lundi 30 novembre 2015

Je joue un deuxième concert. Une nouvelle étape

La semaine passée, j'ai eu l'occasion de jouer en concert une deuxième fois à Berlin. Cette semaine, je déménage et j'ai l'impression de commencer une nouvelle étape de mon séjour ici.

BerIO : Berlin Improvisors' Orchestra


Tout ça s'est passé très vite (il me semble avoir déjà utilisé ces mêmes mots, ou presque, à propos d'autre chose). Il s'agissait d'être disponible! Et je le suis. Jeudi le 26 novembre, en après-midi pendant mon cours d'allemand, je reçois un courriel : le contrebassiste de mon trio à cordes me demande si je suis disponible pour jouer avec le BerIO, Berlin Improvisors' Orchestra, le lendemain. Ma réponse, textuellement et intégralement : « YES! ». S'il y avait une place de disponible dans l'orchestre ce soir là, c'est que finalement Tristan Honsigner (« le » Tristan Honsinger, violoncelliste légendaire) ne pouvait pas être là. Un musicien improvisateur ne se remplace pas, et je n'ai donc remplacé Honsinger d'aucune façon, mais de savoir que c'est sa chaise que je prenais est tout un honneur.

J'ai donc fait partie du BerIO pour leur concert du vendredi 27 novembre 2015. Nous avons joué 5 ou 6 pièces dirigées. Il n'y a pas que la musique de l'ensemble qui soit improvisée, l'organisation l'est également. Après que les 26 musiciens eurent pris place sur la minuscule scène du Aufsturz, quelqu'un a demandé qui voulait diriger une pièce. C'est ainsi que le programme de la soirée a été élaboré : alors que le public commençait en entrer, chaque chef d'orchestre improvisé passait devant le groupe pour donner des indications sur ce qu'il ou elle envisageait ou non de faire, quels signes nouveaux seraient utilisés, etc.

Il faut savoir qu'avec un tel ensemble, être chef d'orchestre doit être particulièrement enthousiasmant. Il y a du talent au pouce carré dans l'orchestre, et ça répond rapidement aux signes qui sont faits par le chef, aussi imprécis soient-ils parfois. J'ai eu et d'avoir quelques moments en soliste, ce qui n'arrive pas toujours avec un aussi grand groupe. J'étais très content, la musique était bonne, l'ambiance était bonne, et je ferai probablement partie du BerIO pour ses prochains concerts.

Une nouvelle étape


J'ai l'impression aujourd'hui que je commence cette semaine la « Partie 2 » de mon périple à Berlin. Si j'ai cette impression, ça doit bien vouloir dire qu'il y a eu une « Partie 1 » bien définie. J'en résume ici les grandes lignes, puis je me penche sur ce qui s'en vient.

Partie 1


Je suis arrivé à Berlin le 21 septembre 2015. Mon ami Alex est venu me chercher à l'aéroport et je me suis posé à l'hostel. Ce n'était pas de tout repos. Il y a eu la fille qui s'est fait voler son ordinateur et son passeport dans ma chambre, dans son casier barré ; il y avait le va-et-vient constant de mes 16 colocataires de chambre ; mais ce n'était quand même pas si mal. J'ai commencé à aller à des concerts tout de suite : j'ai découvert, entre autres, la série Unerhörte Musik, consacrée à la musique écrite de la fin du XXe et du début du XXIe siècles. J'ai aussi commencé mon exploration des piscines, des rues, des cafés et des gens.

J'ai passé une bonne partie de mes premiers jours sur internet à me chercher un endroit où habiter. C'est ce que j'ai continué à faire quand j'ai passé une semaine chez Alex, après l'hostel, pour finalement, par un ami d'un ami d'un ami, me trouver un appart super bien situé à 400€ par mois pour les deux mois qui allaient suivre, c'est-à-dire jusqu'à demain, le 1er décembre.

J'ai donc déménagé sur Fontanestraße le 3 octobre 2015. J'ai trouvé quelqu'un avec qui partager cette pièce unique que je louais et, conscients du défi que ça représentait, je pense que Aleix et moi avons été de très bons colocs. La facture est donc descendue à 200€ par mois pour mon logement ce qui, à Berlin, est un méchant bon deal.

Autour de Fontanestraße se trouvent plusieurs des endroits qui sont maintenant des lieux familiers pour moi. Il y a The Club, où je vais presque tous les vendredi voir la surprenante Olympia Bukkakis et ses invités, et où j'ai joué mon premier concert en tant que Québec-Berlin Free Improv String Trio. Il y a Sowieso, où j'ai assisté à plusieurs concerts de musique improvisée de très haut calibre, malgré ses murs aux couches de tapisseries louches et sa taille restreinte. Il y a le Café Blume où j'ai bu quelques cafés, où je me suis payé un ou deux repas « de luxe » (c'est-à-dire, selon ma définition, plus de 8,50€) et où un des serveurs, qui est en train de devenir un ami, m'encourageait toujours à jouer du piano quand il fermait. Il y a le Volkspark Hasenheide et Tempelhofer Feld, les parcs avoisinants où j'ai été prendre des marches et faire des tours de bicyk quand il faisait encore chaud. Il y a Penny-Markt, où je faisais l'épicerie ; Lazeez, un restaurant d'inspiration soudanaise où j'ai mangé les meilleurs sandwichs en ville ; la place libanaise pas fiable où j'ai mangé quelques sandwiches falafels à 1€ ; le F3000 dont je reparlerai un jour ; la station U-Bahnhof Boddinstraße et mon arrêt d'autobus (die Bushaltestelle) pour prendre la 104. Tout ça, c'était « chez moi » depuis le 3 octobre 2015.

