mercredi 1 août 2018

été 2018, jours 57-58-59-60-61-62-63-64-65-66-67-68-69-70-71-72/79


Et il ne me restait soudainement plus qu'une semaine à Berlin.

Vague de chaleur sur la ville (36˚C hier), je reviens donc écrire au concessionnaire Mercedes. Les rituels, si vite installés. Le restaurant Mercedes est fermé ce midi, mais pour compenser, le café est gratuit. Accepté! J'espérais un peu d'air climatisé, très peu répandu à Berlin; déception au temple vitré du char de luxe, on n'a pas idée de frigorifier les clients. Très bien.

Début de conclusion de voyage : mes bagages étaient parfaits pour 79 jours cet été. J'ai apporté exactement le bon nombre de t-shirts, chemises, bas, boxers, etc. Liste à valider et réutiliser :
  • 10 t-shirts
  • 3 chemises
  • 2 polo
  • 10 boxers/bas
  • 3 gilets chauds
  • 2 pantalons (+ celui que je porte)
  • 1 culottes courtes
  • 1 maillot de bain
  • 1 serviette
  • mon petit speaker bluetooth
  • 3 convertisseurs de plug canadienne vers allemande (ça vaut vraiment la peine d'en avoir 3, je ne sais pas pourquoi j'ai passé un an en 2015-2016 à brancher-débrancher tous les jours car je n'en avais que 2)

Une autre fois : conclusion de voyage autour d'un questionnement sur les raisons pour lesquelles je me tue à essayer d'être heureux à Québec alors qu'ici ça me semble si facile.

Dans mon sac en ce moment, « Le langage chorégraphique de Pina Bausch », de Brigitte Gauthier; une lecture passionnante pour vrai. « Outrenuit » de Benoit Jutras, que j'effeuille très lentement depuis le début, un poème de temps en temps. « Nouvelles allemandes », que j'avais commencé avec appétit et qui dort un peu pour l'instant. « Siegessäule », la revue gratuite we are queer in Berlin car j'ai un dernier agenda culturel à consulter.

L'autre jour j'ai teint mes cheveux en noir. Puis à la dernière minute j'ai ajouté de la teinture rouge. Le résultat? Mauve! Très bien. Et ça déteint maintenant bleu... étrange univers que celui des couleurs qui ne suivent pas les règles. Le pendant visuel de la géométrie non-euclidienne?

Mes colocs viennent de partir pour assister à un mariage à Munich. Andrea (je lui ai teint des mèches rouges et bleues avant le départ) reviendra dans 3 jours. Quant à Moritz, son fils de 10 ans, il reviendra quand je serai parti. Nous nous sommes fait nos adieux. On s'attache rapidement!


En rafale


jeu. 19.07 euh, Tegelersee


aucune idée! Ah oui, je crois que c'est la fois où j'ai voulu aller à Tegelersee.


Critique biaisée de Tegelersee : 0/10


J'arrive assez facilement au lieu indiqué par le site internet qui me donne tous ces beaux conseils de lacs où aller nager. Mais rendu là, au bout de 15-20 minutes de marche le long du lac, je me rends bien compte qu'il n'y a rien. Une plage pour les gens qui font du camping en remplacement? Non merci. Vérifiant sur google maps, je vois que la plage que je cherche est en fait de l'autre côté du lac. Celui-ci est de forme ovale assez allongée. Le lac n'est pas petit, ça me prendrait une bonne heure et demi de marche pour me rendre où je veux être, toujours selon google maps. Je suis sur la partie étroite de l'ovale et me place vis-à-vis de ladite plage. Il n'y a personne là. Vérification internet, le lieu est effectivement inactif sur le site officiel de Berliner Bäder. Bon, c'est un zéro sur dix pour cause d'inexistence.

Je commence à avoir faim et soif et comme il n'y a aucun ravitaillement à proximité, je quitte. Sur mon chemin, je me rends compte que je suis assez proche de Flughafensee où j'avais été il n'y a pas si longtemps. Une belle plage facile d'accès. Sur mon chemin, je trouve un rare guichet qui ne charge pas de frais et une épicerie où je me ravitaille pour pas cher. J'arrive à temps pour la fin de la journée.


ven. 20.07 Schangelig


Show à Schwuz de mes ami.e.s les Tunten, drag queens politisées de gauche. Très drôle et diversifié. Entre autres, une lecture enflammée d'un long poème d'Allen Ginsberg que je ne connaissais pas, un lipsync sur une toune de Céline Dion en français, une queen hyper satirique déguisée en militante politique de droite, mon amie Brigitte en star d'un soir et une autre queen qui distribue les paroles d'une chanson qu'elle a composée afin que la foule se joigne à elle en l'honneur de Brigitte, etc. Sentiment de communauté, je regarde ça.


sam. 21.07 Stadtfest et l'appartenance


Teinture faite moi-même + Lesbisch-Schwules Stadtfest dans le cadre du mois de la fierté + chill au bar Die kleine Philharmonie.

Discussion et réflexion avec Alex, qui est venu me rejoindre dans cette densité énorme de fierté dans Schöneberg. La Stadtfest est une version décuplée des Journées communautaires qu'on voit à Montréal et Québec, auxquelles s'ajouteraient trois scènes assez éloignées les unes des par l'étendue de l'évènement. La devise de cette année : « Droits égaux pour les inégaux ». Très bien. Il y a des kiosques pour toutes les associations, tous les groupes politiques, plusieurs banques sont là évidemment, des magasins de dildos, des agences de voyage pour les gays, la BVG (société de transport en commun de Berlin), etc.

Ma réflexion : chacun semble trouver son sous-groupe d'appartenance et s'y investir à fond. La grande ville rend possible, et peut-être même nécessaire, la formation de groupes rassemblés autour de thématiques de plus en plus spécifiques. Hier, c'était les drag queens politisées de gauche qui se réclament d'une tradition allemande de la chose. Quand je parle de s'investir à fond, ce serait, pour ce sous-groupe en particulier, un garde-robe rempli d'accessoires de drag, une sélection de musique dont les paroles sont connues par coeur pour les lipsync, des temps de pratique, d'écriture à l'horaire, etc. en plus de prendre le temps d'assister à tous les évènements des confroeurs (adeptes d'une langue non-binaire : frère et soeur = froeur, pourquoi pas?). Aujourd'hui à la Stadtfest, je vois le club gay d'échecs, la faction berlinoise des Soeurs de la perpétuelle indulgence, deux groupes queer de l'église évangéliste, et les classiques fétichistes du cuir, du latex, les ours, les chiots, etc. On s'imagine assez facilement le genre d'investissement que toutes ces personnes font dans le cadre de leurs activités en lien avec leur sous-groupe d'appartenance.

