Lori Freedman (clarinettes) à La Brique dans le temps que j'y avais un local à Montréal. Il semble qu'il faut organiser un concert pour qu'une occasion de jouer ensemble se présente. C'est moi? Je plaide coupable. C'est nous? Aussi. Où est le temps? Nous faisons une musique de l'instant, mais qu'en est-il de la spontanéité de nos rencontres? Est-ce que ce sont les espaces où c'est possible qui manquent?

Théorie : disons que 0,5% de la population a ce temps dont je parle, le temps d'aller chiller dans un parc après avoir écouté tous les épisodes de Orange is the New Black sur Netflix (c'est bien ça que les gens font ces temps-ci?). À Québec, communauté urbaine de 807 200 personnes sur 3340 km^2, ça représente 4000 personnes; à Berlin, secteur urbain de 4 100 000 personnes sur 1 347 km^2, ça représente 20 000 personnes. Bonne piste. Mais ça n'explique pas tout. Enfin, peut-être que 20 000 personnes qui chillent seraient assez pour donner l'exemple et changer toute une société.

Je continue donc à explorer les différentes avenues du temps berlinois. Je demande aux gens comment ils occupent leurs journées, leurs semaines, comment ils font pour arriver et avec la disponibilité d'investir du temps de culture.

04.06 Chanter du Marjo dans un karaoke à Berlin


Critique biaisée #1 : Grunewaldsee 2/10

Description de l'idée des critiques biaisées : évaluer les 11 lieux où j'irai me baigner cet été selon des critères ouvertement absurdes tels la musique que j'écoutais en m'y rendant, les rencontres que j'y ai faites, la facilité d'accès du lieu, la beauté du paysage ou quelque chose du genre, la température ce jour là, la qualité de la baignade et de la plage, etc.

Description de mon parcours en direction de Grunewaldsee : Wayne Shorter dans mes écouteurs, une heure de transport + marche très facile et agréable. Description des lieux : belle forêt. Expérience de la place : ce qui aurait dû être la plage selon le site internet que j'ai consulté est finalement un parc à chien. Extension à tout le territoire de Grunewaldsee, que des gens avec des fucking chiens. Surprenant de ne pas y voir de crottes de chien nulle part par contre. La baignade était bonne mais aussitôt que j'ai sauté à l'eau la « plage » s'est rempli de #gens avec leurs chiens, un chien a mangé ma bouffe! et c'était pas super. Un autre baigneur, avait l'air sympathique mais je lui ai parlé et il n'était pas réceptif.

[mettre une photo ici]

Critique biaisée #2 : Halensee 5/10

Environnement urbain : en plein à côté d'une artère principale, le vrombissement des moteurs en permanence. Bonne ambiance, très tranquille avec plein de gens qui se font bronzer sur l'herbe. C'est un parc avec un peu de relief (parler du fait que le relief est rarissime à Berlin, ville plane), les gens sont dans la côte. On se sent assez safe pour que plusieurs laissent tous leurs effets personnels sans surveillance pendant qu'ils vont nager (pas moi, mon passeport). L'eau était bonne. Facilité d'accès vraiment, à condition de trouver l'arrêt de bus mal indiqué sur ma carte. Bus direct à deux étages, une heure jusqu'à chez moi, à la porte.
Plusieurs baigneurs, échanges de sourires.

Surprise, mon amie la poète Natasha Kanape Fontaine est en ville

Je l'amène au Monster Ronsons Ichiban Karaoke et on se rend compte qu'il y a du Marjo dans les choix. Description de la soirée On chante jusqu'aux petites heures. J'ai aussi fait Cash City de Luc de la Rochellière. Et Drama de L7.

05.06

Pratique de violoncelle. Je suis allé voir la lecture de Natasha à Ratatouille, espace culturel francophone à Berlin. J'y revois Jennifer Dummer que je trouve très cool, amoureuse de la culture québecoise et qui fait beaucoup de travail pour la diffuser à Berlin. Souper de dignitaires avec Josephine Bacon, etc. J'y rencontre Sonja, une traductrice qui vit le 2/3 de l'année à Gatineau et le reste du temps à Berlin : dans mes contacts sur mon cell. J'y rencontre la responsable de l'Antenne de Québec à Berlin. Dire c'est quoi.

Show de drag au Monster Ronson's, suivi d'un fantastique DJ. Tout le monde danse, personne assis sauf au fumoir. Right on.

06.06

Pratique de violoncelle. Le burger mangé chez Lily Burger Neukölln, un gros wow. Manqué perdre mon téléphone en buvant un thé au Ludwig. Réflexion sur le téléphone. Le téléphone dans ma vie : spontanéité des déplacements, organisation, etc. Le téléphone chez les berlinois.e.s : les gens s'en servent pour parler au téléphone (!).

