lundi 28 septembre 2015

Berlin : Jours 4 à 7

Ce soir je me paye la traite. Je viens de m'ouvrir une bière 500 mL à 1,30€ (1,95$ CAD) et j'écris un long blogue dans lequel je tenterai de résumer mon état d'esprit en ce début de périple : ma recherche d'appartement et quelques faits saillants des derniers jours.

Avant de me lancer, je me félicite d'avoir apporté mon petit speaker bluetooth avec moi. Sérieusement, depuis que j'ai laissé mon kit de son au mois de juillet, je me rends compte à quel point les gens ne sont pas équipés pour écouter de la musique à la maison. Personnellement, j'ai besoin d'un kit de son dans chaque pièce! Dans la cuisine pour cuisiner, manger, faire la vaisselle, dans la chambre pour des vidéos et de la musique au lit, dans le salon pour plier du linge, dans la salle de bains pour prendre sa douche... Et des haut-parleurs de cellulaire ou de laptop, c'est très bien mais ça prend plus qu'un tweeter de game boy quand on aime entendre la bass. Alors, voilà, c'est comme ça que ça part, avec le dernier Autechre dans mon petit speaker et une bière de Späti (diminutif de Spätkauf, Spätverkauf, Spätverkaufsstelle, ce qu'on appelle « dépanneur » au Québec) qui ferait rougir de jalousie n'importe quelle bière d'importation de la SAQ.

Augustiner Braeu München Edelstoff Exportbier + Gadgetree bluetooth speaker

La recherche d'appartement se poursuit


J'ai écrit ce bout là tantôt au Schwarzes Café, Kantstraße 148, en buvant un Verlängerter Espresso avec un russischer Zupfkuchen (parfois, je ne sais pas trop ce que je commande, comme dans le cas de ce « gâteau russe », mais il faut oser! Et c'était bon).

 
La terrasse (der Hofgarten) du Schwarzes Café.
Photo prise sur leur site
Nous sommes lundi le 28 septembre 2015 et ça fait une semaine que je suis à Berlin, une semaine que je vis dans ma valise, une semaine que je passe la majeure partie de mon temps dans ma tête à répéter des phrases et des mots-clés en allemand, à réfléchir à moitié en anglais à moitié en français, à faire toutes sortes de plans.

Ça fait 7 jours que ma priorité est de me trouver un appartement et des colocs. Ça fait 7 jours que je me réveille et me connecte aussitôt au site wg-gesucht (WG est un diminutif de Wohngemeinschaft, la façon dont les allemands parlent de colocation et gesucht, ça veut dire qu'on cherche!). J'envoie des emails à tout le monde qui se cherche des colocs à long terme dans les quartiers Kreuzberg et Neukölln et à tout le monde qui se cherche des colocs à court terme dans les quartiers pas trop loin du centre de la ville, de mémoire : Kreuzberg, Neukölln, Charlottenburg, Schöneberg, Prenzlauerberg, Mitte, Tempelhof, Friedrichshain, Wedding. Je cherchais l'équivalent de 300€ et moins par mois, je regarde maintenant toutes les annonces en bas de 400€ par mois (300€ = 450$, 400€ = 600$, dans l'un ou l'autre des cas je n'aurai jamais payé aussi cher pour me loger).

Je me dis que c'est statistique. Plus j'envoie de messages, plus j'ai de chances d'avoir une réponse. Je prends le temps de peronnaliser chaque email au contenu de l'annonce, de répondre aux exigences spécifiques de chaque coloc potentiel, de faire un peu d'humour pour avoir l'air gentil, de dire qui je suis et ce que je fais en quelques mots. Tout ça prend beaucoup de temps, entre autres parce qu'il me faut traduire tout le contenu de l'annonce de l'allemand à l'anglais (ou au français, c'est rendu que je ne sais plus trop dans quelle langue je fonctionne) et le remettre en contexte en utilisant l'anglais le plus basic possible, avec quelques insertions allemandes au travers, pour montrer que je fais un (gros) effort pour ne pas être un obnoxious tourist.