Je pousse un peu la réflexion : un des aspects du sous-groupe est qu'il devient un tremplin pour se venger de la société hétéronormative. Par exemple, je vois des monsieurs à peu près nus à l'exception d'une bobette et un harnais de cuir. La communauté cuir leur donne la confiance, la sécurité, l'envie de dire fuck you à la norme, celle qui veut qu'à partir d'un certain âge il faille être invisible et tranquille, celle qui dicte quels types de corps ont le droit de se dénuder sur la place publique, etc. Les drag queens quant à elles font l'apologie d'une féminité extrême et le font de façon souvent satirique, le tout dans un contexte où les caractéristiques typiquement masculines (force physique, indépendance, blah blah) sont celles qui sont célébrées. Je dis « se venger » parce qu'effectivement je peux m'imaginer que la plupart des gens que je vois à la Stadtfest ou dans bon nombre de déclinaisons de la fierté dans le monde se sont fait dire comment se comporter, comment bien cacher ce qu'il faut cacher pour ne pas déranger. Le joyeux fuck you du monsieur les fesses tombantes en bobette de cuir, c'est le même fuck you qu'on ravale quand, autour du souper familial, on est la seule personne à qui on ne demande pas de nouvelles de ses amours.

À une certaine époque, voir tout le côté exubérant de la fierté me dérangeait. Dans le vocabulaire du Québec où j'ai grandi, c'est-à-dire les mots d'André Arthur, je me disais que les « plumes dans le cul » n'aidaient pas à la cause. Aujourd'hui, je vois que c'était de l'homophobie intériorisée, c'est-à-dire que j'avais adopté le point de vue hétéronormatif qui détermine quels comportements sont acceptables ou non. L'homophobie, c'est de dire qu'il y a des bons gays (ceux qui portent une chemise carottée, qu'on ne remarque pas), et les mauvais gays (ceux qui ont des manières, ceux qui s'affichent). Et l'homophobie intériorisée, c'est d'être gay soi-même et s'efforcer de toutes les façons, sans même s'en rendre compte, de faire partie de la bonne catégorie; c'est aussi de chier sur les mauvais gays pour montrer à quel point on est du bon côté. Je suis assez en désaccord avec l'argument selon lequel on devrait accepter les gays, par exemple, parce qu'ils sont « comme nous » (c'est le thème de plusieurs campagnes de lutte contre l'homophobie). Il me semble qu'on devrait accepter les gens, point. Ceux qui se fondent dans la masse comme ceux qui détonnent. Enfin, aujourd'hui je me réjouis assez vivement de tous les affronts possibles à la norme. Amenez-en des fuck you, amenez-en de la diversité! C'est bon pour tout le monde en retour.

Mais la musique est abominable sur tout le site du Stadtfest et je cherche le sous-groupe auquel je pourrais appartenir. N'y aurait-il pas, quelque part entre les cocktails de Caipirinha, le groupe de soutien aux personnes vivant avec le VIH, le café Romeo und Romeo et le syndicat des travailleurs gays, un concert de musique expérimentale?

Je ne serai pas l'instigateur de la Queer Union of Improvisers Free and Fighting (je sais bien, QUIFF serait un acronyme fabuleux). Alors je reste avec cette déception d'être comme orphelin de la grande famille LGBTQIA2S+. Je me sens simple membre observateur. Peut-être aussi qu'une bonne partie des gens se sentent comme moi, qui sait.


dim. 22.07 travail à Staatsballett


Suite du PDPTC ISP du RAD + repos


lun. 23.07 travail à Staatsballett et souper de faux-nard


Suite du PDPTC ISP du RAD + souper vegan avec Flatter à Good Morning Vietnam. Je ne suis pas trop adepte de la nourriture végétarienne ou vegan qui essaie d'imiter la viande, mais j'ai été curieux du menu du jour avec tranches de faux canard. C'était vraiment bon! Ensuite, thé et jus à Melitta Sundström.


mar. 24.07 travail à Staatsballett et drag race manquée


Suite du PDPTC ISP du RAD + bière avec les futurs profs de ballet du RAD + une véritable course de drag queens (jeu de mot avec « drag race »), je suis arrivé en retard et j'ai manqué ma chance de voir une gang de personnes en talons hauts, maquillage et perruques qui courent pour leur vie sur le pont Warschauer Brücke au dessus de la rivière. Savoir que ça s'est passé me satisfait!


mer. 25.07 travail à Staatsballett et concert


Suite du PDPTC ISP du RAD + repos, il me semble. On s'étonne de me voir présent à l'appart sur l'heure du souper, avec mes nouilles vraiment ordinaires cuisinées maison.

Ah oui! Concert du fantastique et légendaire violoncelliste Tristan Honsinger avec le non moins légendaire musicien américain Zam Johnson à Sowieso. Il y avait là un pauvre performeur ou danseur qui n'avait aucunement le charisme de se poser devant eux. Il est resté assis dans son coin presque tout le long, ce qui est, à bien y penser, tout à son honneur. Tristan Honsinger (violoncelle, voix), Marie Takahashi (alto), Izumi Ose (voix, piano), Noriko Okamoto (contrebasse), Zam Johnson (guitare, drums), Mano (performance, danse).


jeu. 26.07 Queeerdos


Je ne sais plus trop ce que j'ai fait en attendant d'aller prendre la bière des au revoir avec les futurs profs de ballet PDPTC ISP du RAD que j'ai connus cet été. J'y rencontre une chanteuse d'opéra vraiment loud et passionnée de maths.

Ensuite, j'arrive en retard de plus d'une heure et demie au show de drag queens Queeerdos: The Sequel à Monarch, un bar un peu trash dans une partie un peu trash de Kreuzberg. Je ne pense pas avoir manqué grand chose du début finalement. Je revois Olympia Bukkakis, qui présente un extrait du spectacle que j'avais vu dans le cadre de son projet de maîtrise. Je vois pour la première fois la drag Cher Nobyl. Elle fait un monologue vraiment émouvant sur son expérience de migrante roumaine et le fait que, dans quelques jours, elle vivra sa première gay pride et comment elle a trouvé sa queer family ici, etc. Il y a aussi la drag queen saxophoniste T-Word, que j'avais déjà vue dans son duo GODMOTHER à Loophole.


ven. 27.07 baignade à Plötzensee, poutine et éclipse


Critique biaisée de Plötzensee : 8,5/10

Je m'y rends facilement à vélo. Il faut payer 5€. Section de plage très tranquille à côté du brouhaha des familles, du volleyball, du bar à shisha... Des points de plus car la zone préférée pour se baigner est située un peu plus au large (on y accède par un quai de béton), et on doit entrer direct dans l'eau, complètement, ce qui m'éparge la demi-heure habituelle que je prends à m'acclimater avant d'enfin pour plonger dans l'eau, que je trouve toujours trop froide. Je sais, ce n'est pas un bain. L'eau est vraiment bonne, il fait chaud à Berlin. Des branches de sapin semblent pousser dans ce lac là, il y en a plein mais ce n'est pas grave. Plage de sable pas tamisé, il y a des petites affaires pointues au travers, bouts de branches, etc. J'en profite pour faire un peu de business sur mon cell, emails, etc. entre deux sessions de nage.