07.06

Épicerie. Blogue. Écouter du Sonic Youth. Aller récupérer mon téléphone au Ludwig (avait été avalé par le fauteuil, sympathique propriétaire m'a contacté hier soir tard). Aller voir Manuel Roque, chorégraphe de Montréal, à Potsdam, le Laval de Berlin.

Go!


lundi 4 juin 2018

été 2018, jours 10-11-12-13/79

Aujourd'hui 04.06


J'ai fait des toast dorées et on a déjeuné entre colocs, Achim et moi. Yé!

Je suis tombé sur un site internet qui liste onze endroits où aller nager à Berlin et j'ai décidé de tous les faire, dans l'ordre donné sur le site, d'ici la fin de l'été. Je me prépare donc à aller à Grunewaldsee, un lac naturel du côté ouest de la ville. Jus d'orange dans mon sac, serviette, je vais me ramasser une sandwich et peut-être un chapeau quelque part en partant.

Ce soir il y a un concert solo de Elliott Sharp (guitare) sur un film de 90 min.. Il y a aussi un concert avec plusieurs artistes internationaux dont Ignaz Schick (table tournante), que j'aime beaucoup. Et d'autres affaires, faudra choisir.

Hier 03.06


Brunch du dimanche chez Christoph, à l'invitation de Flatter. On était une douzaine, c'était très cool, la moitié du monde travaillait pour Die Linke, le parti de gauche de l'Allemagne. Une table couverte de victuailles (évidemment presque tout le monde est vegan) dans le salon de trois colocs sur Frankfurter Allee.

10 points si vous savez à quoi je pensais en prenant cette photo dimanche matin au S-Bahn Plänterwald 
Ensuite on chill au parc avec Flatter, deux Mexicains Oscar et Carlo en échange universitaire et un Portugais dont j'ai de la misère à prononcer le nom João, tous vraiment smattes. On jase culture, politique, de tout et de rien.

Souper dans un squat. Il y a un listing de tous les squats de Berlin sur internet, et plusieurs font de la bouffe collective, végane, etc. et annoncent leurs repas là dessus. Soit ils l'offrent ou vendent pas cher. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais finalement pour 2,50€ on a eu un plat de nouilles, tofu, légumes vraiment bon et un dessert de pudding au riz avec des fruits encore meilleur, le tout dans un endroit qui avait beaucoup plus l'air d'un resto régulier que d'une dompe... tout l'effort d'organisation que ça doit prendre pour faire fonctionner ça en marge de la société m'impressionne. Il y a toute une culture et une histoire punk à Berlin, des gens qui occupent des immeubles complets, non sans tension avec la police, depuis plusieurs plusieurs années, et qui sont très bien (anarcho)organisés(?).

Concert dans un sous-sol (il fallait écrire un email à l'organisation pour avoir l'adresse). Excellent concert, une trentaine de personnes sur les lieux, tout le monde très attentifs comme d'habitude. Anecdote : c'est le sous-sol du bloc appartement où habite Stefania, la danseuse avec qui j'avais mon projet Piolet-Traction en 2015-2016. Quel adon, je l'ai croisée en arrivant!

Kurt Ralske (sax soprano)
Andrew Lafkas (contrebasse)
Hannes Buder (violoncelle)
///
Kamil Korolczuk (lecteur cassette, électroniques)
Eric Wong (guitare)
Philippe Lemoine (sax tenor)
Eric Bauer (synthé analogue, objets)

J'ai rencontré un Américain au concert, Keith, vraiment vraiment smatte! Il était de passage pour une conférence avec son université (une de ces universités alternatives américaines), je lui ai fait un parcours non-touristique de Neukölln de nuit, il fait de la musique aussi. Les hasards du voyage!

Avant-hier 02.06

J'ai passé pas mal toute la journée à l'appart., j'étais dû. J'ai fait l'épicerie lavé le plancher, Achim était pas là, j'ai niaisé pas mal, parfait. En passant, pour 14€ : pain, lait (coco), oeufs (10, poules en liberté), fromage (grosse brique), nutella (faux), confiture, nouilles, sauce à spag, 3 piments, jus de pomme nature.

Une première épicerie dans une colocation pas strictement vegan,
ça veut dire les premières toast dorées du voyage

J'avais besoin d'une ceinture. Critères : noire, pas en cuir, pas avec une grosse boucle, pas trop mince. Je suis entré au Humana (genre de Village des valeurs) et j'ai trouvé exactement ça, pour 1€.

