jeudi 7 juin 2018

été 2018, jours 14-15-16/79

Ce soir, je suis l'invité de l'attachée culturelle du Québec à Berlin. Voici comment c'est arrivé, mais avant, les péripéties du quotidien et un début de réflexion sur la culture du temps.

Culture du temps, temps de culture

Je suis arrivé ici en famine culturelle. Les évènements ne manquent pas à Québec, et j'assiste régulièrement à toutes sortes de spectacles, soirées, lectures, en plus d'en organiser, mais en débarquant de l'avion à Berlin je savais déjà que mes prochaines soirées allaient toutes se passer dans des concerts. Il faut dire que l'offre ici est plus que décuplée, avec de la haute voltige tous les soirs, particulièrement du côté de la musique improvisée. C'est motivant. Il faut dire aussi que je n'ai que ça à faire; j'ai du temps.

Mais tout le monde a du temps ici on dirait. Je vois tant de personnes déambuler dans la rue, pas plus pressés que ça. Les cafés, les petits restos, les boulangeries avec quelques tables, les bars grands comme ma main comme les clubs géants, les parcs, les viaducs au dessus des rails de S-Bahn, les petits ponts qui traversent la rivière Spree, tous ces endroits recouvrent littéralement la ville; les commerces occupent tous les rez-de-chaussée de tous les immeubles de part et d'autre des rues, les rambardes et les bancs s'accumulent, usés de tant de temps humain investi à ne « rien faire ». J'exagère à peine. Les laptops et leurs humanoïdes connectés sont très rares dans les cafés, où l'on va plutôt entre ami.e.s pour jaser. Et tous ces endroits de l'espace commun, commerciaux ou non, sont bien remplis, à toute heure du jour et de la nuit.

Flashback Québec. Je vois le café Nektar rempli de gens qui travaillent à l'ordinateur, les artères principales traversées rapidement pour se rendre du point A au point B. Il semble qu'on doit avoir une raison, possiblement reliée au travail, une commission à faire, un but précis, pour occuper l'espace public au Québec. Peut-être que le climat, le gel la moitié de l'année, nous conditionne. Peut-être que la disposition des commerces, tous concentrés aux même endroits, détermine la vitesse de notre pas. Peut-être que l'architecture urbaine, carrée et lisse, nous oriente et nous indispose sans le savoir. Question de culture? Et si tout le monde fucking ralentissait.

Retour à Berlin. Dans le cercle de la musique improvisée, il est assez commun de s'inviter à des sessions, c'est-à-dire de réunir 2-3 musicien.ne.s et créer ensemble, sans qu'il y ait un projet de concert ou d'enregistrement à venir. J'ai moi-même fait une session avec Klaus Kürvers (contrebasse) et Philippe Lemoine (sax tenor) l'autre jour, je fais une session avec Céline Voccia (piano) la semaine prochaine, je planifie une session avec Ulf Mergensen (contrebasse) et peut-être Eric Bauer (électroniques) très bientôt. Note à moi-même, qui trouve toujours que je n'en fais pas assez : ça fait à peine deux semaines que je suis à Berlin.

Flashback Québec. Je n'ai jamais vu ça ici, une session. Ah oui peut-être une fois en 2007-2008 avec Charity Chan (piano) et Lori Freedman (clarinettes) à La Brique dans le temps que j'y avais un local à Montréal. Il semble qu'il faut organiser un concert pour qu'une occasion de jouer ensemble se présente. C'est moi? Je plaide coupable. C'est nous? Aussi. Où est le temps? Nous faisons une musique de l'instant, mais qu'en est-il de la spontanéité de nos rencontres? Est-ce que ce sont les espaces où c'est possible qui manquent?

Théorie : disons que 0,5% de la population a ce temps dont je parle, le temps d'aller chiller dans un parc après avoir écouté tous les épisodes de Orange is the New Black sur Netflix (c'est bien ça que les gens font ces temps-ci?). À Québec, communauté urbaine de 807 200 personnes sur 3340 km^2, ça représente 4000 personnes; à Berlin, secteur urbain de 4 100 000 personnes sur 1 347 km^2, ça représente 20 000 personnes. Bonne piste. Mais ça n'explique pas tout. Enfin, peut-être que 20 000 personnes qui chillent seraient assez pour donner l'exemple et changer toute une société.