Ensuite, souper à The Poutine Kitchen pendant lequel j'ai l'idée d'écouter pour la première fois l'intégrale du film de danse Die Klage der Kaiserin (1990) de Pina Baush. Wow. La poutine, so so mais moins pire que la première fois. Et j'ai droit à une bière gratis à cause du temps d'attente, qui m'avait semblé tout à fait raisonnable.

Ensuite, éclipse lunaire! En direct du muret derrière le ZK/U, Zentrum für Kunst und Urbanistik.


J'avais un bon spot pour l'éclipse lunaire.
Je n'étais pas tout seul à y avoir pensé.


sam. 28.07 CSD 2018


La Christopher Street Day 2018 de Berlin, sous le thème mein Körper, meine Identität, mein Leben! (mon corps, mon identité, ma vie!). Il y avait du monde! Près de 60 flottes étaient enregistrées, la plupart provenant du milieu communautaire, avec aussi plusieurs bars/clubs et quelques compagnies. Je cherche les compte-rendus sur internet et on mentionne toujours « des centaines de milliers de personnes ». Effectivement. Peut-être un million?

Je ne suis resté qu'une heure ou deux car j'avais une session spéciale à deux pianos à queue — une première pour moi! — dans l'après-midi : Hartmut Arweiler (guitare), Rémy Bélanger de Beauport (piano, violoncelle), Rosemarie Jäger (piano), Max Stehle (sax, flûte). Je connais mes priorités. Puis j'ai été chiller à Melitta Sundström avant de rentrer sagement. Canicule berlinoise.


dim. 29.07 Plötzensee et concert 


baignade à Plötzensee + souper au vietnamien Angon + concert à Petersbourg Art Space : solo Jonathan Heilbron (claviers rétro bontempi) + duo Adam Asnan (électroniques), Benjamin Flesser (électroniques).


lun. 30.07 Halensee 


baignade avec un ami à Halensee + souper dans Schöneberg, une pizza pas trop safe + bière à Hafen, pas trop mon genre de place avec du monde un peu toute pareil qui se regardent un peu trop à mon goût. Mais c'était très cool de reconnecter avec mon ami A., un pianiste remarquable.


mar. 31.07 session Québec-Japon-Berlin, Gael! et concert


session Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Chino Shuichi (piano), Marie Takahashi (alto). C'était vraiment hot. Dommage que je n'aie rencontré Marie qu'au cours des derniers jours, j'aime sa façon de jouer et elle est vraiment cool. Voilà une Japonaise qui habite à Berlin et qui parle un français impeccable, faut le faire.

Ensuite, Gael est en ville! Après ma session, je vais ranger le violoncelle à la maison et on se rejoint pour une longue marche. Ça fait longtemps (10 ans?) qu'on n'a pas passé du temps de qualité ensemble. Elle me raconte ça, je fais de même. Mehringdamm, Bergmannstraße, le parc Hasenheide Volkspark, ma pizza préférée Pizza Pause dans Neukölln. Puis on va dans un bar très petit et très surchauffé, concert Starling Murmuration Nr. 23 dont on ne voit que deux des quatre parties : Ernesto Cárcamo Cavazos (sheng, voix, électroniques) + Ignaz Schick (tables tournantes), Pedro Serrano (électroniques). C'était la première fois que je voyais et entendais un sheng, instrument dans lequel on souffle et qui ressemble à un orgue très très miniature. Gael dit que ça lui a fait penser à la respiration du yogi; effectivement, comme l'instrument sonne en aspirant ou en expirant, on voit et on entend très bien le contrôle de respiration de la personne qui en joue. L'expérience de ce concert à Loophole m'a fait pensé à ce que j'ai lu du matutishan (sweat lodge, hutte à sueur), version punk.

Si j'étais à Québec, j'imagine que je pourrais faire une série de concerts de musique expériementale dans un lieu surchauffé, attiser la curiosité en appelant ma série matutishan et être donc surpris qu'on me dise que je fais de l'appropriation culturelle. Ah l'ironie, arme par excellence des milléniaux.


Ernesto Cárcamo Cavazos jouant du sheng sur son instagramVidéo ici.


mer. 01.08 écriture


là j'écris mon blog chez Mercedes et ça fait 4-5-6 heures que je suis là dessus, j'improviserai la suite.


Au cours des prochains jours, il y a mes deux derniers concerts


Ensemble Improvisationen à Exploratorium


Traduction libre :

Chers amis,

le violoncelliste Rémy Bélanger de Beauport est revenu à Berlin après deux ans et je [Max Stehle, saxophoniste et organisateur] me réjouis que nous nous retrouvions lors d'un concert avec lui. Il est toujours inspirant de jouer avec lui.


Nous ferons un concert en trois parties : deux trios et un quintette.


Le trio formé de Rémy, Heiko Löchel et moi [Max] se rencontre pour une première fois, alors que Rémy a déjà joué souvent il y a deux ans avec Gerhard Uebele et Klaus Kürvers. Leur trio a fait paraître un CD sous le nom Thuya. Je joue quant à moi avec Klaus, Gerhard et Heiko dans mon grand ensemble SCHWARM 13. [...]



NB#84—Bertomeu ~Des Waldes ~syw ~Cricket Symphony ~de Beauport à Atelier Äuglein

Très beau graphisme pour mon concert à Noiseberg!

Extrait de la présentation (exemplaire) de ce concert sur facebook, j'y présente un solo :

A free improv cellist based in Québec City, Rémy Bélanger de Beauport's approach centers around on the body, intuition and interaction, sound textures and unfolding structures.
https://soundcloud.com/r-my-b-langer-de-beauport/remy-solo-cello-live-in-moncton-04012017

//..EXPECTED SCHEDULE..\\

\\ SHOWS START ON TIME //

5.00 — Doors Open

5.30 Bar — Cricket Symphony
6.15 Studio — syw
7.00 Bar — Lina La Fôret
7.45 Studio — Sofia Bertomeu
8.30 Bar — Rémy Bélanger de Beauport

Noiseberg is a monthly, non-profit event. You are expected make a donation in form of moneys (usually 3 to 8€) to the musicians—It isn't mandatory but qualifies you as patron of the arts, which is nice.


mardi 17 juillet 2018

été 2018, jours 46-47-48-49-50-51-52-53-54-55-56/79

(à compléter)

Je déjeune au concessionnaire Mercedes.

J'ai terminé mon rapport d'utilisation de bourse hier. Oui, celui qui était déjà le premier élément de ma liste de choses à faire le 7 août 2017 (mon agenda ne recule pas plus loin).