Je n'ai reçu aucune réponse. Aucune! Hier, j'ai commencé à me demander si je n'avais pas mal compris quelque chose sur le site (unilingue allemand) wg-gesucht, mais tous les courriels de confirmation dans ma boîte de réception me confirment le contraire. Est-ce que le contenu de mes messages est mal reçu? J'en ai fait lire quelques uns à un ami berlinois et tout est beau, ça passe, c'est même assez bien. Est-ce que les gens préfèrent un coloc qui parle allemand? Est-ce que les « Canadiens » ont mauvaise réputation? Je suis tiraillé entre ces deux conseils de mon idole (à lire avec plus qu'une pointe d'humour), Dr. Phil : quand une tactique échoue après plusieurs essais, soir que « you do it until [it works] » (donc, je continue à faire la même chose), soit que « you can't expect a different outcome using the same strategy » (donc, il me faudrait repenser le tout).

Enfin, les Berlinois à qui je parle de ça sont unanimes : il est désormais très difficile de se trouver des colocs à Berlin, et je ne dois surtout pas perdre espoir. La situation est à l'inverse de ce que j'ai connu au cours des 12 dernières années, que ce soit à Rimouski ou à Montréal, où j'étais l'unique signataire de mon bail de location et où c'était à moi de « charmer » les colocs éventuels et shifter la compétition venant d'autres chercheurs de colocs. Ici, ceux qui ont déjà un appart ont le beau jeu. Ils reçoivent, à ce qu'on me dit, une cinquantaine de réponses pour leur annonce. Ils se payent ensuite le luxe de faire un premier tri et passer une dizaine de colocs potentiels en entrevue avant de faire un deuxième tour, dans plusieurs des cas, avec les candidatures retenues.

Où suis-je donc maintenant? Eh bien, ce n'est vraiment pas si mal à bien y penser! Après les terribles (bon, ce n'était pas si pire quand même) cinq premières nuit à l'hostel, j'ai déménagé mes pénates chez un ami dont le coloc est parti en voyage pour une semaine et qui me prête sa chambre sans frais. Ouf! Merci!

Vendredi passé le 25 septembre, j'ai passé une première entrevue avec des colocs potentiels. Ils sont 5 gars à se partager une WG (appartement en colocation) dans Neukölln. Ils m'ont semblé vraiment cool, en plus d'être situés exactement dans le quartier où je veux habiter, dans mes prix, mais ça n'a pas fonctionné. Ils m'ont écrit hier pour m'expliquer pourquoi ils avaient choisi quelqu'un d'autre finalement et je suis assez d'accord avec leur façon de voir les choses. Ils ont toutefois accepté de m'aider à me trouver une WG bientôt et on s'est promis de garder contact et se revoir (voir plus bas, si je me rends là, le cours de mathématiques).

Demain, mardi le 29 septembre, je rencontre un gars qui sous-loue un superbe appartement dans le même quartier. Je pourrais habiter là, seul, pour les deux prochains mois. C'est au-dessus du budget que je m'étais alloué, mais là, ça va faire! Je ne suis pas un voyageur qui fait le tour du monde dans sa valise, je traîne plutôt tout ce que j'ai de plus précieux dans deux grosses valises et un sac à dos et je souhaite m'établir, installer ma base, me poser quelque part où je ne suis pas stressé pour mes affaires, où je peux commencer à profiter de la ville pour vrai, en toute quiétude. Cet appart là est donc au-dessus de mon budget, mais ça serait niaiseux de passer à côté d'une offre comme ça, d'autant plus que j'ai nulle part où aller -- sauf l'hostel -- à partir de dimanche prochain. J'achète la paix pour deux mois, afin de continuer les recherches pour une WG à plus long terme à partir de décembre.

Berlin : jours 4 à 7


Je ne fais pas que ronger mon frein à longueur de journée et me plaindre (dans ma tête, parce que je ne peux pas encore me plaindre en allemand) des histoires d'appart, même si ça occupe beaucoup mes pensées. Mes journées berlinoises sont bien remplies!

La piscine du Mitte


Berlin, jour 4. J'ai écrit ça alors que j'étais encore à l'hostel.