Je continue donc à explorer les différentes avenues du temps berlinois. Je demande aux gens comment ils occupent leurs journées, leurs semaines, comment ils font pour arriver et avec la disponibilité d'investir du temps de culture.

04.06 Chanter du Marjo dans un karaoke à Berlin


Critique biaisée #1 : Grunewaldsee 2/10

Description de l'idée des critiques biaisées : évaluer les 11 lieux où j'irai me baigner cet été selon des critères ouvertement absurdes tels la musique que j'écoutais en m'y rendant, les rencontres que j'y ai faites, la facilité d'accès du lieu, la beauté du paysage ou quelque chose du genre, la température ce jour là, la qualité de la baignade et de la plage, etc.

Description de mon parcours en direction de Grunewaldsee : Wayne Shorter dans mes écouteurs, une heure de transport + marche très facile et agréable. Description des lieux : belle forêt. Expérience de la place : ce qui aurait dû être la plage selon le site internet que j'ai consulté est finalement un parc à chien. Extension à tout le territoire de Grunewaldsee, que des gens avec des fucking chiens. Surprenant de ne pas y voir de crottes de chien nulle part par contre. La baignade était bonne mais aussitôt que j'ai sauté à l'eau la « plage » s'est rempli de #gens avec leurs chiens, un chien a mangé ma bouffe! et c'était pas super. Un autre baigneur, avait l'air sympathique mais je lui ai parlé et il n'était pas réceptif.

[mettre une photo ici]

Critique biaisée #2 : Halensee 5/10

Environnement urbain : en plein à côté d'une artère principale, le vrombissement des moteurs en permanence. Bonne ambiance, très tranquille avec plein de gens qui se font bronzer sur l'herbe. C'est un parc avec un peu de relief (parler du fait que le relief est rarissime à Berlin, ville plane), les gens sont dans la côte. On se sent assez safe pour que plusieurs laissent tous leurs effets personnels sans surveillance pendant qu'ils vont nager (pas moi, mon passeport). L'eau était bonne. Facilité d'accès vraiment, à condition de trouver l'arrêt de bus mal indiqué sur ma carte. Bus direct à deux étages, une heure jusqu'à chez moi, à la porte.
Plusieurs baigneurs, échanges de sourires.

Surprise, mon amie la poète Natasha Kanape Fontaine est en ville

Je l'amène au Monster Ronsons Ichiban Karaoke et on se rend compte qu'il y a du Marjo dans les choix. Description de la soirée On chante jusqu'aux petites heures. J'ai aussi fait Cash City de Luc de la Rochellière. Et Drama de L7.

05.06

Pratique de violoncelle. Je suis allé voir la lecture de Natasha à Ratatouille, espace culturel francophone à Berlin. J'y revois Jennifer Dummer que je trouve très cool, amoureuse de la culture québecoise et qui fait beaucoup de travail pour la diffuser à Berlin. Souper de dignitaires avec Josephine Bacon, etc. J'y rencontre Sonja, une traductrice qui vit le 2/3 de l'année à Gatineau et le reste du temps à Berlin : dans mes contacts sur mon cell. J'y rencontre la responsable de l'Antenne de Québec à Berlin. Dire c'est quoi.

Show de drag au Monster Ronson's, suivi d'un fantastique DJ. Tout le monde danse, personne assis sauf au fumoir. Right on.

06.06

Pratique de violoncelle. Le burger mangé chez Lily Burger Neukölln, un gros wow. Manqué perdre mon téléphone en buvant un thé au Ludwig. Réflexion sur le téléphone. Le téléphone dans ma vie : spontanéité des déplacements, organisation, etc. Le téléphone chez les berlinois.e.s : les gens s'en servent pour parler au téléphone (!).

07.06

Épicerie. Blogue. Écouter du Sonic Youth. Aller récupérer mon téléphone au Ludwig (avait été avalé par le fauteuil, sympathique propriétaire m'a contacté hier soir tard). Aller voir Manuel Roque, chorégraphe de Montréal, à Potsdam, le Laval de Berlin.

Go!


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