On m'a déjà conseillé d'écrire en ayant mon lectorat en tête. En écrivant ce rapport, je voyais un cercle de gens cravatés autour d'une table, une table ovale en bois pâle au milieu d'une salle de réunion au 15e étage d'un bureau à Montréal, un groupe d'artistes-intellectuels-décideurs scrutant chaque caractère, prêts à me prendre au détour d'une virgule et mettre fin à toute possibilité de financement public futur. J'ai écrit ce rapport pour eux, tentant de parler leur langage, tentant de séparer ce qui passera de ce qui ne passera pas, évitant tout humour ou légèreté qui risqueraient de ne pas bien être compris, tentant de lire dans leurs pensées sans savoir qui ils sont et de quoi ils ont besoin.

Et en écrivant ceci ce matin, j'ai cette fois tour à tour une lectrice et un lecteur bien précis en tête. Celle-ci pense que les artistes devraient travailler pour gagner leur vie, ne comprend pas tellement cette vie que j'essaie depuis 2-3 ans; j'imagine qu'elle s'imagine que n'importe qui peut avoir une subvention, qu'il y a peut-être trop de subventions, que ça rend paresseux, et qu'un coup la subvention reçue c'est fini, un pet dans l'eau. Celui-là au contraire connaît l'effort et je peux lui partager une subjectivité vulnérable sans crainte, si ce n'est celle de ne pas tellement l'impressionner encore une fois. Fin de l'introduction.

Au final, le rapport contient :

  • 1 texte de 6935 caractères (sur une limite de 7000)
  • 1 budget mis à jour qui inclut :
    • 3 factures
    • 3 documents d'explications, avec des tableaux synthèse et des justifications
    • 1 pdf d'un fichier excel de détails, du macro au micro
  • 12 documents en matériel d'appui, c'est-à-dire :
    • 5 enregistrements audio avec support vidéo
    • 1 blog entier de 12 textes, 30 images et 4 h de musique
    • 1 beau dossier de presse avec table des matières, captures d'écran, pdf convertis en fichiers image — équivalent moderne des coupures de presse — et références au format standard (exemple : Agence QMI (2017, 21 juillet), « Un violoncelliste de Québec se lance dans un contexte de création en costume d'Adam ». Le Journal de Québec [journal], sur le site Le Journal de Québec. Consulté le 21 juillet 2017 et le 25 avril 2018.)
    • 1 photo d'une analyse temporelle d'une pièce de 60 min 36 s
    • des liens vers différentes pages web
  • 1 texte de 305 caractères (sur une limite de 500)
  • 1 texte de 477 caractères (sur une limite de 500)
  • 1 texte de 474 caractères (sur une limite de 500)
J'ai donc envoyé le tout hier à 20 h — c'est-à-dire 14 h, bureaux du Québec — et j'ai tout de suite reçu la confirmation de réception. Ce matin, je reçois à 11 h 30 — c'est-à-dire 5 h 30, bureaux du Québec — l'avis comme quoi « Le rapport d'utilisation a été accepté et le dossier de votre demande est fermé. » J'ai deux réactions en même temps.

D'une part, soulagement. Parfait, c'est fait, c'est fini, j'ai mis tellement de temps à penser à ce rapport, à le préparer, à le repenser, à en reporter l'écriture, à reporter le travail sur d'autres projets pour m'y consacrer, à ne pas m'y consacrer et finalement perdre mon temps bord en bord, à m'y remettre, à le reporter d'une semaine à l'autre dans ma liste de choses à faire, à scanner quelques documents au bureau avant de partir pour Berlin, à finalement rédiger, remanier le texte, rerepenser la structure, élaguer, préparer tous les documents d'appui, faire de la mise en page sur excel, word, calibrer les fichiers numérisés dans un logiciel photo, finaliser, refinaliser... et voici que j'ai la confirmation que tout est bouclé. Et je suis content, bravo à moi! 

D'autre part, je me dis, coudonc... j'en fais-tu beaucoup trop moi là?! La personne qui a reçu ça sur son bureau n'a certainement pas épluché tous les documents d'explications joints au budget, n'a pas regardé tous les documents en matériel d'appui, n'a pas écouté les extraits, etc. c'est mathématiquement impossible. Scénario réaliste : mon rapport est arrivé dans le pigeonnier virtuel d'une personne dans un beau bureau vitré à 14 h. Elle l'a ouvert à 15 h 30, mettons, parce qu'elle était déjà en train de faire autre chose, tsé, enfin j'espère. Puis elle a regardé ça, ok, la checklist, tous les éléments sont là. Elle a lu le premier paragraphe du texte principal, ç'a l'air beau, elle a regardé les noms de fichiers des documents d'appui, ç'a l'air beau, elle a vérifié que le budget balançait, puis elle a cliqué « accepter » à 16 h 15 avant de partir. Ciao les collègues, à demain! Elle en a parlé à personne, un dossier parmi d'autres, peut-être à la limite a-t-elle pensé une seconde que c'était un peu too much pour une subvention de 750$. Mais elle avait autre chose à faire. Puis le système informatique a figé au gouvernement, comme ça arrive parfois, mon acceptation est entrée en file d'attente et ç'a débloqué à 5 h 30 du matin, quand j'ai reçu la confirmation que tout était fini.

Je passe donc à un autre appel, oui, avec joie, mais juste avant, encore quelques minutes, ce matin d'ironie en solo au Mercedes-Welt am Salzufer, quelques minutes à observer ce sentiment d'incompétence bien précis, ce motton, cette impression de ne pas avoir bien compris les directives, l'impression de rejet, d'inconsidération pour mon travail. Et c'est comme ça que je revire mon succès en échec.

À ma droite le Steinway piano à queue du magasin de chars. À ma gauche un présentoir de modèles réduits, montres, lunettes soleil, il y a même un parfum Mercedes, une petite valise à 385€. Plus loin devant, un petit mur d'escalade, une fontaine intérieure et une rivière presque complète, des dizaines de voitures de luxe stationnées sur quatre étages en mezzanine plongeant en spirale du toit vitré. Dehors, les arbres, Berlin, un bon moment pour enterrer ce projet et tout ce qui s'était pris dans ses filets depuis un an.

Si je me dépêche, je pourrais aller à la plage encore. Au cours des derniers jours, je n'ai pas chômé.

07.07 : concert à Ghost Yoga

Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Shasta Ellenbogen (alto), Chatschatur Kanajan (violon), Adam Goodwin (contrebasse)

mettre des photos, parler de cette expérience bien particulière de quatuor à cordes expérimental à la sauce Morton Feldman dans un entrepôt désaffecté avec toute une classe de bowspring yoga d'une trentaine de personnes.