Enfin un concert poche! Si c'est bon tout le temps, c'est que je n'ai plus de jugement. Alors voici que je me pointe au Maze, un très très beau bar, très sombre, avec des divans (propres) partout, éclairage minimal, projections abstraites sur les murs, on devine des oeuvres d'art en métal. J'étais là parce que j'avais vu qu'il y aurait du noise, du violoncelle et des suspensions. C'était annoncé pour 20 h, ç'a commencé à 22 h 15 (ghhhh, come on). Premier set : violoncelle solo complètement inintéressant, le gars fait le même rythme un peu platte du début à la fin, tient son archet tout croche si bien qu'il pète la moitié des crins, joue presque uniquement en cordes ouvertes (non!) mais un moment donné il fait quelque chose qui sonne vraiment bien avec une cymbale contre les cordes, à voir. Deuxième set : duo de noise assez peu intéressant aussi, à mon avis, quoique un des gars utilisait un dispositif qui réagissait à la lumière, j'ai aimé voir sa lumière clignotante blanche, sa lumière de vélo rouge, sa mini boule disco et leur rendu sonore. Troisième set : duo de noise encore une fois assez poche, avec le « show » de suspensions. Je m'attendais à voir des gens qui se rentrent des crochets dans la peau et se suspendent, immobiles et fragiles au-dessus du sol. J'ai déjà vu ça et c'est très impressionnant. Là c'était une genre de fille gothique sexy avec la fille butch en arrière qui lui enfile des cordes autour du corps, façon bondage, avant de la suspendre dans les airs. Bof. Aucun risque, et le tout assez sexiste, même si c'est dans l'optique d'un collectif de suspension, bondage, féministe. En tout cas, je suis parti avant la fin!

Le set-up que tu observes pendant une heure alors que le concert ne vient pas à bout de commencer.
Coin supérieur gauche : l'anneau pour la suspension. À droite : table typique de show de noise.
Anecdote : Je m'en viens un peu trop confiant avec le système de transport en commun. En partant du show platte au  Maze, je me dirige dans la direction opposée d'où j'étais arrivé, me disant qu'il y a peut-être quelque chose de plus intéressant en chemin. Rien. [NDLR : Rien, sauf genre 4 bars et 6 restos, plus d'une centaine de personnes croisées en quelque 200 m]. J'arrive à la station Platz der Luftbrücke, que je reconnais mais que je n'ai pas visitée souvent. Je regarde ça, parfait le U-Bahn qui passe là va me mener à la station Tempelhof. Rendu à Tempelhof je pense être rendu chez moi, je sors, je ne reconnais rien. Et voilà, j'habite Treptower Park, pas Tempelhof, oups. Les noms se ressemblent pourtant! On cite Judy Quinn? « Combien de tels endroits existent / les mêmes prénoms à l'infini ». Pas grave les deux stations sont connectées par une ligne de S-Bahn. J'attends donc le S-Bahn, c'est la nuit rendu là. Il y a beaucoup de gens comme toujours et après un quart d'heure d'attente, mon train est annoncé pour dans cinq minutes. Arrive un train, je ne regarde même de quel parcours il s'agit, mon train arrivera dans cinq minutes, non? Le train repars, et je me rends compte que c'était le mien et que le prochain est dans 20 minutes. Re-oups! Alors je retourne sous la terre pour prendre un U-Bahn vers Hermannplatz, je sors et je prends mon amie la bus de nuit N94 qui m'apporte direct chez moi.

Note : il y a un parcours d'autobus direct de Platz der Luftbrücke à chez moi, le trajet qui m'a pris un peu plus d'une heure aurait pu me prendre 20 minutes max.

Note : belle démonstration de l'efficacité du système de transport en commun ici, pour qui sait s'en servir. Malgré mes erreurs, à aucun moment j'ai senti que j'allais rester pris quelque part, que j'allais être obligé de marcher une heure, que j'allais devoir retourner sur mes pas. Aucun stress. J'ai juste continué à tracer un arc de cercle en connectant les stations jusqu'au point B.

Note : ce jour-là, j'avais décidé de redonner une chance à l'album The Flowers of Romance de Public Image Ltd. Quand même sur la liste des albums préférés de Kurt Cobain. [NDLR : Un petit google pour m'assurer de l'orthographe et je me rends compte que Flowers of Romance est aussi le nom d'une série de parties synth wave minimal wave postpunk à Berlin, tiens donc. « les mêmes prénoms à l'infini ».]  J'ai eu la chance de l'écouter au moins trois fois au complet grâce à mes (més)aventures.

Avant-avant-hier 01.06


J'ai été prendre une marche dans Treptower Park à côté de chez moi. C'est énorme et beau.

J'ai joué avec Klaus Kürvers (contrebasse) et Philippe Lemoine (sax tenor) chez Klaus. Première session avec le violoncelle rouge, très bien!

Il a plu un peu, j'ai été boire un café au k-fetish.

Après avoir déposé le violoncelle à l'appart, j'ai été rejoindre Achim, Saphira et d'autres à la Galerie Studio St. St., mieux connue sous le noms de chez Juwelia, la drag queen qui est là, tout le temps, depuis des années. Elle a chanté, avec sa vraie voix de tête qui casse un peu, des compositions un peu jazz accompagnée d'une trame préenregistrée. Elle a un charisme incroyable. J'ai acheté son CD et je pourrai revivre ce moment une autre fois.