Vue d'une chambre à l'hostel.
En fait, j'ai trouvé la photo sur internet,
je ne pense pas que ce soit celle dans laquelle j'ai habité,
quoique c'est difficile à dire, la chambre n'a jamais été aussi en ordre
que sur la photo pendant mon passage.
Aujourd'hui, j'ai une entrevue avec une WG éventuelle. Six gars dans Neukölln, je ne suis pas sûr mais ça vaut le coup d'essayer, surtout que c'est les seuls à m'avoir répondu, grâce à nos amis communs.
Le moral tient sur un fil, je passe beaucoup de temps dans ma tête. Hier, j'avais décidé d'aller nager mais je suis arrivé et c'était fermé. J'avais mal lu les petits caractères sur le site web.
Ça pue dans ma chambre d'hostel. Je ne m'alimente pas super bien. Mon sommeil n'est pas régulier, même si j'arrive quand même à surprenamment bien dormir malgré l'oreiller. Ma stratégie de mettre du stock pour quatre jours dans mon sac à dos fonctionne bien, je n'ai eu à aller dans ma valise qu'une fois depuis mon arrivée.
Bon, soit je vais nager, soit je vais jouer du piano. Ce sont des choses qui me font plaisir, qui me redonnent du pep et qui sont positives.

Je suis donc allé nager à la Stadtbad Mitte (Stadt = municipalité, Bad = bain, Stadtbad = piscine municipale, Mitte = milieu, le nom d'un quartier au milieu de Berlin). Check it out! Une piscine de 50 mètres de long pensée dans les années 1880 et inaugurée en 1930. La piscine a été endommagée par deux bombes (!) en 1945, mais le tout a été reconstruit aussitôt.

Le Stadtbad Mitte, photo trouvée sur le très beau site web des piscines de Berlin
C'est la piscine avec la section « pas creux » la moins creuse que j'ai jamais vue, l'eau m'arrivait à peine aux genoux. Peu importe, c'est pas long que c'était assez creux pour nager et tout ça m'a fait du bien! Après ça, un gros spaghetti et on est d'attaque pour la suite.

Day off


Berlin, jour 5. Le 26 septembre, c'était le temps de checker out de l'hostel et je me suis rendu chez mon ami qui m'héberge depuis. J'ai apporté mes affaires et je n'ai rien fait de la journée, ni de la soirée. J'ai dû dormir 12 h cette nuit là.

Le mur de Berlin


Berlin, jour 6. C'était hier ça, le dimanche 27 septembre et il faisait beau soleil. Nous avons décidé de se faire une petite journée touristique, après ma longue session habituelle de recherche d'appartements du matin. On est donc parti à pied vers Bernauer Straße, où se trouve le site du Mémorial du mur de Berlin. On a vu plein de choses surprenantes en chemin.

On a donc commencé notre randonnée en longeant l'ancien mur de Berlin, dont des morceaux subsistent, ça et là, sans cérémonie. Ma tête de Nord-Américain trouve ça assez surprenant. Je pensais à ces quelques morceaux du mur de Berlin que j'ai vus dans des musées ou au Consulat d'Allemagne, petits éclats de béton que l'on garde sous verre et qui semblent contenir à eux seuls un microcosme du drame qui a eu lieu ici. Sur le terrain, les quelques bouts de mur de Berlin qu'on a croisé au début de notre marche n'étaient pas traités avec autant de cérémonie. Une section du mur, comme ça, subsistait comme n'importe quelle autre vieille affaire qui traîne, à côté d'un site de construction, accessible à n'importe qui. J'aurais pu en arracher un motton, mais pour faire quoi?

Bien vite, nous sommes parvenus à un parc très tranquille, où se trouvaient quelques familles, un peu partout. Des arbres, le chemin de gravier, une balançoire, les parcs de Berlin sont très jolis.

Ensuite, sans crier gare, le chemin a débouché sur une vaste étendue où il y avait beaucoup de monde. Un genre d'hybride entre le Parc Lafontaine (Montréal), le Marché Jean-Talon (Montréal), le Marché aux puces Jean-Talon (Charlesbourg), le tout de la grosseur des Plaines d'Abraham (Québec) avec plein d'arbres, des musiciens de rue, des kiosques avec toutes sortes de cochonneries à vendre. Il y avait un amuseur public qui fait tous les dimanches un spectacle de karaoké très populaire. Des gens dans la foule se présentent au micro et chantent quelque chose de leur choix. Je me suis permis une photo.