08.07 : premier déjeuner chez Mercedes (merci google maps) + pratique de piano à Piano-Center

09.07 :  travail à Staatsballet + souper avec Jean, Lise, Marina + spectacle Olympia Bukkakis : Tales From A State of She-mergency - Research Showing

parler du travail, de la réflexion, perspective queer de Olympia Bukkakis

10.07 : travail @ Staatsballett + session avec le WhatHappensNext Ensemble

11.07 : travail à Staatsballett + concert @ Sowieso
Axel Dörner (Trumpet), Emilio Gordoa (Vibraphone), Klaus Kürvers (Double Bass), Andreas Willers (Acoustic Guitar, Banjo)

12.07 : email au travail (toutes mes dates de concert jusqu'à la fin de 2018) + Conrad réparation de vélo + Julia Dimitroff réparation de ma pique de violoncelle  + concert @ Wiesenburg
Ignaz Schick (tables tournantes), Emilio Gordoa (vibraphone préparé, objets), Nicola L Hein (guitare électrique). Adam Frankiewicz (lecteurs cassette). Lena Czerniawska (installation, art visuel sur cassettes).

13.07 : session chez Klaus + magasinage de jeans infructueux + soirée au ZK/U Zentrum für Kunst und Urbanistik
session : Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Anat Cohavi (clarinette), Klaus Kürvers (contrebasse)

14.07 : café Romeo und Romeo + concert au Staatsoper + soirée rock à Große Freiheit
15.07 : critique biaisée Flughafensee
16.07 : café A + concert à Geyger
17.07 : blog chez Mercedes + envoye la plage il fait 28°C

18.07 : session Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Max Stehle (sax), Rosemarie Jäger (piano)

jeudi 5 juillet 2018

été 2018, jours 25-26-27-28-29-30-31-32-33-34-35-36-37-38-39-40-41-42-43-44-45/79

6 juillet 2018
Une autre splendide journée berlinoise, 24-29°C juste assez de vent pour les feuilles aux arbres.

[Révision, 7 juillet 2018
Une belle journée un peu plus fraîche qui commence alors que je relis et termine ceci.]

Ce blog s'écrit en écoutant Wayne Shorter, Nous perçons les oreilles (c'est à ce moment que ma coloc passe fermer ma porte, -10 points), Philip Glass.

Je n'ai pas écrit depuis plusieurs jours mais j'y ai pensé. D'autres activités ont retenu mon attention, puis les jours se sont accumulés, avec leurs histoires à raconter. Puis le temps que j'aurais à prendre pour les décrire s'est allongé, puis c'est devenu une tâche. Un peu comme ce rapport d'utilisation de bourse — que j'ai passablement avancé au cours des deux dernières semaines, soit dit en passant (ce tiret cadratin que je dois googler à chaque fois) — en retard de près d'un an.

Dans mon nouvel appartement, mes deux colocs Andrea et son fils Moritz, qui fêtait ses 10 ans quand je suis arrivé le 30 juin, absents ce matin, ce midi, passage d'Andrea en après-midi, repartie, revenue, pratique de violoncelle écourtée.
[Révision : Aujourd'hui, ils sont partis en camping pour quelques jours, yes! J'aime beaucoup mes nouveaux colocs et ma chambre, mais je pense que je préfère : ne pas devoir marcher sur la pointe des pieds après 23 h, avoir un balcon, laisser ma vaisselle sur le comptoir plus de 10 minutes après avoir mangé. Content d'avoir l'appart à moi tout seul aujourd'hui.]


Je me suis fait un petit set-up de travail dans ma chambre.

Je quitte sous peu pour aller au Staatsoper voir (ou plutôt, entendre) Hymnen, de Stockhausen. Diffusion dans quatre haut-parleurs de cette pièce de musique concrète et électronique. 20€ pour voir quelqu'un peser sur play, finalement. Et j'ai tellement hâte!
[Révision : C'était tellement bon. J'ai entendu cette pièce comme jamais je l'avais entendue avec la version stéréo que j'ai chez moi. J'ai mieux saisi certaines sections. C'est une expérience, comme celle vécue au planétarium pour Telemusik et Cosmic Pulses, qui va guider mes prochaines écoutes. La pièce dure près de deux heures (114 min.) et j'étais surpris qu'elle soit déjà terminée à la fin. Stockhausen domine la perception du temps. La structure de la pièce est incroyable. Je suis resté après pour discuter avec le projectionniste de son, un Français (ou un Suisse?), passionné de Stockhausen.

Leçon de vie : En arrivant dans la salle, j'étais bien déçu de voir la disposition des chaises. On avait fait un grand carré, chaque coin formé par un haut-parleur. La seule place au centre était celle du projectionniste avec sa console et son écran. Je trouvais ça assez ordinaire comme disposition pour une pièce quadraphonique, dont l'idée même, l'expérience sur laquelle a mis tant de travail le compositeur, est d'être entouré par le son. Après avoir retourné ça dans ma tête pendant quelques minutes — je dis quelque chose? qu'en pensent les autres membres de l'auditoire? le projectionniste? l'organisateur? qui est l'organisateur qui a laissé ça passer? — après avoir acheté un bretzel à 3€, j'ai finalement osé demander à une des placières, avec toute la politesse que me permet mon allemand limité, s'il n'y avait pas la possibilité, die Möglichkeit, de s'asseoir au centre, expliquant que tsé pièce... quatre... milieu... Elle était bien mal à l'aise! Mais l'autre placière est venue à la rescousse expliquer que ce que j'avais pris pour des panneaux acoustiques, ces grands rectangles gris disposés par terre entre le carré de chaises-speakers et le centre-projectionniste, étaient en fait des matelas pour s'installer, couché ou assis, pour écouter la pièce. Eurêka! Me semblait aussi! Personne n'avait encore osé s'asseoir dessus. J'ai donc pris la meilleure place possible, au pied du projectionniste, de façon à très bien entendre sans jamais voir son écran. La leçon de cette histoire : risquer de paraître désagréable un instant, oser demander.]



Juste un corridor du Staatsoper. Photo trouvée sur internet et recadrée.

J'ai payé mon comptable pour ses services, j'attends l'avis de cotisation. Payer de l'impôt, quelques centaines de dollars, un signe de succès?


J'ai envoyé un premier chèque de 1000$ pour la nouvelle entente avec le propriétaire du local commercial loué à Rimouski entre 2012 et 2014. Ça s'appelait La Vide, ça aurait pu être mieux, mais ce n'est pas l'échec que je perçois parfois en y repensant, en renégociant les ententes de paiements avec le proprio.

J'ai confirmé les dates des concerts mensuels de l'EMIQ Ensemble de musique improvisée de Québec à venir pour l'automne 2018. J'ai envoyé des emails à EM, LL, GD, LA, LA, LR, FC et peut-être d'autres, artistes et organismes, en lien avec la programmation des concerts. Après bin du niaisage, j'ai réussi à récupérer mon compte Mailchimp pour communiquer avec la liste des musiciennes et musiciens potentiels de l'EMIQ. On m'envoyait un code de vérification sur mon cell, mon numéro de Québec, auquel je n'ai pas accès pour le moment, je me rends compte en passant que je pense avoir perdu ma mini carte SIM, voyons voir si des complications m'attendent au retour. J'ai donc envoyé un email à la liste. Succès.