C'est quand j'ai vu que j'allais avoir un coloc et sauver un total de 400€ pour les deux prochains mois que j'ai décidé de m'inscrire aux cours d'allemand intensifs, 4 h par jour 5 jours par semaine à Die DeutSCHule. J'ai donc joins le groupe de Franziska, du 12 au 23 octobre, en plein milieu de la session pour le niveau A2. Nous avons ensuite continué avec Nadine du 26 octobre au 6 novembre. Je n'aimais pas trop Nadine, alors j'ai changé de groupe, tout en prenant une semaine de congé, et j'ai complété le niveau A2 avec Florian du 16 au 27 novembre. J'aurai ma note la semaine prochaine j'imagine. Je prends une pause de cours intensifs pour l'instant, ça parait pas mais tous les jours de semaine, de 13 h 15 à 16 h 30, ça remplit un horaire pas mal.

C'est au cours de ce que je perçois maintenant comme cette « première partie » de ma visite à Berlin que j'ai réglé les affaires de mon quotidien personnel. J'ai fait mon Anmeldung sans trop de problème malgré tout, je me suis trouvé un contrat pas-de-contrat de cellulaire satisfaisant (je prends goût à avoir l'option de naviguer sur internet en tout temps, ça me coûterait cher au Québec), j'ai passé beaucoup de temps à me chercher un violoncelle de location et là j'ai un très bon instrument loué à une luthière extra, et finalement j'ai continué à aller nager de temps en temps, faisant lentement mais sûrement le tour des somptueuses piscines municipales de Berlin.

Partie 2


Je déménage sur Framstraße demain. C'est tellement proche que je vais déménager à pied, testant la robustesse de mes roulettes de valises en marchant 20 minutes sur les trottoirs en pierres typiques de Berlin. Considérant la densité de la ville, j'ai toutefois vraiment l'impression d'emménager dans un autre quartier. Théoriquement, c'est le cas, car je passe du Schillerkiez au Reuterkiez (aussi appelé le très hipster Kreuzkölln), mais, de façon pratique, je continue à être à 8 minutes de marche de Hermannplatz, cette fois au nord-est au lieu du sud-ouest. On n'est pas à Rimouski ici, c'est-à-dire qu'en m'éloignant de quelques minutes, tout change : le café que je fréquenterai dorénavant ne sera plus le même qu'avant et je ne retournerai probablement pas aux endroits mentionnés plus haut, sauf Sowieso pour la musique et The Club pour les amis et l'ambiance. À Rimouski, j'aurais eu beau déménagé à une heure de marche, il n'y aurait toujours eu que Le Bercail comme café qui avait de l'allure, j'aurais juste changé de chemin pour y aller.

J'aurai ma propre chambre, wow, ça va faire du bien! Je m'entendais super bien avec Aleix, mais deux mois à deux dans une pièce, c'est en masse. Est-ce que j'ai dit qu'il y aura un piano à queue électronique dans ma nouvelle chambre? Un petit foyer au gaz aussi? Je sais également, pour avoir passé un peu de temps avec celle qui habite habituellement dans cet appart là, que je pourrai faire de la musique sans même avoir à penser au fait qu'il y a des voisins. Ça va faire changement de l'autre bloc appartement où j'entendais tout des voisins et avais tout le temps peur de les déranger avec mon gros son de violoncelle de concert. Ma nouvelle coloc s'appelle Sara et elle a l'air vraiment super. Allemande d'origine, elle a habité plusieurs années en Israël je pense, et elle travaille souvent pour des gens qui font des documentaires. Ces jours-ci, elle étudie pour être prof d'allemand, je ne sais pas si c'est par passion ou parce que sa véritable passion est aussi peu payante que la mienne. En tout cas, j'en saurai plus bientôt.

Qu'est-ce qui se passe près de mon nouvel appartement? Ça aussi j'aurai l'occasion de le découvrir. Je suis en ce moment à un coin de rue de Framstraße, au café Everyday is Sunday et je me plais bien ici. Par la fenêtre j'apperçois le café Le Johann Rose, qui a déménagé et semble avoir un peu changé depuis que c'était mon café de prédilection en 2008 (notamment, il n'y a plus de piano). Sur l'autre coin de rue, il y a le bar Silver Future et un autre bar, Tristeza, qui sont vraiment sympathiques et relax. J'ai aussi vu quelques boutiques de vêtements neufs et usagés pas loin, ce qui adonne bien puisque je suis à veille de passer au travers de mes deux uniques paires de jeans.

Qu'est-ce que je vais faire maintenant que je ne prends plus de cours d'allemand? Je vais pratiquer plus, le violoncelle et le piano. Je vais aller faire de la musique avec quelques nouvelles personnes que j'ai rencontrées. Je vais aussi suivre d'un peu plus près ma recherche d'emploi (j'ai d'ailleurs une entrevue cette semaine avec un gars pour faire partie de l'équipe de gestion d'un festival de films écolo, ça ne me tente pas vraiment, mais on ne sait jamais, et ça sera une bonne pratique pour d'autres entrevues à venir). Demain je vais prendre un café au marché turc avec mon ami du Café Blume. Après-demain je vais aller me faire couper les cheveux un peu. Enfin, je vais surtout continuer à chiller et faire ce que je sens que je suis supposé de faire. Je me répète, c'est le plus beau moment de ma vie et je continue d'en savourer chaque instant.




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