J'ai trouvé les Berlinois tellement disciplinés! Ils sont là, en rang d'oignon, et regardent le spectacle attentivement. Ils applaudissent quand c'est le temps, ils écoutent respectueusement, ils font attention de ne pas cacher les autres, ils boivent de la bière ou pas de bière comme d'habitude, ils embarquent quand c'est le temps de bouger les bras tout le monde ensemble, pas plus, pas moins. Vraiment particulier.

Nous avons ensuite fait le tour du marché au puce qui se tient là le dimanche. Intense! Une vrai marché aux puces avec tout ce qu'on peut s'attendre à retrouver dans un marché au puces : des vinyles, quelques CDs, des livres, des sacs de Berlin, des t-shirts d'artistes, des meubles usagés, des meubles neufs, des saucisses, de la bière, des cafés, des cartes postales d'époque et beaucoup beaucoup de monde.

Et ensuite, le Mémorial du mur de Berlin.

Je me rends compte que je ne connais absolument rien de l'histoire de l'Allemagne, encore moins de celle de Berlin. Je me rends compte que tout se mélange dans ma tête : Hitler, le mur de Berlin, ... c'est des époques bien différentes, quoique liées. Il faut s'imaginer un instant des gens brisés par la guerre et la folie nazie, qui se relèvent à peine de tout ça, et qu'on déchire à nouveau pour une utopie à quelque part tout aussi farfelue, aux conséquences désastreuses pour les habitants de Berlin, séparés par une rangée double de murs, au milieu desquels le « no man's land » signifie la mort.

On a vu beaucoup de choses émouvantes, mais je sens que je ne comprends pas assez le contexte pour saisir l'ampleur de tout ça et être capable d'en parler.

À la recherche d'un piano


Berlin, jour 7. Aujourd'hui, après avoir parlé à mon locateur éventuel, je suis parti à le recherche d'un piano. Il semble qu'il s'agira d'une autre quête pas évidente. J'ai été, un peu à l'aveuglette, à l'un des 40 bâtiments de l'Universität der Künste (Université des arts) et j'ai fini par trouver quelqu'un qui m'a indiqué où se trouvait la faculté de musique, non sans m'être fait gentiment revirer de bord par la madame du Jazz-Institut. Du côté de la faculté de musique, pas moyen d'entrer si on n'est pas étudiant. Je vais continuer mes recherches bientôt.

À venir


Si je peux finir par me trouver un appartement, je vais me louer un violoncelle. J'ai peut-être des choses très intéressantes à dire à ce sujet, des projets, mais je n'ose pas en parler tout de suite.

Je me suis trouvé un cours de mathématiques! C'est un des gars de la WG qui m'avait passé en entrevue qui m'a donné le filon. Il étudie en informatique et je lui demandais s'il pouvait me trouver un cours de math auquel je pourrais assister. Il a justement un cours d'algèbre linéaire la session prochaine à l'université et m'a invité à y aller avec lui. Bingo! Ici, la session commence à la mi-octobre.

Je veux parler de l'alimentation à Berlin. Il y a des restaurants vegan et végétariens partout! Adieu le préjugé des Allemands qui ne mangent que de la saucisse et de la choucroute. Quoique, la choucroute c'est végétarien.

Je veux parler des bars, dans lesquels ça fume la cigarette à fond. Et dans lesquels il se passe bien des affaires.

Je veux parler du transport en commun. Les magnifiques paysages découpés par le S-Bahn, la propreté étonnante des lieux, l'efficacité de tout ce système S-Bahn, U-Bahn, tramway, autobus vraiment bien pensé depuis les années 1930 je crois.

Je veux parler des adresse. Ici, souvent les chiffres se suivent d'un côté de la rue et continuent de l'autre côté. Par exemple, en marchant à droite de la rue il y a 81, 82, 83, 84, 85, ... puis au même endroit, de l'autre côté de la rue il pourrait y avoir 140, 141, 142, ... Bonne chance quand on veut trouver une adresse, d'autant plus que les façons de numéroter changent d'une rue à l'autre.

Je veux parler des cafés. Je n'ai encore vu personne travailler sur son laptop dans un café. Pour l'instant ma théorie c'est que c'est tellement difficile de se trouver un appartement à Berlin, que quand tu en as un, tu restes là et tu n'en sors plus.

Pilsner Urquell, ç'a pris du gaz écrire tout ça.












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