J'ai confirmé un concert au Carré d'Youville en septembre prochain, envoyé ma bio, ma photo, mes besoins techniques. Aussi, un concert à Montréal, un concert à Rimouski, etc. J'attends une dernière confirmation pour Saint-Jean-sur-Richelieu avant de confirmer mes disponibilités pour le travail. Cet horaire sera une dentelle d'or. À moi de bien la brosser.

J'ai fait la mise à jour de mon site www.remybelangerdebeauport.com.

Je joue en concert samedi le 7 juillet dans deux jours, un quatuor à cordes pour une session de yoga-pour-les-anti-yoga. Je comprends l'idée, assez bien présentée d'ailleurs! Le lieu nous sera révélé la journée même. Un excellent ensemble : Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Shasta Ellenbogen (alto), Chatschatur Kanajan (violon), Adam Goodwin (contrebasse).
[Révision : C'est demain et je viens d'apprendre qu'il faut que je me trouve une chaise. Ah! #cellists]

J'accompagne une première partie du Professional Dancers' Postgraduate Teaching Certificate (mieux connu sous le nom de PDPTC, acronyme impossible) du Royal Academy of Dance (RAD, plus facile) les 9-10-11 juillet. Puis je reprends du service en fin de formation les 22-23-24-25 juillet.
[Révision : En fait c'est le PDPTC ISP : Professional Dancers' Postgraduate Teaching Certificate Intensive Study Period. Je viens de parler à une des responsables qui m'a appris que toutes les heures de mon engagement, ou presque, ont changé. Pas grave, il y en a un peu plus. Ça se passe dans les locaux du Staatsballett, je vais sûrement avoir un gros piano à queue.]

Je joue en concert le 3 août. Cette fois, deux trios dans la salle très formelle de l'Exploratorium, que j'aime beaucoup. Premier trio : Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Heiko Löffel (basson), Max Stehle (sax). Deuxième trio, mon trio à cordes THUYA : Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Klaus Kürvers (contrebasse), Gerhard Uebele (violon).

Puis je prends l'avion le 8 août.

J'ai calculé avoir dépassé le point milieu de mon séjour.

Voyons voir si je peux retracer ce que j'ai fait depuis la dernière fois.


16.06 suite : un concert

Cette soirée là, Louis-Frédéric et moi sommes allés à un excellent concert finalement : Rudi Mahall (clarinettes), Olaf Rupp (guitare électrique), Kasper Tom (drums). De la haute voltige, sérieusement. Tout allait très vite avec des moments mélodiques, éléments de jazz dans du sable mouvant.


17.06 brunch et DEKAMERON

Brunch queer du dimanche en solo au réputé Südblock. Longue marche sous un soleil un peu frais. Mes pas me guident vers le parc Hasenheide où je lis quelques pages.


Terrasse du Südblock


J'ai été voir la pièce de théâtre immersif DEKAMERON à la salle Berliner Ensemble. Wooooo. Certainement ma meilleure expérience de théâtre à vie, même si je n'ai pas tout compris.

Il faudra que je prenne la peine de décrire DEKAMERON quelque temps. Un vrai compte-rendu qui rendrait justice à tout ça.


Dekameron
Image de DEKAMERON. Photo : Matthias Koslik


18.06 - 19.06 euh

Je ne sais plus, j'ai écouté vraiment beaucoup de vidéos de la machine qui écrase des affaires. Je peux bien!


20.06 Boiler

Je suis allé au Boiler et j'y ai revu mon ami Michael! Il n'a pas changé. Tous les amis que je retrouve ici ne semblent pas avoir changé en deux ans. Ça doit être dans l'air. J'ai rencontré un nerd vraiment smatte mais j'ai oublié de lui demander son nom.


21.06 teinture et Chantal's

J'ai revu Linnea la DJ, et aussi ma coiffeuse quand je suis à Berlin. Elle m'a fait un petit refresh de coupe et a appliqué ma teinture. De retour à la maison, j'avais un rendez-vous Skype artistique avec Rimouski pendant que la teinture prenait.
Ensuite je suis sorti pour la première fois au Chantal's House of Shame, un party hebdomadaire organisé par une drag queen assez intense, saoule et légendaire. Le club s'appelle Suicide Circus, ça donne le ton. Super soirée, un dancefloor intérieur, un dancefloor extérieur, des gens qui dansent bien sans sembler se soucier du regard des autres. Je suis parti vers 5-6 h du matin et la soirée était loin d'être terminée. Dernier regard vers les gens qui dansent, sourires dans la lumière du matin, la face même pas maganée, un nouvel ami facebook à qui je n'ai pas reparlé finalement.


À gauche : la Chantal en question. À droite : mon ami Michael qui en fait la promotion
Dancefloor extérieur du Suicide Circus. Photo trouvée sur facebook.


22.06 habitudes

Je ne sais plus, j'ai dû me réveiller tard, j'ai peut-être fini par aller me promener, j'ai peut-être fait un lavage, j'ai peut-être été prendre un café au K-Fetisch (jeu de mot poche, rien à voir avec le fétichisme) coin Weserstraße et Wildenbruchstraße, ou un thé au Ludwig sur Anzengruberstraße, ou un döner sur Mehringdamm.


23.06 rédaction et concert

J'ai passé la journée au café Laidak coin Boddinstraße et Mainzer Straße à travailler sur mon rapport d'utilisation de bourse, celui qui est en retard d'un an. Journée productive. Puis j'ai été voir un concert au Kék Ló : Sofia Borges (percussions), Penelope Gkika (violon), Amélie Legendre (violoncelle), Ulf Mengersen (contrebasse). La violoncelliste avait accordé sa corde la plus grave en sol (j'ai déjà fait ça aussi) et l'effet de rencontre avec la corde de sol de la contrebasse était mystifiant. À un moment donné la violoniste jouait dans le suraigu, presque inaudiblement trop aigu, pendant que la percussionniste brassait des petites cloches. Ça donnait un miroitement d'eau, une transmission électronique, quelque chose d'immatériel.

Beau café, beau band, bonne musique.

24.06 aéroport, art performance et la Schlagernacktparty

Ce matin là j'ai été chercher Marie-Pierre à l'aéroport. On a été au Café Einstein, un Kaffeehaus, c'est-à-dire un endroit, une aire ouverte très jolie, où les gens vont prendre un café, manger un peu, mais qui n'est pas un café ni un restaurant. En fait ça s'appelle Café Einstein Stammhaus, quelque chose comme un endroit où se rencontrer. Je n'y retournerai pas, mais j'étais content de partager ce moment avec Marie-Pierre, assis dans la même pièce où quelques décennies plus tôt se réunissaient [insérer quelque philosophe emblématique allemand] et [insérer un autre].

Puis j'ai été voir une performance de Liping Ting, l'artiste taïwanaise-parisienne avec qui j'avais fait un concert-performance à Le Lieu à Québec. C'était le fun de se revoir. Sa performance était hot. Les gens étaient très attentifs.


J'ai participé à la perf de Liping. Photo : Ian Stenhouse
Puis j'ai été à la Schlagernacktparty à Schwuz. Une soirée où les DJ ne jouent que de la musique kétaine allemande (l'équivalent d'écouter radio flashback) et où tout le monde est à poil. Un classique de mon passage à Berlin. Le genre de chose qui ne pourrait se passer qu'ici. Au Québec, ça serait juste des vieux monsieurs troublants qui essayent de faire une passe même si le contexte est clairement non-sexuel. Ajoutons que c'est un gros bar, énorme dancefloor (et la boule disco qui va avec), donc alcool mais personne n'est saoul désagréable. Mon ami.e Flatter est venu.e me rejoindre, puis Brigitte, Achim et je ne sais plus qui encore, on était une belle petite gang.


25.06 rédaction et DEKAMERON (deuxième fois)

Longue pratique de violoncelle, puis j'ai été rejoindre Alexander au café St.Oberholz, une autre session de travail bien productive sur mon rapport d'utilisation de bourse.

Puis je suis retourné voir DEKAMERON. C'était complètement différent de la première fois! What?! J'ai bien fait. On m'a reproché une fois dans ma vie de revenir une deuxième fois à un spectacle. J'y repense à chaque fois que je le fais, retourner une deuxième fois voir un même spectacle. Et je ne fais qu'accumuler les exemples qui prouvent que, pour moi, ça vaut tellement la peine.


Image de DEKAMERON. Photo: Thomas Bo Nilsson



26.06 euh et le sens du euh

Je ne sais plus trop. J'ai l'impression que ces deux dernières semaines dans l'appart chez Achim ont été plus relax, moins remplies d'évènements, malgré le compte-rendu que je fais ici. Relater son quotidien donne une impression de trop-plein qui ne reflète jamais la réalité. Je ne prends pas la peine de décrire les plages de temps passées à ne rien faire de spécial, à occuper les minutes d'actions qu'on oublie aussitôt — faire des toast dorées, un lavage, un email, une page de lecture, sortir les vidanges, parler à des gens en ligne — mais si je le faisais, disons en vert, on verrais la teinte se propager sur mon séjour, un parc sur une carte routière.
Pendant quelques jours, j'ai ressenti la déception de ne pas en faire assez. J'ai regardé les billets d'autobus pour Prague, mon compte de banque, les dates de ma job au RAD. Je me disais que je ne savais pas profiter de mon voyage, peut-être. Mais pour évaluer ça, il faut savoir pourquoi on choisit d'aller ailleurs. Dans mon cas, la réponse est vague mais se tient à bonne distance du sight-seeing et des activités à tout prix. Je suis ici pour ne rien faire, aussi, c'était dans le contrat. Content de ralentir, mais difficile quand même de s'affranchir de l'idée qu'il faut toujours être productif, accumuler les évènements, les rencontres, les lieux où on mettrait un X, les listes avec des crochets et des items victorieusement biffés. Réflexes d'élève modèle d'école privée.


27.06 WhatHappensNext

J'ai été jouer avec le WhatHappensNext Ensemble lors d'une de leurs pratiques régulières. On a parlé de ces instants de silence que l'on souhaite parfois dans une improvisation avec un ensemble de cette taille, 5-7 personnes. Avec mon allemand limité, j'ai décrit une tranche de fromage emmental (je n'ai jamais entendu parler ou vu de « fromage suisse » ici). Les trous, die Löcher. Puis on a été boire un verre de vin en face et j'ai manqué je ne sais plus quel concert que je voulais vraiment voir ce soir là mais que j'avais oublié de prendre en note. J'ai mangé un döner à ma place préférée, le quand même très overrated Mustafa's Gemüse Kebab. Le dosage épices, légumes cuits, légumes frais, sauces, est parfait. Je m'épargne la sauce piquante. Ohne scharf bitte.


28.06 Treptower Park et cinéma

J'ai écrit des emails pour l'EMIQ encore. Ça me prend un temps fou. Puis j'ai été faire une longue promenade dans Treptower Park, après tout j'habitais juste à côté et j'allais partir bientôt. Le parc est encore plus gros que je l'imaginais. Un petit google pour dire que c'est 84 hectares, près de 1 kilomètre carré avec des arbres, des arbres encore, des sentiers, des plaines de gazon, des plaines plus sauvages, un observatoire scientifique pour les étoiles, une rivière, une île, des bateaux, une rue, un arrêt d'autobus, et puis j'ai été voir le film Love, Simon au cinéma Rollberg Kino. Il me semble que le son était vraiment bon dans cette salle autrement assez modeste.  Mon verdict sur Love, Simon? 6/10 bin correct. Je voulais le voir, je l'ai vu. J'ai trouvé ça bien meilleur que Call Me by Your Name, le dernier film que j'avais vu au cinéma, en décembre 2017.


La meilleure photo que j'ai prise de Treptower Park.
Il s'agit d'une petite partie de l'immense Mémorial soviétique qui s'y trouve,
qui lui-même est une minuscule partie du parc.


29.06 Critique biaisée #4 : Strandbad Grünau 7,5/10 et sortie à [ipsǝ]

Description de l'idée des critiques biaisées : évaluer les 11 lieux où j'irai me baigner cet été selon des critères ouvertement absurdes tels la musique que j'écoutais en m'y rendant, les rencontres que j'y ai faites, la facilité d'accès du lieu, la beauté du paysage ou quelque chose du genre, la température ce jour là, la qualité de la baignade et de la plage, etc.

J'ai toujours trouvé que le mot Grünau ressemble à Gruau. J'étais en retard sur mon horaire, j'ai trop passé de temps dans mes affaires (entre autres, encore des emails d'organisation pour l'EMIQ) avant de partir et je suis arrivé à 16 h. Ça fermait à 18 h, oups, ma faute. J'ai eu droit à un rabais sur l'entrée : 5€ au lieu de 8€. Mais j'ai demandé de l'eau pétillante et on m'a vendu un verre d'eau en plastique 3€. Scandale! Très facile de se rendre à Strandbad Grünau! Un voyage de S-Bahn, quelques arrêts de tram. Je ne sais plus ce que j'écoutais. Je pense que je n'écoutais rien. Seul sur mon carré gazonné entouré de haies de cèdre devant le lac. L'eau est trouble et un peu froide. Le ciel n'est pas parfaitement bleu. Le gazon me rappelle le chalet de ma grand-mère à Saint-Achillée, c'est un beau souvenir, mélange de trèfles, petites pousses, un peu piquant. Dans mon calepin : « Vraiment génial d'être ici seul. » Ma préférée jusqu'à date, à ce moment.

Ensuite j'ai droppé mes affaires à l'appart, j'ai trop niaisé pour aller à The OTHER Lab comme je voulais alors je suis allé directement à ipse. Voilà un autre bar remarquable, on s'en sort pas. Un ramassis de bout de bâtisses agencés ensemble de la meilleure façon qui soit. Dehors, un espace encore plus grand que le bar donne sur une rivière (un google maps plus tard m'apprend qu'il s'agit en fait de Flutgraben, un petit canal). Il y a un bar extérieur, avec son personnel relax. Parterre de bois, parterre de roches plates, parterre de gravier, des arbres au travers de bancs de bois, de bancs en escalier jusque dans l'eau — pas de clôtures pour empêcher le monde de se noyer à Berlin, étonnant de voir ce qui arrive à une population quand on lui fait confiance — il y a un gros lustre, deux étages d'anneaux or et cristal, suspendu au milieu de la place qui tourne sur lui-même comme une boule disco, des spots rouges dans les arbres aplatissent les reliefs et donnent l'impression d'une nature en plastique, entre le bar et le lustre, une galerie complète qui semble avoir été arrachée à un chalet et replantée là, les anciens carreaux donnant maintenant sur des surfaces miroir. Le patchwork à l'intérieur est tout aussi réussi. L'éclairage est intense dans les rouge, bleu, violet, par moments la machine à fumée envoie une grosse poussée et on ne voit plus que les couleurs des spots, on perd toutes les formes. Les gens ici savent ce qu'ils font. La musique : techno pas super par contre. Je ne suis pas resté très tard. L'évènement s'appelait RIOT for Your Riot. +10 points.


Photo de ipse trouvée sur internet et modifiée pour qu'elle représente mieux ce que j'ai vu.


À SUIVRE
[Révision : la suite]

30.06 déménagement et cool soirée au Schwuz

J'ai déménagé mes pénates à Charlottenburg. Voyons voir comment ça va se passer. Et comme je voyage léger, j'avais en masse d'énergie après le déménagement pour profiter de ma place sur la guest list au Schwuz, soirée Buttcocks x Anja Zaube x Crush.


01.07 mon Diamant

Acheté un vélo! La marque « Diamant », de l'Allemagne de l'Est. Grâce au numéro de série, j'apprends qu'il a été fabriqué en 1976.

Placer photo glorieuse.
[Révision : deux photos glorieuses de mon vélo devant l'entrée de mon appart.]



Pour avoir eu ce vélo depuis quelques jours maintenant, je peux dire que ça change vraiment la donne. Berlin est une ville avec très peu de relief, on se déplace donc à peu près sans effort, même sur une grosse bécanne comme la mienne, sur des distances assez importantes.

Ma première excursion fut de me rentre à un gros évènement queer à la piscine municipale Prinzenbad. Ce n'est pas une mais bien trois piscines extérieures — chauffées! — qui attendent les gens ici, en plus de tout une section parc gazonnée. Pour se déplacer entre le gazon et les aires de piscines, on passe par un mini bain de pieds obligatoire. Bien pensé. Pour l'occasion, il y avait aussi une scène, une DJ, un band, des stands de bouffe, de la bière, du café, du yogourt glacé bio. On devait bien être 500 personnes sur le site, si ce n'est pas 1000, mais ça n'avait jamais l'air surpeuplé.




La drag queen Jurassica Parka était là et a filmé le tout (ici, elle perd son rembourrage et une partie de son make-up en sautant dans la piscine). J'ai pris des captures d'écran de son vidéo sur facebook.

Ensuite, à la recherche de la poutine promise! En cette fête du Canada, il fallait bien des Canadiens résidant à Berlin pour se partir un restaurant de poutine et faire une célébration spéciale. Je me suis donc rendu à Osthafen, mais il n'y avait plus de fromage en grain et le restaurant était parti. Je me suis donc rendu à un autre endroit où ils avaient annoncé leur présence. Même histoire, ont manqué de fromage et sont partis! On a bu une bière Dieu du ciel importée. C'est la première fois que je buvais une IPA en sol allemand, et j'avoue que ç'a fait un drôle de feeling.


02.07 payé mon loyer, soirée où donc?


Je ne sais plus trop ce que j'ai fait cette journée là. J'ai fait un virement dans mon compte et payé mon loyer jusqu'à la fin de mon séjour.

03.07 Critique biaisée #5 : Mügelsee 9/10


Description de l'idée des critiques biaisées : évaluer les 11 lieux où j'irai me baigner cet été selon des critères ouvertement absurdes tels la musique que j'écoutais en m'y rendant, les rencontres que j'y ai faites, la facilité d'accès du lieu, la beauté du paysage ou quelque chose du genre, la température ce jour là, la qualité de la baignade et de la plage, etc.

Je suis allé reconduire Marie-Pierre à l'aéroport, pied cassé et sa botte lunaire, avant de me rendre à Mügelsee. Première réaction : Wow! First-world problem : difficile de marcher dans le sable de plage. J'ai nourri un canard à la main. J'ai nagé. C'était beau. Gratuit. Facile d'accès. De la place pour tout le monde sans être près les uns des autres. Beau soleil! Un peu loin par contre et il fallait changer de S-Bahn une fois avant de prendre un tram. J'ai lu mon nouveau livre de courtes nouvelles en allemand avec traduction française et explications en parallèle. Définitivement une recommandation pour une plage à Berlin. Les seuls points négatifs, à part la distance, c'est que le fond de l'eau (parfaitement translucide) est rapidement couvert d'algues quand on s'éloigne du bord. J'aime pas trop marcher là dedans, tout d'un coup qu'il y aurait une bête féroce de la mer! Et j'aurais bien pris une douche avant de partir.

Premier test de vidéo pris avec mon cell sur ce blog. Le canard.

Ensuite j'ai fait un bon détour juste pour aller souper au Hamy, la place vietnamienne que j'aime tant. Puis j'ai été au show de drag queen tellement hot au Monster Ronson's.


04.07 rédaction à The Poutine Kitchen et ballade dans Tiergarten

Je ne sais plus et c'était hier. J'ai finalement eu ma poutine à The Poutine Kitchen. Bof! Sérieux, le fromage en grain c'est un art et le goût de celui-ci ne m'a pas convaincu du tout. J'ai ensuite improvisé une petite ballade à vélo dans l'immense parc Tiergarten pas très loin d'ici.


05.07 Stockhausen

En avant Stockhausen. J'ai aussi fait une bonne pratique de violoncelle en après-midi. J'ai fini la lecture de IRL de Tommy Pico, vraiment un excellent recueil de poésie.


06.07 à voir!

Pour aujourd'hui, après avoir travaillé sur ce blog, il faut bien que j'aille manger. Et comme sortir de chez soi est toujours une source d'aventures, voyons voir ce qui peut se passer. Je suis dû de consulter le site echtzeitmusik pour savoir ce qui se trame en musique improvisée aujourd'hui et pour les jours à venir.